Charlie - La Lettre

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Je me réveille en sursaut, en sueur. Mon cœur bat la chamade et j'ai au fond de la gorge un sentiment de mort imminente. J'ai besoin d'air, d'un peu plus d'espace que les quatre murs de mon appartement. Dehors, le jour se lève timidement. J'essaye de retrouver mon calme, puis je me lève, récupère quelques vêtements en vrac dans mon dressing et me rue dehors. Un froid glacial m'accueille à la sortie de mon immeuble. Je ne m'y attends pas. Je viens de passer les dernières semaines en recluse dans mon appartement. Je déambule dans les rues de mon quartier en essayant de faire le vide et de retrouver mon calme. Mes crises sont désormais moins violentes, mais elles me laissent toujours mal à l'aise, avec le sentiment d'avoir échappé de peu à la mort.

En rentrant, je trouve une enveloppe glissée sous ma porte. Je me baisse, la ramasse, et reconnais ton écriture à son dos. Je ne suis ni surprise, ni étonnée, car tu es le seul à écrire des lettres lorsque tout le monde, aujourd'hui, envoie des mails.

Lorsque je rentre dans mon appartement, je la pose délicatement sur la bibliothèque près de la porte d'entrée. Celle où je range les livres intelligents, qui font bonne impression comme tu le disais, pour me taquiner. Je me rends à la cuisine pour ranger mes courses en essayant d'oublier cette enveloppe. Je n'y arrive pas. Le simple fait de penser que tu es passé chez moi, me fait frissonner de tristesse et de manque. De désir aussi, un désir si grand que je ne pourrais te dire où il finit. Tu me manques. J'ai toujours eu un penchant pour les drames. Je m'épuisais dans les conflits futiles, mais ce manque de toi est simple, terre-à-terre, une évidence.

Je me serais probablement jetée dans tes bras, incapable de te résister, si j'avais été à l'appartement. Pourtant, je me dis heureuse de t'avoir manqué sans réellement parvenir à m'en convaincre.

Lentement, involontairement, je reviens vers la bibliothèque. Je prends l'enveloppe et la tiens longtemps dans mes mains. Je l'ouvre et en sors une dizaine de feuillets couverts de ton écriture. Je suis fatiguée de faire semblant. Semblant que je ne t'aime plus, semblant que je suis mieux sans toi.

Des larmes silencieuses coulent sur mes joues tandis que je lis avidement, ton ode à notre amour.

Parce Que Je L'aimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant