Chapitre 1 partie 1 sur 3 (corrigé)

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CHAPITRE 1

Je ne voulais pas mourir. Cette évidence me frappa violemment tandis que je reprenais conscience. La douleur m'écorcha aussitôt, me lacérant. Ma peau, elle, brûlait. Mes muscles exposés à la chaleur du brasier se consumaient. Je hurlai et tentai de me lever. Des liens m'empêchaient de bouger. Je bloquai mon souffle dans ma gorge pour ne pas avaler plus de fumées toxiques et tirai de toutes mes forces. Je crispai les paupières, des étoiles dansant sous ma boîte crânienne. Mes oreilles bourdonnaient.

Soudain, mon dos s'arqua. Le monde vacilla, remplacé par le néant. Mon passé, mes souvenirs s'étiolèrent sous mes doigts. Je revins à moi, vierge en quelque sorte, comme une ardoise effacée. La fournaise rugissait toujours. Une seule chose en tête, survivre.

Je n'échouerai pas, quitte à me tordre de douleur. La rage gronda en moi, enflammant le moindre de mes nerfs. Des volutes de fumée m'enveloppèrent, tel un linceul d'obsidienne. Je sortirai coûte que coûte. En morceaux ou intact, je sortirai. Mon objectif m'apparaissait clair, limpide dans mon esprit et mon cœur. Seul m'importait mon but.

Les liens cédèrent quand les flammes les eurent suffisamment léchées. Je me mis debout et fonçai vers la sortie, n'accordant aucune importance aux vertiges qui m'assaillaient. Je tombai plusieurs fois, tâtai les murs à l'aveuglette et trouvai enfin la porte. Elle était verrouillée. La fureur m'envahit et rapporta à la surface cette énergie sombre, tapie en moi et dont je n'avais pas conscience une seconde plus tôt. La porte sortit de ses gonds pour aller s'écraser contre le mur du couloir. Je me précipitai à l'extérieur avant de me rendre compte que le feu ne me brûlait plus. Ma peau était intact, mes cheveux argentés pendaient le long de mon corps. Je me touchai le visage. Aucun dégât non plus. J'étais indemne.

Comment ? Je repoussai violemment cette question et accordai de l'importance à ce qui le valait vraiment. Qui m'avait enfermé dans un four crématoire ? Pourquoi ? Comment retrouver les coupables et les exécuter ? Ils ne devaient pas être loin. Je grinçai des dents. Ils ne m'échapperaient pas.

J'inspectai chaque pièce. La décoration se résumait à des murs blancs et des accessoires médicaux. Un centre de détention ? J'avais visiblement été retenue prisonnière ici.

Je fronçai les sourcils. Rien ne me revenait en mémoire. Ni mon nom, ni mon enfance, ni d'où je me trouvais. Rien. La sortie, il me fallait de l'air. Il me restait une porte à ouvrir dans le couloir. Je priai pour que ce soit la bonne. Je débouchai dans un hall. Le bâtiment possédait sûrement plusieurs étages mais je ne les explorai pas. Je ne voulais pas tomber sur ma cellule. Car j'étais certaine d'une chose. On m'avait retenu contre mon gré. La haine étreignit mon cœur. Oui, je la sentais au fond de moi, cette envie de tuer les responsables... Les responsables de quoi ? Je secouai la tête avant d'ouvrir la porte d'entrée. Comme les autres, elle n'était pas verrouillée. Seule celle de l'incinérateur l'était.

M'arrêtant sur le seuil, j'ouvris les yeux sur le monde.

La lune surplombait le ciel, haute et ronde, reflet de ma chevelure argentée. Elle brillait tandis que je la contemplais, comme sous un nouvel angle. Elle transperçait l'encre de la voûte céleste, les ténèbres profondes où ne se distinguait que de vagues formes. Le bruissement du vent indiquait une forêt ou tout du moins un parc d'arbres centenaires et imposants aux milliers de feuilles. Elles charriaient l'odeur musquée d'animaux sauvages et de fruits à coque, l'odeur de l'automne. Je me détendis, le doux murmure des prédateurs me berçant.

Puis, je levai les yeux vers la grande bâtisse devant moi. Elle surplombait les alentours, demeure immaculée, orgueilleuse. Larges comme Versailles, aussi hautes qu'un building, ses tours gothiques me toisaient. Ses meurtrières m'observaient telles des milliers d'arachnides. Blanc sur fond noir, la lune l'éclairait directement, nimbée d'un voile pâle, pâle comme la mort. Je la réduirai en cendres, détruirai sa splendeur virginale et souillerai ses occupants d'un sang vicié. Je la punirai pour avoir accueilli le mal en elle.

Guerre sainte tome 1 Apocalypse ( deuxième jet )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant