Chapitre 10

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-Ça va pas ? s'empresse de me demander Lucas. Qu'est-ce qui se passe ?

-Ma... ma mère, je bégaie totalement paniquée. Elle... elle... est à l'hôpital.

Il se lève à son tour et me regarde d'une façon qui se veut rassurante. Mais je n'arrête de me ressasser la mort de mon père. Je me rappelle ses journées passées à l'hôpital alors qu'il s'éteignait à petit feu. Et le souvenir de ma mère m'annonçant la nouvelle en larmes me hante. C'est pas possible ! Et s'il lui arrivait la même chose qu'à mon père ? Mon cœur tambourine fort dans ma poitrine et mes mains tremblent comme jamais. Je sens une boule se former dans ma gorge et les larmes qui piquent mes yeux menacent de déborder. Je ne veux pas... perdre à nouveau un être cher. Ma mère est tout ce qu'il me reste.

-Je... je dois me rendre à l'hôpital, je déclare. Je dois m'y rendre le plus vite possible.

Lucas se contente de me prendre dans ses bras. Dans une autre circonstance, cela m'aurait probablement surprise, déstabilisée, mais, à ce moment précis, j'en ai besoin plus que tout. Il me faut quelqu'un pour me soutenir et me rassurer parce que je suis sur le point de perdre pied. J'ai tellement peur...

-Commence déjà par te calmer, murmure Lucas. Je suis sûr que ta mère va bien. Elle a probablement fait un malaise. Il faut pas tirer des conclusions trop vite.

Ce qu'il me dit me rassure un peu. Je respire doucement en tentant de maîtriser mes sanglots. Lucas dit vrai : je tire des conclusions trop vite et je panique probablement pour rien. Pourtant, j'ai un très mauvais pressentiment. Comme une petite voix dans ma tête qui me crie qu'il faut se dépêcher, que ça ne va pas bien du tout.

Je me dégage de son étreinte, le remercie et tourne les talons. Je me dirige au pas de course vers la sortie du petit parc mais une main m'attrape le bras. Je fais volte-face pour affronter... Lucas.

-Tu vas où, comme ça ? demande-t-il.

-Bah... à l'hôpital.

C'est pas vrai ! Ce qu'il peut être lourd, parfois ! Il me fait perdre mon temps et j'ai comme l'impression que chaque seconde est précieuse.

-Et tu comptes y aller en courant ? reprend Lucas.

-J'en sais rien, comment je vais y aller ! je m'écrie en perdant mon sang-froid. Faut que j'y aille, c'est tout ! Lâche-moi !

Je remarque que quelques enfants curieux nous regardent fixement. Certains parents se tournent pour nous adresser un regard de reproche. Probablement croient-ils que Lucas et moi sommes en train de régler nos petits problèmes de couple. Mais la situation est bien plus grave que ça. J'aimerais tellement cracher à la figure de ces gens, leur ordonner de se retourner et de s'occuper de leurs affaires.

Mais la petite pression que Lucas exerce sur mon bras me ramène à la réalité. La panique revient au galop pour à nouveau s'emparer de moi. L'urgence de la situation exige que je ne perde pas une seconde de plus.

-J'ai mon scooter, déclare Lucas. Dis-moi à quel hôpital est ta mère et je t'y emmène. Ça ira plus vite qu'en courant, si tu veux mon avis.

-Hôpital Saint-Laurent, je m'empresse de lui dire.

Il m'entraîne jusqu'à son scooter, garé devant le petit parc et me tend son casque. Je le mets sans poser de question et monte derrière lui.

Je n'ai pas d'autre choix que de lui faire confiance. J'enroule mes bras autour de son torse et j'enfouis ma tête entre ses deux omoplates. Le scooter démarre en trombe et roule à toute vitesse sur la route. Il se faufile entre les voitures, grille plusieurs feux rouges, manquant au passage de renverser un piéton. C'est à se demander où est-ce qu'il a obtenu son permis... Le vent glisse sur ma peau et siffle dans mes oreilles. J'ai du mal à contenir mes larmes. L'angoisse est toujours plus oppressante à l'idée qu'il soit arrivé quelque chose à ma mère.

Ne me juge pasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant