Chapitre 23

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L'infernale musique de mon réveil m'arrache à mon sommeil. Je l'éteins et me redresse. Je sais qu'aujourd'hui je vais devoir retourner au lycée. Je ne saurais décrire cette boule dans mon ventre. Que signifie-t-elle ? Excitation ? Appréhension ? Stress ?

Malgré tout, je me lève et vais me préparer. Je n'ai pas le choix. Il faudra bien que je retourne au lycée un jour. Lorsque je suis fin prête, je fais un bisou à ma mère puis je m'éloigne dans le froid glacial de ce matin d'hiver. Pour me détendre un peu, je sors mon téléphone portable de ma poche et mets mes écouteurs dans les oreilles. Une musique s'installe dans ma tête et écrase mes pensée, étouffe mes réflexions, me faisant oublier mon appréhension.

Je parviens devant les grandes portes du lycée. Lucas n'est visible nulle part. Ouf. Je m'empresse d'entrer dans l'enceinte de l'établissement et je vais, comme à mon habitude, en direction de la bibliothèque. Cette fois, je surveille l'heure afin de m'éviter un autre retard. La dernière chose à faire lorsque l'on vient de manquer aux cours, c'est d'arriver en retard dès le premier jour.

Je parcours les rayons regorgeant de livres de toutes sortes. Science-fiction, fantastique, autobiographie, recueils de poèmes, roman d'amour, et cætera. Je m'arrête sur un livre qui me tentait depuis déjà quelques temps mais que je n'ai pas encore eu l'occasion de lire : Je veux vivre, de Jenny DOWNHAM. Je parcours le résumé pour la énième fois et je lis les premières pages avant de me décider à l'emprunter. Je rejoins ensuite le rayon manga et je choisis de prendre le premier tome de L'attaque des titans, écrit et dessiné par Hajime Isayama. Je rends le livre que j'avais emprunté la dernière fois et je prends les deux bouquins. La bibliothécaire me sourit aimablement.

-Coucou Eva, comment ça va ? Ça faisait quelques jours que je ne t'avais pas vue. Tu étais absente ou c'est simplement que tu n'es pas passée au CDI ?

-J'étais absente...

Elle m'adresse un regard soucieux mais ne demande rien. Elle se contente de me sourire puis de me raconter les dernières commandes qu'elle a effectuées en matière de livre. Elle sait que j'adore lire et elle est habituée à me voir. Je pense que c'est la seule personne que j'ai appréciée dès le début dans cet établissement.

Je consulte rapidement l'heure sur mon portable et remarque que les cours démarrent dans exactement quatre minutes. C'est tout juste le temps qu'il me faut pour regagner ma salle de classe. Je remercie la bibliothécaire puis m'éloigne avec mes deux livres. Je traverse plusieurs couloirs et finis par arriver devant ma salle de cours. Je n'ose regarder personne, mes yeux restent rivés au sol. Je sens le regard insistant d'une personne sur moi. Peut-être est-ce Lucas ? Ou bien Maeva ? Cette attention que j'attire me met mal à l'aise. J'entortille nerveusement une mèche de cheveux autour de mon doigt, comme pour me distraire. J'entends le prof arriver et ouvrir sa salle. Je me précipite à l'intérieur.

La journée se déroule comme toutes les journées de cours que j'ai traversées jusqu'ici. J'écoute le prof, je prends des notes, je suis silencieuse. A la récréation, je pars m'isoler aux toilettes. Je fuis les regards. Je fuis le contact. Je fuis les gens. L'espace d'une journée, Lucas m'avait fait découvrir la vie différemment, au lycée. Il m'avait intégrée, ne me laissant pas seule et me présentant à ses amis. L'espace d'une journée, j'avais l'impression de revivre ce temps où Mathys et moi étions ensemble à l'école primaire. Mais, je suis bien placée pour le savoir, le bonheur n'est qu'éphémère. Alors qu'on croit pouvoir l'atteindre, alors qu'on ne fait que l'effleurer du bout des doigts, il se dérobe.

A midi, je pars m'isoler dans un coin au fond du self pour manger. Je remarque Caroline, Lucie et Elena qui me jettent un petit coup d'œil. Je crois qu'elles hésitent à venir me voir. Finalement, Lucie s'approche et me dit :

Ne me juge pasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant