Chapitre 4:

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*  *  *

Je le vois, devant moi, une bouteille dans chaque main, la démarche chancelante, le regard vide, des cernes bleues foncées et les cheveux en bataille. Le Teint livide et la bouche entrouverte, montrant une lèvre inférieur fendue. Des larmes ornent ses joues et ses mains lâchent les bouteilles pour couvrir ses cris, tentant de les emprisonner entre ses lèvres foncées.
Le bouteilles explosent au sol, causant un fracas monstrueux. Il sourit malgré tout, mais trébuche et tombe dans les débris et les éclats. Je ne bouge toujours pas, je le regarde, tétanisé et ne sait que faire. Comment en est-il arrivé là ? À quel moment n'ai-je rien vu venir ? Mais surtout pourquoi ?
Je me réveille alors et cours le prendre dans mes bras pour le relever. Il est lourd, et pue l'alcool. Il s'affaisse dans mes bras, puis, en une seconde, la scène explose.
Mon regard descends vers ses mains coupées à plusieurs endroits. Je saigne aussi, je n'ai pas fait attention aux bouts de verre non plus. Et je sens ses muscles se décontracter, il se fait plus léger, plus calme. Puis il se met à sursauter. Je relève son visage et voit des larmes couler le long de ses joues trop claires pour montrer des signes de bonne santé. Il pleure. Il déverse le flot de sa tristesse, de ses malheurs. Et moi, je ne dis rien, je le regarde en tenant son visage entre mes mains. Je me sens responsable, même si ça n'est peut-être pas le cas. Mais, dans mon esprit, je le suis, pour ne rien avoir vu venir.
Je me déteste.
Il tombe à terre et ferme les yeux et murmure des mots incompréhensibles. Puis il arrête de parler, et laisse aller ses bras le long de son corps. Je le sens maigre, petit, faible, tout l'inverse de ce qu'il était avant.
Donc voilà, je suis là, dehors, il est dans mes bras, endormi, la tête contre mon épaule et du sang sur la lèvre.
J'ai pitié de lui.
Je me déteste.

*  *  *

Nous sommes dans la voiture, en route vers le centre ville. Nous ne sommes qu'à une dizaine de minutes de la ville, mais nous devons passer par de nombreuses forêts pour y parvenir. Je regarde les grands arbres depuis le siège passager, l'air absent, je suis ailleurs, je souris faiblement, signe de non-joie mais aussi de non-tristesse. Il conduit, le regard vague. Je lui demande alors s'il a prévu quelque chose pour les vacances qui vont venir. Pas de réponse. Je tourne alors la tête, prononçant en même temps un "c'est pas parce que tu n'à rien réservé que tu ne dois pas répondre hein" mais ma phrase s'arrête au cinquième mot quand je vois ses paupières closes. Je crie, malgré moi, je crie un coup puis plus rien, je recentre automatiquement mes yeux sur la route pour m'apercevoir que l'on dérivait déjà un peu. Je reprends le volant mais il me gêne. Je le pousse mais rien n'y fait, je n'ai pas une bonne prise en main des directions du véhicule. Je m'énerve, je m'énerve, je bouillonne de rage. Mon "Moi Intérieur" lui hurle de se bouger de là, de me laisser conduire. Des larmes de colère taquinent mes paupières. Je vois flou. Je crie, mais pas de peur ou de tristesse, mais de colère et d'impuissance, de faiblesse. J'ai pas réussi. Je me laisse tomber sur le siège passager, ramène mes genoux sous mon menton, croise les bras autour de mes jambes et fixe la route. J'abandonne. Je vois les arbres se rapprocher, les virages nous emmènent droit dedans. On s'en sortira jamais. Je le frappe du plat de la main au niveau de l'épaule, en hurlant, en lui hurlant de mourir seul, mais sans moi. Je me débats avec ma ceinture et me laisser aller à poser la tête contre la vitre.
Le choc se fera dans moins de 10 secondes.

10. Je le déteste.
9. Je le hais.
8. Je mérite pas ça.
7. Peut-être que c'est tout ce que je mérite.
6. Il a pas le droit.
5. Je veux pas mourir.
4. Je veux que ça s'arrête.
3. Il brûlera en enfer.
2. Je le déteste.
1. Je nous déteste.
Et là, l'arbre stoppe la voiture d'un coup sec, nous faisant basculer au travers du pare-brise. Je jette les bras en avant par pur réflexe et, pendant ma chute, le voit s'écrouler sous l'impact. Mes côtes me brûlent, mes bras saignent, et je viens m'écraser contre le tronc d'un gigantesque sapin. Mon corps se brise et ma tête cogne.
Je le déteste.
Je nous déteste.

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⏰ Dernière mise à jour : Aug 15, 2017 ⏰

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