Chapitre 15

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Pendant ce temps, dans le traineau, Gauthier commençait à trouver le temps long. C'était malin d'avoir bu toutes ces cannettes de Coca cola, il aurait mieux fait d'écouter Jean Marc, maintenant il avait l'impression que sa vessie allait exploser. Mais les consignes étaient strictes: hors de question de sortir du traineau. Il tâcha de penser à autre chose. Tiens, peut-être qu'il pourrait trouver un père noël en chocolat à portée de main. Il se mit à tâtonner de part et d'autre mais se rendit vite compte que dans ce capharnaüm de jouets, toute tentative de trouver quoi que ce soit, qui plus est dans une obscurité quasi totale, était vouée à l'échec. Il se mit à fredonner un tube de rn'b qu'il avait récemment entendu à la radio mais se ravisa rapidement en réalisant qu'il risquait d'être entendu. Il tâcha de compter les moutons pour s'endormir, sans aucun succès.
Rien n'y faisait, il en revenait sans cesse à sa vessie. Celle ci le torturait de plus en plus, la douleur irritant toute la zone génitale, se propageant dans son estomac, allant jusqu'à faire trembler son corps entier tandis que son front se couvrait de grosses gouttes de sueur. La perspective de se soulager lui apparaissait comme un fantasme inaccessible et il tentait sans succès de l'éloigner de ses pensées, qui envahies par la toxine urinatoire, versèrent rapidement dans le délire.
Il voyait un arbre. Un arbre magnifique, millénaire, au tronc massif, devant lequel lui, le petit Gauthier, se tenait, immobile. D'un geste précis, il ouvrait sa braguette et sortait son petit berlingot ; il levait alors la tête au ciel et, relâchant la pression, le nez dans les étoiles, il arrosait avec délice l'arbre millénaire de la pisse chaude qui stagnait depuis plusieurs heures dans sa vessie douloureuse.
L'irritation de plus en plus lancinante le rappela brusquement à la réalité. C'en était trop. Une minute de plus et il allait finir par se laisser aller au beau milieu du traineau, puis devrait passer le reste du trajet dans des vêtements couverts d'urine.
Il pesa la situation ; en faisant très attention, il n'y avait aucune raison qu'il se fasse découvrir. Il s'agissait juste d'être discret et silencieux.
Tout en contractant sa vessie du mieux qu'il pouvait, il se mit tout doucement à avancer vers l'air libre, se dirigeant vers l'arrière du traineau. Il apercevait un rai de lumière à moins de deux mètres de distance. Plus que quelques secondes et il pourrait goûter le soulagement sans pareil d'une vessie vide.
Le rai de lumière se faisait de plus en plus proche et l'espoir croissant lui apportait déjà une sensation de félicité.
Il écarta un dernier paquet et tendit sa main pour atteindre le bout de l'énorme bâche marron qui protégeait les cadeaux quand il se sentit soudain saisit par le col et violemment tiré vers l'extérieur.
- Mais qu'est-ce que tu fais là toi ?
Sourcils froncés, Sidi Bouchaïb tenait Gauthier à bout de bras.
- Alors tu vas me répondre ?
Gauthier émit un gémissement et après un ultime effort, rejeta la tête en arrière en poussant un râle de soulagement.
Il venait de se pisser dessus.


Conte de l'AventOù les histoires vivent. Découvrez maintenant