Les passagers de l'automne

Prologue

 

Stéphane avait hérité d'une tante cette vieille maison juchée sur les hauteurs de Villeneuve-lès-Avignon, dans le Gard.

Elle était située légèrement en contrebas du fort Saint-André, sur les pentes d'une colline dominant la ville et que les villeneuvois nomment le mont Andaon, qui se trouve être l'exact pendant du rocher des Doms de la cité d'Avignon, juste en face.

Lorsque la tante était décédée, cette grande bâtisse se trouvait dans un état pitoyable et Stéphane avait longtemps hésité sur le sort qu'il convenait de lui réserver.

La vendre ? Il n'en aurait pas tiré grand-chose en l'état, même aussi bien située dans cette ville très agréable.

L'habiter telle quelle ? C'eût été incommode, à moins de vivre à la façon de la vieille tante, c'est-à-dire en acceptant un inconfort datant du siècle d'avant.

Stéphane avait finalement décidé de la faire retaper afin de créer des chambres d'hôtes à l'étage, qu'il pourrait louer en saison.

Cela lui avait coûté pas mal d'argent mais le résultat était à la hauteur : la vieille maison affichait désormais belle allure.

Les chambres d'hôtes étaient entièrement équipées : il s'agissait en fait de trois petites suites indépendantes, comprenant des sanitaires individuels. On pouvait cuisiner et y vivre de façon complètement autonome.

Il avait quitté Lyon pour venir s'installer là.

Les locations de l'été étaient florissantes et lui rapportaient de quoi compenser financièrement l'inoccupation de la mauvaise saison.

Car il fallait bien reconnaître qu'à partir de la mi-septembre, les trois chambres d'hôtes ne trouvaient guère preneurs.

Ce mois d'octobre ne dérogeait pas à la règle : Stéphane était désormais seul dans la maison.

C'était pourtant une belle arrière saison, une sorte d'été indien. La nature s'était parée de couleurs magnifiques.

Mais les vacanciers ne venaient pas à Villeneuve à cette époque.