Thomas - Rencontre Surprise

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Lorsque je referme la porte derrière elle, je retourne dans la cuisine et me fais un café. Après l'avoir apporté avec moi au salon, je le complète d'une bonne rasade de whisky. Il est à peine dix heures du matin, bien trop tôt pour boire de l'alcool, mais je décide d'enfreindre cette sacro-sainte règle. J'ai besoin d'un remontant.

Après avoir zappé pendant quelques minutes, j'éteins la télé où comme d'habitude de conséquentes chaînes inutiles, essayent de m'abrutir le cerveau pour mieux me vendre de la publicité trop sophistiquée pour les produits merdiques dont elle vend les avantages. Émissions de musique tournées vers le passé, années 80, 90, 2000, ennuyeuses émissions faussement culturelles, faussement bourgeois-bohème, un terme alambiqué derrière lequel on amasse une tonne de stupidités et de clichés, télé-réalités, journaux d'information biaisées.

Je prends mon téléphone et après avoir parcouru la longue liste des chansons qui s'y trouvent, je finis par sélectionner, "Wonderwall" du groupe Oasis, puis retourne m'installer sur le canapé occupé par Charlie quelques minutes auparavant. Son odeur est partout dans la pièce. Je me lève à nouveau et malgré le froid glacial de ce début d'hiver, nous sommes en décembre, j'ouvre grand les portes-fenêtres qui donnent sur le balcon pour laisser entrer l'air frais et débarrasser la pièce du reste de sa présence.

Je reviens vers le canapé en fredonnant doucement au rythme des paroles de Noël ou Liam Gallagher, puis saisis ma tasse de café fortement alcoolisé, et en descends le contenu d'une traite. L'alcool mêlé au café encore chaud me brûle la langue et l'œsophage, en poursuivant sa route vers mon estomac. Bientôt, malgré le froid, une chaleur bienfaisante emplit mon corps. Je m'allonge sur le canapé en fermant les yeux.

Sa visite m'a pris de court. Après cinq mois de séparation, j'ai enfin réussi à tourner la page de notre histoire. Alors qu'avant, je pensais à elle une centaine de fois, voire plus, par jour, je peux désormais compter sur le bout des doigts d'une main, le nombre de fois où j'ai pensé à elle au cours des deux précédents mois.

Quelques semaines après sa disparition, j'entendis Alex, dire à un ami commun, au détour d'une conversation, car je lui avais expressément demandé de ne plus me parler d'elle, que Charlie était partie à l'étranger et que depuis son départ, elle ne l'avait pas contacté. Elle avait fermé tous ses comptes sur les sites de rencontres en ligne et avait également disparu de la vie de ses anciens compagnons de beuverie. Alex ne précisa pas la date de son départ, ni celle de son retour et j'avais bien trop d'orgueil pour demander ces informations. En réalité, elles ne m'auraient été d'aucune utilité. Je ne voulais plus la revoir. Je voulais passer à autre chose. J'en avais marre de notre relation.

L'absence de réponse à ma lettre m'aida beaucoup à remettre ma vie sur les rails. Je l'écrivis un soir où le manque d'elle me rendait fou et où incapable de dormir, tournant en rond dans mon appartement, je décidai de coucher mon mal-être sur une feuille espérant trouver dans l'exercice, une forme d'apaisement. Il me fallut deux longues heures, durant lesquelles, je vomis sur des pages et des pages ma lente agonie sans elle. Puis, sans pouvoir me contrôler, dans une dernière tentative désuète pour la reconquérir, je la mise dans une enveloppe et la timbrai avec des doigts tremblants. Sans tenir compte de l'heure, il était environ quatre heures du matin, je quittai mon appartement pour la glisser, dans un box de La Poste, situé un peu plus haut dans ma rue. C'est le cœur battant que j'y insérai la lettre, allant même jusqu'à dire une petite prière pour qu'elle me réponde et me sorte de ma misère.

Les jours passèrent, puis les semaines, puis les mois, et l'excitation, mêlée à une forme de désespoir avec laquelle j'attendais sa réponse, fit place à la colère quand je compris qu'elle ne reviendrait pas. Puis il y eut, l'apaisement, l'envie d'aimer à nouveau et de construire quelque chose de vrai et de tangible.

Parce Que Je L'aimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant