Chapitre 14

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Après avoir passé les portes du grand bâtiment je me dirige immédiatement vers la bibliothèque.

Je parcours les différents rayons et m'arrête devant les N. Mon doigt effleure rapidement les tranches des livres, parcourant les titres, avant de s'arrêter sur l'un d'entre eux. Je le sors de son étagère et lis le titre. Sa couverture me parle. Elle est jolie et en dit beaucoup du livre. Je lis rapidement le résumé et feuillette quelques pages.

J'aime lire. J'adore ça, même. Les livres c'est quelque chose de fantastique. Ils renferment un monde secret dans lequel on est absorbé dès les premières pages. Un monde qui mêle la plume de l'auteur et l'imagination du lecteur. Lorsque je lis, je suis quelqu'un d'autre, avec une autre vie, une autre histoire et d'autres problèmes. Lorsque je lis, j'en oublie ma propre vie à force de me glisser dans la peau du personnage. J'en oublie mes propres soucis et cela me soulage. Lire c'est une passion, c'est un médicament magique qui soigne tous les maux l'espace d'un instant.

J'ai commencé à lire quand j'étais en Primaire, bien avant l'histoire du harcèlement. Ma maîtresse était épatée en constatant ce que je lisais à mon âge. Je me souviens que les livres ont changé ma vision du monde. Durant la période difficile que j'ai traversée dans mon enfance, je lisais beaucoup et la lecture m'a aidée à comprendre de nombreuses choses. Ils m'ont transmis beaucoup de savoirs et beaucoup de sagesse de la vie. Peu importe les livres, qu'il s'agisse de mangas, de bandes dessinées ou de romans. Peu importe que je lise une histoire romantique, une science-fiction, un fantastique ou bien un policier. Du moment que l'histoire me transporte au-delà de mes rêves, du moment qu'elle me fait vivre une aventure, je peux la lire. La lecture m'a permis de garder la tête hors de l'eau, elle m'a permis de ne pas flancher et de continuer à me battre. J'ai plusieurs fois envisagé de mettre fin à mes jours. Personne n'a cherché à m'en empêcher. Seuls les livres m'ont fait renoncer parce qu'ils m'ont aidée à comprendre que la vie est bien trop belle et bien trop précieuse pour y mettre un terme.

La sonnerie m'annonçant le début des cours retentit. Je sursaute et ferme rapidement le bouquin. Je me dirige à toute hâte vers la bibliothécaire pour faire un emprunt. Je la salue au passage et repars en direction des cours. Au pas de course, je travers les couloirs, gravit les marches des escaliers et parvient enfin devant la salle de mon professeur d'anglais. Je range rapidement le livre dans mon sac avant de frapper trois petits coups timides à la porte close. Je sais que j'ai à peine quelques minutes de retard mais je risque quand-même de prendre cher.

Le prof ouvre la porte à la volée et je manque de me la prendre en pleine figure. Il m'examine de son regard sévère et je ne peux rien faire d'autre que de fixer le sol. Je m'excuse d'une petite voix à peine audible et il finit par me faire entrer, non sans me demander mon carnet pour y mettre un mot de retard. Un silence pesant envahit la salle. Tous les regards sont braqués sur moi. C'est l'horreur. J'ai envie de disparaître sous terre. J'ai l'impression que tout le monde se moque silencieusement. Je peux presque entendre les pensées des autres élèves : « elle est pas fichue d'arriver à l'heure ». J'ai l'impression de vivre un cauchemar. Le pire, c'est quand le prof me demande de justifier mon retard. Il est assis à son bureau et moi je suis toujours à côté de la porte. C'est le moment où j'ai envie de me jeter par la fenêtre. J'ai peur de ce que vont penser les autres si je le dis. J'ai peur d'entendre des rires railleurs fuser dans la classe. J'ai peur d'être ridicule, de passer pour une boloss. La honte ! Je me mets à bégayer d'une voix faible :

-Je... J'étais à... à la... bibliothèque...

Le prof me dévisage une demi-seconde en fronçant les sourcils avant de demander d'une voix sèche :

-Tu peux répéter ? J'ai rien compris ! Et parle plus fort, s'il te plaît.

Je me mets à rougir. J'ai trop chaud. Mes mains sont moites et je tremble légèrement. J'ai l'impression que ma voix a décidé de prendre des vacances. Je n'arrive plus à parler. Je tente toutefois de me ressaisir et dois faire un effort surhumain pour retrouver ma voix.

Ne me juge pasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant