Thomas - Tout Pour Charlie

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Quand Charlie finit son récit, un terrible silence se fait dans la pièce. Puis, sans que je ne m'y attende, elle se plie en deux, pose ses mains sur ses genoux et hurle. Elle pousse des cris qui me glacent et me déchirent le cœur. Puis, elle est secouée de violents sanglots. Je l'entends lutter pour un bol d'air. J'ai peur qu'elle s'évanouisse et tombe sur le ventre.

Je la rejoins, l'enlace par le dos en l'implorant de respirer et de se calmer. Elle ne m'écoute pas. Elle n'arrête pas de pleurer. Elle arrête de respirer pendant quelques secondes, puis prend de profondes inspirations. J'ai l'impression qu'elle s'étouffe. Je m'en veux tellement de l'avoir contrainte à revivre ses souvenirs. Son père ne m'avait raconté qu'une partie de l'histoire, celle qu'il a vécue. J'étais loin de me douter du lourd fardeau qu'elle portait.

— Elle est morte, hurle-t-elle, comme si elle le réalisait pour la première fois. Elle est morte seule, continue-t-elle. Je ne veux pas mourir seule. Je ne veux pas vivre et mourir ainsi, me dit-elle, en hoquetant et en respirant difficilement.

Je l'entraîne vers le canapé, où elle s'allonge et se roule en boule. Puis, elle recommence à hurler, hurler...

En panique, j'appelle son père, qui me conseille de prévenir immédiatement les pompiers et de la faire conduire à l'hôpital.

En route vers l'hôpital, Charlie est mise sous sédatifs. Grâce à eux, elle se calme. Elle ne murmure plus que des paroles incohérentes. J'envoie par SMS, le nom de l'hôpital à son père qui nous y rejoints.

Elle y passe la nuit, avant d'être internée dans une maison de repos. Elle y fut internée suite à sa première tentative de suicide. Je passai la nuit à l'hôpital et aidai son père à faire toutes les démarches administratives.

Je suis de retour à mon appartement, lundi soir, peu avant 21h. Je suis fatigué, et à bout de nerfs. Je suis surpris de trouver Élisabeth dans mon séjour. J'ai honte de l'avouer, mais dans le tumulte des événements de la veille, j'ai oublié que je ne suis pas en couple avec Charlie, et que ma véritable compagne est Élisabeth, la douce et compréhensive Élisabeth.

Sa présence m'irrite, car elle suppose des explications que je n'ai pas envie de donner. Je ne lui ai donné aucune nouvelle, depuis notre séparation dimanche soir. Mon téléphone fut éteint toute la journée, faute de batterie. Je pus simplement envoyer un SMS à John, mon assistant, pour le prévenir de mon absence, avant qu'il ne s'éteigne vers 9h. J'évitai de le recharger parce que je ne voulais pas être dérangé. Charlie avait besoin de toute mon attention.

Je ne sais que faire d'Élisabeth, ni quoi lui dire.

Je viens de vivre des heures terribles. La femme que j'aime, qui porte mon enfant vient de me confesser son sordide passé. Puis, elle fit une crise de nerfs. Elle est enfermée dans un centre de repos, nous l'y avons enfermé et je me sens coupable. Elle est droguée, attachée à un lit pour l'empêcher d'attenter à sa vie. J'ai besoin d'être seul. Je n'ai pas l'énergie de répondre aux questions inquisitrices d'Élisabeth.

— Où étais-tu ? Me demande-t-elle un brin, agressive, en me rejoignant dans l'entrée.

— Je t'ai appelé toute la journée, sans arriver à te joindre. Pourquoi étais-tu sur répondeur ? Te rends-tu compte que j'ai dû appeler John pour avoir de tes nouvelles ? Pourquoi lui accordes-tu autant d'importance ? Je suis ta petite amie, bon sang ! C'est à moi que tu dois parler, c'est à moi que tu dois te confier, et c'est moi que tu dois appeler en cas d'urgence. Où étais-tu ? Avec elle ? Complète-t-elle en haussant le ton au fur et à mesure.

Je la contourne sans répondre, pour me diriger vers la chambre, avec l'intention de goûter un repos bien mérité.

— Où étais-tu ? Me redemande-t-elle, en me suivant dans la petite pièce, où je m'effondre sur le lit, la tête la première.

Parce Que Je L'aimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant