Charlie - Retrouvailles Amères

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Je lis la surprise et l'étonnement dans son regard. Malgré sa lettre, il ne s'attendait vraisemblablement pas à me trouver sur le pas de sa porte. Dans un silence inconfortable, nous nous fixons pendant quelques minutes. Puis, ses yeux vont et viennent de mon ventre arrondi à mon visage.

— Charlie, me dit-il finalement, en prononçant mon nom dans un murmure incrédule.

Mais rapidement, il se reprend :

— Ta visite tombe mal, continue-t-il avec plus de fermeté dans la voix.

— Je sais, je m'en excuse. Il faut qu'on parle. J'ai reçu ta lettre.

— Ah, la fameuse lettre, me répond-il avec indifférence.

Je n'arrive pas à faire le lien entre son attitude et ces mots qu'il a écrits et qui m'ont poussé à croire, qu'il m'aimait encore. Déjà, je regrette de m'être ainsi exposée, d'avoir abattu la première carte.

— Je m'excuse de t'avoir dérangé, je lance précipitamment en commençant à me détourner pour mettre au plus vite un terme à cette mascarade.

Je compte rentrer chez moi, reprendre le cours de ma vie et oublier que je me suis laissée aller à une telle bêtise.

— Attends, me dit Thomas en me retenant par le bras.

Puis, il m'attire à l'intérieur de son appartement et claque la porte derrière nous.

— Attends-moi dans le séjour, me lance-t-il avant de se diriger vers sa chambre, dont il claque également la porte derrière lui.

Quelques minutes plus tard, des éclats de voix me parviennent. Je comprends avec horreur qu'il a de la compagnie et que j'ai peut-être, involontairement, interrompu un moment d'intimité. En regardant ma montre, je m'aperçois qu'il est à peine neuf heures du matin. En effet, l'horaire est très matinal pour une visite de courtoisie.

Mortifiée, je pense à leur fausser compagnie, mais finis par rester assise, incapable de me décider.

Une demi-heure plus tard, la porte de la chambre s'ouvre et je vois passer, se dirigeant vers l'entrée, Thomas et la fille en compagnie de laquelle, je l'ai croisé devant son immeuble à plusieurs reprises.

Quelques instants plus tard, le bruit de leurs baisers me parvient distinctement et rajoute grandement à mon malaise. Je saisis la télécommande posée sur la table basse, allume la télé, en monte le son quasiment au niveau le plus élevé. Je préfère que mes bonnes manières soient remises en question plutôt que d'être le spectateur de leurs moments de tendresse.

Après ce qui me semble être une éternité, Thomas me rejoint dans le séjour et s'installe sur le canapé à côté du mien. Sans mot dire, il me reprend la télécommande, baisse le volume de la télé avant de jeter celle-ci au sol dans un geste qui prouve son exaspération.

— Tu es enceinte, me dit-il en soulignant l'évidence.

— Oui, je réponds gênée.

— Est-ce le mien ?

Prise de court, car je ne m'attendais pas à cette question, je suis contrainte dans l'urgence, de dire la vérité.

— Je ne sais pas, je réponds morte de honte.

— Tu ne sais pas, répète-t-il comme pour se convaincre qu'il a bien compris.

— Je ne sais pas, je redis, cette fois avec plus de fermeté.

Je ne me laisserais pas déstabiliser par son jugement. Ce corps est le mien. Cet enfant est le mien. Peu importe qui est le père.

— N'as-tu pas vérifié ?

Parce Que Je L'aimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant