Il est vil et têtu, il est gris, rabougri,
Alors que son voisin, un cheval élégant,
Le tanne à longueur d'heures, sans y mettre les gants.
Il est fier et dévoué à son jockey maigri...
Mais un jour du Seigneur, les mots du porteur gris
Chatouillèrent l'ego du majestueux pur-sang ;
L'âne employa son verbe, enthousiaste et perçant
Pour conter sa journée à l'étalon aigri :
"Je me suis promené par sentiers et collines,
Mon maître, à mes côtés, farfouillait dans son spleen ;
Puis, on s'est arrêté pour observer la brume.
Le tien est un coureur, et tes jambes sont siennes :
C'est toi qui saut's et cours, et ce, quoi qu'il advienne !
Mon maître est un poète, mon fardeau, c'est sa plume..."