CHAPITRE 16 : Je n'étais plus qu'une ombre.

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J'avais perdu le fil du temps.
Je n'étais plus qu'une ombre parmis tant d'autres.
Jusqu'à maintenant, je me pensais encore capable de veiller sur elle, encore capable de l'aimer, encore capable d'être aimer.
J'étais dans le déni.
Je me pensais encore capable d'être avec elle. Je me pensais encore capable d'être en vie.

Bien sûr, je me trompais. Je me faisais des idées. De simples idées.
Certe. Je ne pouvais pas la forcer à aimer un être qu'elle ne pouvait même plus voir, mais pourquoi fallait elle qu'elle me laisse tomber comme ça ? J'aurais tout fait pour elle. Alors pourquoi ne devrait elle pas se souvenir de moi ? Pourquoi ne pourrait elle pas simplement aller poser des fleurs sur ma tombe ?!
Je ruminais ma colère en marchant. Je ne savais pas où j'allais. Tout n'était plus que brume autour de moi. Tout me semblait s'être assombri...

Je lui en voulais terriblement.
Pourquoi fallait elle qu'elle décide de refaire sa vie ?! Sans même penser à moi ?! Moi qui veille sur elle depuis le début ?! Moi qui me suis promis de la protéger coûte que coûte ?! Moi qui..
Qui...
Qui...
Moi qui suis amoureux d'elle.
Amoureux...
Pourquoi suis-je amoureux d'ailleurs ?
Il est vrai qu'elle n'a rien de particulier...
Il y a peut être ... ses cheveux... ses yeux... sa bouche... son sourire... ses pommettes... ses doigts... ses... tout en réalité.
Dans sa banalité effrayante, elle a su se montrer parfaite. Dans sa simplicité, elle a réussi à devenir extraordinaire à mes yeux, aux yeux de Nick, aux yeux de tous...

Je traversais des tas de corps dans cette rue animée.
Des hommes d'affaire pressé d'aller ou de quitter le travail ; des femmes aux foyer ; des adolescents ; .....
Ils étaient tous animé par une volonté que je n'avais plus.
La volonté de croire en le lendemain.
Si aujourd'hui te déçois. Demain ne sera que meilleur.
Mais pour moi, c'était impossible.
Mes sentiments changeaient.
Je lui en voulais presque autant que je l'aimais.

Un seul point nous unissait encore.
Notre haine commune.
Elle me détestait parce que je l'ai laissé seule à sa vie...
Et moi.
Je la déteste parce qu'elle m'a laissé seul à ma mort.

A croire que nos sentiments n'étaient pas si fort que ça. Ou qu'ils n'allaient que dans un sens. Elle avait toujours été égoïste de toute façon. Moi qui croyais qu'elle aurait pu se montrer un peu compatissante envers moi ?!
Mais non ! Elle n'est pas la ! Et moi, je marche dans la rue, dans une ville que je ne reconnais même plus, à ruminer une colère qui me brûle les entrailles, sans avoir personnes qui pourraient m'écouter, personnes pour me réconforter...
Elle me manquait.
Mais pas seulement elle.
Tous.
Les vivants que j'ai connu.
Et les morts aussi.
Cette fille... possédée par une force dont je ne comprenais rien. Cette fille qui s'est volatilisée du jour au lendemain. Cette fille qui m'a laissé tomber comme tout les autres.

Il y avait aussi ce vieil homme.
Il m'a accueilli. Son histoire était triste.
Je ne me souviens plus vraiment de son visage d'ailleurs. Et les mots qui me prononçaient avec légèreté et sérieux, me semblaient très loin maintenant.

Il m'avait mis en garde.
Il m'avait dit, indirectement peut être, de me méfier des vivants. Ils finissent toujours pas nous oublier.
Pourquoi ?!
Nous faisons toujours se que l'on aimerait pas que l'on nous fasse.
On rêve tous de rester dans les mémoires, de marquer les esprits, les coeurs... On se promet des tas de choses. Mais aujourd'hui, plus personne ne vient sur ma tombe. Les fleurs qui l'ornaient ont dû faner. Et qu'est ce qui me prouve que des gothiques ne sont pas aller faire leurs ébats appuyé contre ma pierre tombale ?!

Les seules choses dont je voulais, c'était manquer à quelqu'un, je voulais aussi une présence, un sourire, une caresse..

Mais de toute façon, le monde n'est pas une machine à exaucer les voeux.

After death.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant