Chapitre 17

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Je me laisse lourdement tomber sur le lit en contemplant mes affaires. Je viens de vérifier une dernière fois que je n'ai rien oublié. Il semblerait que non. Je me lève alors à nouveau et me dirige vers mon sac.

La journée de cours s'est déroulée sans encombre. Le prof d'anglais a toléré l'absence de signature sur mon mot de retard après que ma mère ait passé un coup de fil à l'établissement à sa sortie de l'hôpital. J'ai passé mon temps avec Lucas, ce qui m'a une nouvelle fois valu quelques regards de travers ou d'étonnement. Les amis de Lucas ont été sympas et m'ont intégrée du mieux qu'ils ont pu. Je sens que ma timidité commence à s'évaporer tout doucement. Je suis toujours méfiante et mal à l'aise, je suis toujours silencieuse et je fuis les regards, mais quelque part au fond de moi, je me sens mieux. Et ça, je le dois à Lucas.

J'entends quelqu'un arriver. Le bruit des pas se fait de plus en plus fort, signe que la personne s'approche. Trois coups sont frappés à la porte. J'indique au nouvel individu qu'il peut entrer. Il passe sa tête par l'entrebâillement.

-T'es prête ? me demande Lucas.

-Ouais... je soupire.

-Super, mon père t'attend en bas. C'est lui qui va te ramener avec la voiture pour que ce soit plus simple avec les bagages.

-C'est super gentil de sa part, je lui fais remarquer.

Il sourit modestement et entre complètement dans la chambre. Il s'empare de mes bagages et les descend.

-Lucas Durant posez ça immédiatement ! je m'exclame.

Il s'immobilise et se retourne, surpris.

-Qu'est-ce qu'il y a ? me demande-t-il.

-C'est très gentil de m'aider à porter mes affaires mais tu vas quand-même pas tout porter !

-Bah t'inquiète pas, c'est pas lourd.

J'arque un sourcil. Cela m'étonnerait qu'il soit sérieux, quand il dit que ce n'est pas lourd. Ah les mecs ! Qu'est-ce qu'ils feraient pas pour montrer leurs gros bras ? Irrécupérables !

-Tu peux me trouver toutes les excuses du monde, je proteste, ça ne changera pas mon idée de ne pas te laisser tout porter.

Il lève les yeux au ciel et me tend un bagage, vaincu. Je lui adresse un petit sourire provocateur auquel il répond par un léger haussement des sourcils.

Nous descendons mes bagages ensemble et arrivons devant le seuil de la porte d'entrée. Toute la famille de Lucas m'y attend. Je commence par les remercier de leur accueil chaleureux, de leur gentillesse, de leur générosité, mais la mère me coupe en disant que c'était un plaisir de m'accueillir et qu'ils recommenceront quand je veux. Monsieur Durant approuve d'un hochement de tête et je souris en rougissant, confuse. La petite Diana se jette dans mes bras, manquant au passage de me renverser. Après quelques échanges supplémentaires, nous finissons par y aller.

Je m'installe dans la voiture et monsieur Durant enclenche le moteur. Juste avant de partir, Lucas se dirige vers moi et me fait une bise sur la joue en me murmurant au passage :

-A ce soir.

J'en avais complètement oublié notre rendez-vous avec Julie, Théo, Emilie et Maxime. Nous sommes censés nous retrouver dans un bar à onze heures et demi. Lucas a paru surpris quand je lui ai annoncé l'heure et il m'a demandé si ma mère était d'accord. Je lui ai répondu que je faisais le mur et il a semblé encore plus étonné. Il a toutefois accepté et nous avons convenu que nous nous retrouverons tous les deux vers onze heures pour faire le chemin ensemble. Cela me rappelle Mathys qui n'a toujours pas donné de nouvelles et qui me manque terriblement malgré tout ce qu'il se passe en ce moment dans ma vie. J'ai vraiment besoin de sa présence et de ses conseils. J'ai besoin de lui et je commence à craindre qu'il ne m'ait définitivement tourné le dos... Evite de penser à ça maintenant, Eva. C'est pas une bonne idée. Mais c'est trop tard, je sens déjà un nœud se former dans mon ventre et j'ai un pincement au cœur.

Ne me juge pasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant