Dis-moi, doyen du monde, peux-tu me conter
Ce que tu as vu depuis l'aube de ta vie?
Parle-moi des forêts, parle-moi des prairies,
De ta première feuille à ton éternité...
Parle-moi de ces êtres qui t'ont vu pousser:
Combien de cœurs gravés et d'amours infinies
Ont choisi pour témoin ton écorce flétrie?
Combien de ces amants sont venus pour s'aimer?
Aujourd'hui, c'est enceint de ces murs de béton
Que tu veilles, impassible, aux ruisseaux asséchés
D'avoir pleuré l'histoire, au fil de tes années.
Quant à tous ces printemps qui te refleuriront,
Ils laissent en relique, à l'amère cité,
Comme un espoir de vie, toute ta majesté.