Parce Que Je L'aime

Charlie - Besoin D'Amour

Six mois plus tard, je retournai vers lui. Ma démarche fut purement égoïste, car au cours des mois passés, je ne pensai absolument pas à lui. Je sortais à nouveau d'une relation compliquée, qui une fois encore, me laissa l'ego en miettes. Je désirais redorer mon blason mis à mal par un abominable connard.

Je rencontrai Nicolas une semaine après ma nuit avec Thomas et je fus scotchée dès le premier regard. J'étais prête à tout pour être avec lui. Nicolas était mon alter ego. Il était excessif, arrogant, sûr de lui, avec dans le cœur des blessures profondes qui forgèrent une personnalité éradique et instable. J'avais cette furieuse envie de le sauver, persuadée que si j'y parvenais, je me sauverais par la même occasion. Si seulement la vie était aussi simple.

Je me lançai à corps perdu dans notre relation, prête à tout lui donner. Mon temps, mon énergie, mon amour, mon corps, mes pensées. Nicolas ne l'entendit pas de cette oreille. Il me traita comme une moins que rien. Ce n'est que justice puisque j'ai été immonde avec mes trop nombreux amants au cours des années.

Il disparaissait sans donner de nouvelles, ne m'appelait que pour s'envoyer en l'air, me traitait sans la moindre considération et me mentait. Au cours de notre relation qui dura plus de cinq mois, il ne fit que ça, mentir et être fourbe. Il me renvoyait ma mauvaise vie en pleine figure et m'humiliait.

Nicolas est un fils de bonne famille, oisif et accro à toutes sortes de substances. Il ne me trouvait pas assez bien pour lui. Je compris, trop tard, que je n'étais qu'une énième fille sans importance avec laquelle il prenait du bon temps.

J'étais en dessous de lui parce que je ne venais pas d'une famille bourgeoise et que j'avais des mœurs légères. Il était clair que je n'étais pas sa petite amie officielle. Il ne me présenta à aucun de ses amis. Nous ne sortions jamais ensemble. Nos rendez-vous avaient lieu dans nos appartements, généralement tard le soir.

Pourtant, je m'accrochai à lui et lui trouvai des excuses. Chaque fois qu'il se présentait chez moi, contrit et repentant, je lui accordais une autre chance.

Il me fallut cinq mois pour ouvrir les yeux et reconnaître que je m'étais fourvoyée. Je le retrouvai au lit avec Elsa. Je la considérais comme l'une de mes meilleures amies. En réalité, nous n'étions que des copines de soirée.

Je découvris le pot aux roses, en rendant visite à Nicolas à l'improviste. J'étais sans nouvelles depuis plusieurs semaines. Je m'inquiétais pour lui. Il abusait de la drogue. J'eus peur qu'il ait fait une overdose.

Je possédais un double de ses clés. J'entrai sans m'annoncer. Dès que je passai la porte, j'entendis leurs cris dégoûtants, avant de les découvrir nus, l'un sur l'autre. Mon mec avait la tête entre les cuisses de ma meilleure amie.

Mon sang ne fit qu'un tour. Je saisis le premier objet que me tomba sous la main, un abat-jour en forme de lampadaire chromé, et l'abattit sur eux à plusieurs reprises avant de repartir comme une furie.

Pendant plusieurs jours, Elsa m'appela. Je la laissai s'excuser auprès de mon répondeur. Pour me venger, je lui taillai une réputation de salope, remontai toutes nos connaissances communes contre elle, et la fit mettre à l'écart. Ça lui apprendra.

Quant à Nicolas, il disparut tout simplement. Cette attitude lâche ne m'étonna pas.

Après cette affreuse découverte, je retournai à mon appartement et m'y enfermai toute une semaine. Je vécus de plats cuisinés et d'émissions télé auxquelles je ne compris rien, peu habituée à la regarder. Mes souvenirs furent mes seuls compagnons. En revisitant ceux-ci et la longue liste de mes erreurs, je repensai à Thomas. À cet amour immense dans ses yeux, à cette image parfaite qu'il avait de moi. J'eus tout à coup un besoin viscéral de retrouver ce sentiment d'être unique que lui seul suscitait en moi.

Sans perdre de temps, je lui envoyai un message, proposant un rendez-vous. J'étais certaine qu'il accepterait. Je ne pouvais concevoir qu'il m'eut déjà oublié. J'étais si narcissique.

Thomas fut plus difficile à convaincre que je ne l'avais prévu. Pour la première fois, il me remit à ma place et gagna mon respect. Enfin, je voyais poindre un peu de fierté, un peu de caractère sous ses dehors lisses qui m'emmerdaient. Il n'y avait plus trace de l'amoureux mièvre que j'avais quitté quelques mois auparavant.

Il eut désormais les cartes en main et n'hésita pas à me dire ce qu'il attendait de moi. Il força mon respect mais blessa mon ego. Je me jurai de faire tout le nécessaire, pour le regagner à ma cause. C'est la principale raison pour laquelle, après notre nuit ensemble, je ne m'éclipsai pas avant son réveil. Je voulais qu'il me mange à nouveau dans la main. Je voulais redevenir son unique obsession.

Pendant les premiers mois de notre relation, j'eus l'avantage. Puis, les rôles s'inversèrent. Je devins celle qui subissait ses sautes d'humeur et ses insultes. Je ne lui en tiens pas rigueur. J'ai été odieuse et créé le monstre qu'il devint.

Ma relation avec lui, me fit comprendre que je devais mieux traiter, les personnes qui m'entourent. Je devais me défaire de cette indifférence, et de cette froideur qui me protègent. Car, j'ai le pouvoir, comme chaque être humain, de changer le destin de toute personne qui entre dans ma vie.