Charlie - La Trahison

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Quelques semaines avant le bac, l'année de mes vingt ans, dans un accès de démence, ma mère me parla de sa relation avec mon père. De ses nombreuses infidélités qui la secouèrent profondément, la poussèrent à la folie.

Selon elle, il ne l'avait jamais aimée. Il l'avait épousée pour faire plaisir à ses parents et ramasser au passage, un colossal magot.

Elle me confia, qu'avant ma naissance, il retrouva son amour d'enfance et qu'après des années d'une relation adultère, ils vivaient désormais ensemble à Paris, élevant ensemble, la bâtarde issue de leurs infâmes ébats.

Sur l'instant je n'accordai aucune importance à ses propos. Dans ses mauvais jours, ma mère était un être hargneux, haineux et plein de rage. Quelques heures plus tard, allongée dans mon lit, je ne parvins pas à dormir. Ils tournaient en boucle dans ma tête, et je décidai d'en avoir le cœur net.

Dans le noir, en faisant le moins de bruit pour ne pas réveiller ma mère qui pour une fois s'était endormie, je descendis dans le bureau de mon père. Je fouillai dans ses tiroirs. Je trouvai rapidement l'adresse de son appartement parisien situé dans le XVIe arrondissement.

Nous étions jeudi soir. Je remontai dans ma chambre pour acheter sur internet des billets de train au départ de la gare Saint-Roch, le dimanche matin. Mon objectif était d'arriver chez lui à l'heure du déjeuner, pour le prendre sur le fait. S'il vivait vraiment avec sa nouvelle famille et s'ils n'étaient pas en vacances, il y avait de fortes chances qu'ils soient présents. En cas d'absence, je comptais mener l'enquête auprès des voisins. Quelles que soient les circonstances, je devais être fixée avant mon retour à Montpellier dans la soirée.

Depuis quelques mois, je donnais congé aux domestiques pour le week-end. Nous ne recevions plus et il n'y avait pas grand-chose à faire dans la villa. Leur présence en semaine suffisait à maintenir la villa propre. Ce dimanche, où j'allais à Paris, de façon exceptionnelle, je demandai à Catherine de tenir compagnie à ma mère et elle accepta de se libérer sans la moindre hésitation. Elle me fut d'un grand soutien au cours de ces années difficiles.

Je n'avais plus quitté Montpellier, depuis la deuxième tentative de suicide de ma mère. Avant cela, tous nos voyages étaient organisés, planifiés par mes parents. C'est donc très stressé, que je pris le train à la gare Saint-Roch. Je n'avais jamais été à Paris, et ne savais absolument pas à quoi m'attendre.

Quand le train s'arrêta en gare de Lyon, il était presque midi. Sans attendre, je pris le métro pour me rendre à son appartement. J'avais pris le soin, au préalable, de repérer mon trajet. Malgré le stress et l'inquiétude, j'y arrivai sans encombre. Préoccupée par mon objectif, je ne fis pas attention à la ville, que pourtant des milliers de touristes prennent d'assaut chaque année. Je me foutais bien de ses monuments, musées, cafés et encore plus de son charme et de son romantisme marqueté. Seule la vérité, pour moi importait. Mon père, nous avait-il planté un couteau dans le dos ?

Comme par miracle, alors que j'arrivais devant l'immeuble, une personne en sortit, me permettant ainsi d'y entrer sans sonner à l'interphone et sans m'annoncer. Je pus ainsi, conserver l'effet de surprise.

L'appartement de mon père se situait au quatrième étage du premier bâtiment. Je pris les escaliers, trop impatiente, si proche du but pour attendre l'ascenseur. Devant sa porte, je m'arrêtai un court instant avant de sonner. Il ne me fallut attendre que quelques secondes avant qu'il vienne en personne, ouvrir la porte.

La surprise que je lus dans ses yeux, m'aurait amusé en toute autre circonstance. Mais ce jour-là, j'espérais, sans me l'avouer, qu'il serait heureux de me voir. Après quatre ans de séparation, quel père aimant, ne serait pas heureux de revoir son enfant ? Le mien, apparemment.

Parce Que Je L'aimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant