Chapitre 25

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Je contemple le ciel, à la recherche de l'étoile du berger. Je me souviens de Mon Etoile. Ce petit garçon apparu comme par magie au cœur de la nuit pour disparaître de ma vie tout aussi vite et mystérieusement qu'il est arrivé. Je me demande parfois si je n'avais pas rêvé. Mais à chaque fois que mes yeux se posent sur l'étoile, je ressens comme une boule de chaleur dans mon ventre. Je le revois, avec ses cheveux d'ébène et ses yeux turquoises et je me dis que je n'ai pas pu l'inventer. Il semble trop réel.

Je soupire et de la vapeur s'échappe de mes lèvres. Il fait vraiment froid. Je songe à rentrer. Je parcours du regard ce petit parc et mes yeux se posent une dernière fois sur le ciel étoilé.

-Il y en a une qui brille plus que les autres.

Je sursaute. Mon Etoile ! Mais la voix qui vient de retentir m'est trop familière. Ce ne peut pas être Mon Etoile. Je me retourne brusquement et je fais face à Lucas. Notre dispute me revient alors en mémoire et je me mets à culpabiliser. Je détourne instantanément les yeux. Il s'approche de moi et s'assoit à mes côtés. Je suis mal à l'aise. Mon cœur tambourine dans ma poitrine. Lucas plonge son regard dans le mien. Je ne peux plus fuir. Il prend alors la parole.

-Quand j'étais petit, j'habitais l'immeuble juste en face de ce parc. Il y avait une fille. Elle avait à peu près mon âge. Elle venait très souvent. Elle était magnifique. Je croyais au début que c'était un ange. Elle avait des traits doux et fins, des yeux très expressifs et de longs cheveux noirs. Elle marchait lentement, comme si elle n'avait aucun but dans la vie. Comme si elle ne savait pas où elle allait... Elle fixait toujours le sol. Elle avait l'air super triste. Parfois, je la voyais pleurer. D'autres fois, elle avait plein de bleus et le nez qui saignait. Je la voyais si belle et si triste et je me demandais quelle pouvait être son histoire. Je supportais pas l'idée qu'on puisse lui faire du mal. Je voulais l'aider mais je savais pas quoi faire. Je me sentais impuissant et ça m'énervait.

Il marque une pause. Je le regarde fixement. C'est pas possible... Il ne peut quand-même pas être Mon Etoile... J'attends la suite. Devant mon regard interrogateur, il reprend :

-J'ai appris que j'allais déménager. J'arrêtais pas de penser à cette fille que j'allais abandonner sans même avoir pu l'aider. La veille de mon départ, j'ai décidé d'aller la voir. Je savais pas du tout quoi dire, alors je lui ai parlé des étoiles. Je lui ai dit qu'il y en a une qui brillait plus que toutes les autres. Je lui ai parlé mais j'osais pas trop poser des questions sur elle. A un moment, je lui ai quand-même demandé si elle avait une maison. J'avais peur que cette question paraisse débile mais, si elle en avait pas, je m'étais dit que je pourrais peut-être l'emmener avec moi... Elle m'a pourtant répondu qu'elle avait une maison. Enfin... Plus ou moins. J'ai pas voulu insister. Au bout d'un moment, j'ai dû partir. Je voulais pas qu'elle m'oublie. Je voulais qu'elle se souvienne de moi à chaque fois qu'elle se sentirait seule. Mais alors que je cherchais quelque chose à lui dire, elle m'a posé une question. Elle m'a demandé quelle était l'étoile qui brillait le plus d'après moi. Je me souviens qu'à ce moment-là, j'ai failli lui répondre : « c'est toi ». Mais j'ai décidé de garder le silence. Je me suis contenté de pointer l'étoile du berger et de lui promettre que je veillerai toujours sur elle.

Il marque une nouvelle pause, reprend son souffle, puis regarde le ciel. Je crois que ses yeux sont humides. Mais je n'en suis pas sûre. Il poursuit :

-Au moment où j'allais me lever, elle m'a pris dans ses bras. Mon cœur a tout simplement cessé de battre. Je sais pas comment décrire ce que j'ai ressenti, à ce moment-là. C'était juste... merveilleux. C'est con, hein ? Mais voilà, tout à l'heure en cours de français, j'ai repensé à cette fille. Le poème que j'ai écrit lui était destiné.

Ne me juge pasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant