Thomas - Le Lâché Prise

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Notre relation dura une année. Cette année, ne fut pas, la plus belle de ma vie. Néanmoins, elle fut, sans aucun doute, la plus intense. Je me sentis vivant. J'étais un magma d'émotions violentes, contradictoires, de sensations qui éructaient au gré de ses agissements. Je l'aimais, puis la détestais en une fraction de seconde. Souvent, parce qu'elle annulait un rendez-vous à la dernière minute, ou parce que j'étais jaloux de la relation privilégiée qu'elle entretenait avec certains de ses amis.

Les premiers mois furent idylliques. Rapidement, elle s'impliqua dans la relation. Nous étions un couple fusionnel. Au bout de quatre mois à peine, elle déménagea dans mon appartement. Elle fut parfaite, je le reconnais. Elle composa avec mon humeur, mes angoisses, ma jalousie, fit de nombreuses concessions pour m'apaiser. Elle me flatta, me dit que j'étais le meilleur, le plus beau, le plus intelligent. Elle me dit, qu'elle n'aimait que moi, ne désirait que moi, ne vivait que pour moi. Elle était aux petits soins, à l'écoute de mes moindres désirs.

Malheureusement, toutes ces belles attentions, ne suffirent pas à mon bonheur. J'avais besoin d'elle, j'étais constamment en manque d'elle. Je ne supportais pas qu'elle s'absente une seule minute. Dès qu'elle était loin de moi, de l'appartement, je l'appelais toutes les demi-heures et entre-temps, je lui envoyais des SMS. Quand elle rentrait enfin, sur les dents, j'étais odieux. Je ne me reconnaissais pas. J'essayai de me contrôler, mais n'y parvins pas. J'avais ce vide en moi, que rien ne pouvait combler. Jamais, je ne me serais cru capable de désirer, d'aimer autant quelqu'un. Mon monde s'écroulait lorsqu'elle n'était pas là.

Je devins la risée de mes potes qui, par leurs railleries et leurs moqueries, remirent en question ma virilité. Pendant quelques semaines, ils essayèrent de m'ouvrir les yeux sur notre relation qu'ils jugeaient malsaine, mais je tins bon. Ils comprirent rapidement que je ne me plaignais que pour le plaisir de le faire, et qu'en réalité, je ne voulais rien changer à ma relation avec elle. Exaspérés, ils prirent leurs distances. Alex coupa tout contact et je ne le revis qu'après notre rupture.

Je ne leur en tiens pas rigueur. À cette époque, je ne m'intéressais à rien d'autre qu'à elle. Je ne parlais que d'elle, Charlie, Charlie, toujours Charlie. J'étais insupportable, trop éloigné de celui qu'ils avaient toujours connu. Je transpirais mon amour, par chaque pore de ma peau, trop junkie d'elle pour prendre la pleine mesure de ce que je perdais. Surtout, j'étais amoureux de mon amour pour elle. J'étais comme drogué à ce sentiment qui débordait de tout mon être, me dépassait, m'engloutissait, me faisait me sentir vivant, appartenir à ma vie. Une caresse d'elle, et mon cœur chancelait de la certitude d'être enfin au bon endroit, les deux pieds posés exactement là où il faut. Elle libéra mon cœur, de tous les sentiments futiles tels que l'ennui, la routine, la solitude, la peur du quotidien, la frayeur du lendemain.

Malgré nos bons moments qui équilibraient la balance, je savais que nous ne tiendrions pas la distance. Notre relation ne rentrait pas dans les standards hollywoodiens qui garantissent les happy-ends.

J'avais cette certitude au fond des tripes, alors j'ai bu la coupe encore plus vite, jusqu'à la lie avant qu'elle ne se vide et que son aphrodisiaque contenu ne m'échappe.

Parce Que Je L'aimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant