Thomas - Plus Fort, Ensemble

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Charlie sortit du centre de repos, deux semaines plus tard comme prévu. Elle allait vraiment très bien. En la regardant, il était difficile de s'imaginer qu'elle sortait d'un centre psychiatrique. Je lui rendis visite chaque jour de son internement. Le matin avant d'aller travailler, à midi pendant ma pause-déjeuner, et le soir. Être à la tête de mon entreprise me facilita grandement la tâche. Je pus aménager mes horaires à ma guise.

Je fus présent le jour de sa sortie pour la conduire dans notre nouvel appartement. Nous nous sommes quittés en silence, nous nous remîmes ensemble sans en parler. Je décidai seul que nous devions vivre ensemble. J'étais trop terrorisé pour la laisser vivre seule.

Du fait de ma relation avec Élisabeth, Charlie refusa de s'installer dans mon appartement. Quant à moi, je ne pouvais me résoudre à vivre dans le sien, condamné à voir tous les jours, cette affreuse baignoire dans laquelle, elle faillit mourir.

Nous nous installâmes donc dans un appartement mis à disposition par son père dans le XVIe arrondissement, qui se situe à dix minutes à pied du sien.

Il ne nous le loue pas, à titre gracieux, uniquement par bonté de cœur. Il espère que cette proximité le rapprochera de Charlie, et par un effet domino, créera des liens entre elle et sa belle-famille, mais connaissant ma belle effrontée, et la ténacité de sa rancœur, je doute qu'il y parvienne un jour. Néanmoins je lui laisse ses espoirs, car un homme a le droit de rêver.

J'avais initialement prévu de vendre mon appartement pour nous en acheter un nouveau, mais quand il fut informé de ma décision, son père insista pour nous louer le sien. Les délais très courts dont je disposais m'obligèrent à accepter. Je mis Charlie devant le fait accompli, car je savais qu'elle aurait refusé, et m'aurait obligé à faire un miracle dont j'étais incapable. Il lui fallut une dizaine de mois, pour se faire une raison.

Nos appartements respectifs sont en location, parce que Charlie s'est catégoriquement opposée à leur vente. Elle dit, avec raison, que nous serons soulagés d'avoir une solution de repli, si notre énième tentative s'avérait être un fiasco.

Au cours des deux semaines précédant sa sortie, son père et moi, nous nous occupâmes du déménagement et de toutes les démarches. Nous étions plus proches que jamais, unis par notre volonté de l'aider à aller mieux. Nous l'aimions tous les deux, mais nous étions impliqués pour des raisons différentes. Son père voulait se racheter, moi, je voulais la sauver.

L'appartement est un duplex comportant quatre chambres. Je m'étais décarcassé pour en faire, dans le court délai qui m'était imparti, un vrai foyer, et la suite parentale, le lieu idéal pour célébrer notre amour. Malheureusement, je dus museler mes bas instincts. J'avais envie d'elle, j'ai toujours envie d'elle, ce désir est ma damnation, mais Charlie avait perdu de son répondant. Elle était indifférente, et froide. D'abord déstabilisé, puis profondément vexé, je pus enfin l'accepter, quand je constatai, qu'elle ne supportait tout simplement plus que quiconque la touche. Après avoir maltraité son corps, ces dernières années, elle le préservait désormais avec jalousie. J'essayai de relever ce nouveau défi, car je compris qu'elle avait besoin de temps pour se réapproprier son corps et sa sexualité. Nous fîmes chambre à part, pendant une année.

Nous vivons une vie de famille ordinaire, et je dois l'avouer un peu ennuyeuse. Charlie recommença à travailler très rapidement, encouragée par son médecin qui trouvait judicieux qu'elle reprenne très vite un rythme de vie normal. Après la naissance de notre fille, elle décida de travailler à distance, depuis notre appartement. Il n'est pas rare qu'elle reçoive ses clients chez nous.

Nous sommes un couple fusionnel, je crois que ce comportement est dans l'ADN même de notre relation. Tous les soirs, je me précipite chez moi. Je quitte les locaux de ma société à 18h tapantes, quelles que soient les circonstances, et les urgences. J'ai pris un jeune associé ultra motivé, qui prend à sa charge une grande partie de mes activités. Je ne suis désormais plus qu'un décisionnaire, et je ne m'implique que sur mes comptes clients historiques.

Parce Que Je L'aimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant