IX

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I've got scars,

Even though they can't always be seen

I think it's hard,

But even though I don't feel a thing.

(If i could fly)


On est arrivé à la tombée de la nuit. J'avais conduit toute la journée, j'étais fatigué et j'avais mal aux jambes mais voir le sourire de Louis en sortant de la voiture m'a envoyé une flopée de papillons dans le ventre. C'était la première que je le voyais comme ça, il avait l'air heureux, heureux de voir la mer, d'entendre le bruit des vagues, de marcher dans le sable encore humide de la marée haute.

Parce que oui, bien sur, la première chose que j'avais voulu lui montrer avec même d'aller au cabanon, c'était la plage. Choix judicieux apparemment, puisqu'il n'arrêtait pas de me remercier. On s'est arrêté juste au bord des vagues, et parfois la mousse venait se déposer sur le bord de nos chaussures. Je n'en avais jamais eu autant rien à foutre de me mouiller les pieds, parce que Louis venait de me prendre la main. Comme ça, le plus simplement du monde, ses doigts étaient venus s'emmêler entre les miens et sa paume gelée s'était déposée contre la mienne. Je ne savais même pas quoi dire, j'avais le souffle coupé quelque part dans ma gorge, et les jambes en coton.

On a fini par remonter la petite dune et j'ai montré la cabane à Louis. Il avait l'air de trouver ça génial, on a fait le tour et il souriait comme un gamin, je me sentais tellement heureux que ç'aurait du être interdit. On a sorti nos sacs du coffre de la voiture et on est entré.

La cabane des Nuages n'est vraiment pas grande. C'est un ancien cabanon de pêcheur qui appartenait à mon grand père, et que mes parents ont modernisés pour venir y passer des week ends entre amoureux, quand ma soeur et moi n'étions pas encore arrivés. Autrement dit, tout y est minuscule, taille lilliputien, deux pièces, le minimum syndicale pour pouvoir se laver. Louis a posé son sac sur la petite table près de la fenêtre et ses yeux ont fait le tour de la pièce. Le petit réchaud pour faire à manger, le canapé récupéré aux puces, la mini bibliothèque ou Gemma et moi entassions nos livres, la déco " marine " de ma mère Il a montré la porte du doigt.

•C'est la chambre ?

•Oui. Tu peux y mettre tes affaires si tu veux, j'ai répondu en souriant.

Il a haussé les épaules, pas pressé visiblement.

•Tu viens avec ta famille ici ?

•Oui, ma mère et ma soeur. On vient l'été souvent.

•C'est tout petit pour trois.

Je me suis mis à rire. Ca pour être petit, en effet ça l'était. Quand il pleuvait ou qu'il y avait un orage dehors, c'était une horreur de rester entassé tout les trois dans les deux pièces. Heureusement ce week end, le temps paraissait clément.

•Un peu oui, mais on s'habitue...

•Il y a une salle de bain ?

J'ai été ouvrir la porte de la chambre et je lui ai montré, le petit refoncement dans un coin du mur avec le lavabo. Louis a dit que c'était amusant, et ça m'a rassuré un peu. C'est vrai que niveau confort pour l'hygiène, le cabanon n'était pas au top du top... Mais il n'avait pas l'air d'en être dérangé.

Je l'ai laissé s'installer comme il le voulait, se changer, se laver un peu. En attendant, j'ai cuisiné une omelette. Lorsque Louis est revenu dans la pièce principale, il portait son jogging noir et un sweat vert et ses cheveux étaient encore un peu humides. Il avait sûrement essayé de les laver comme il pouvait dans le lavabo. Il m'a demandé où était les assiettes et quelques minutes après, on était tout les deux installés sur le canapé, notre repas posé sur les genoux.

•Merci de m'avoir invité, a murmuré Louis.

Depuis tout à l'heure, il jouait avec la nourriture dans son assiette, sans paraître vouloir en avaler une bouchée. Et il me regardait par en dessous, en mordillant sa lèvre. J'ai posé mon omelette sur le sol et je me suis assis en tailleur pour être face à lui. J'avais envie de prendre mon visage entre ses mains, je sais pas, de le tenir contre moi, de sentir sa peau, mais j'ai juste plongé mon regard dans le sien.

•Merci d'être venu. Je le voulais vraiment. Et je... J'aime, beaucoup... Passer du temps avec toi.

Je me suis senti rougir. C'était niais putain. Tellement affreux. Je n'étais même pas capable de lui adresser les bons mots, de lui dire à quel point il comptait pour moi. Nullissime. Louis a eu un petit rictus étrange et il a lâché un rire.

•Moi aussi j'adore passer du temps avec toi Harry.

On s'est regardé un long moment, et quand j'ai senti que j'allais ouvrir la bouche et dire les deux mots de trop, ceux qu'il n'était absolument pas prêt à entendre, je me suis penché et je l'ai embrassé. C'était maladroit et brouillon. Ma langue a percuté la sienne et il a étouffé un petit rire avant d'attraper mon visage entre ses deux mains. Il ne m'a pas lâché.

*

•T'as pas froid ?

Je me suis assis près de Louis, une couverture à la main et il a simplement secoué la tête sans me regarder. On avait décidé de regarder un peu la mer, même si il faisait nuit noire et qu'il faisait -30. De vrais gamins. Louis avait simplement enfilé un autre sweat et il n'avait pas l'air d'être plus congelé que d'habitude, alors que moi je frissonnais tellement que allumer ma cigarette avait été un vrai supplice. Les doigts de Louis, eux, ne tremblaient même pas.

Je me suis installé un peu plus confortablement, enfouissant mes mains dans les poches de ma veste, et j'ai regardé droit devant moi, vers l'infini horizon, vers les étoiles qui illuminaient le ciel d'encre. C'était beau. Ce n'était pas la première fois que je contemplais ce spectacle mais là, avec Louis à mes côtés, j'avais l'impression subite que la beauté du monde s'en trouvait décuplé, que tout était mille fois plus important.

On est resté un long moment silencieux, bercé par le bruit des vagues qui venaient lécher continuellement le bord de la plage, et Louis a fini par chercher ma main. Je l'ai attrapé et ses doigts étaient comme des glaçons.

•Louis t'es gelé, j'ai chuchoté.

C'était un peu angoissant en fait. Sa peau avait cette tendance étrange à être toujours froide mais là... Il n'avait même pas l'air d'avoir encore du sang dans les veines. Il s'est blotti contre moi et il a murmuré.

• Le rêve de ma vie, c'était de voir au moins une fois la mer.

Ca m'a foutu les larmes aux yeux, tellement ses mots avaient l'air douloureux à prononcer. Je le sentais minuscule entre mes bras et je ne comprenais même pas pourquoi. On y était à la mer, alors pourquoi avait il l'air si mélancolique, pourquoi Louis ne pouvait pas être heureux ? Pourquoi je ne pouvais pas le rendre heureux merde ?




Hey Angel - Larry StylinsonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant