Thomas - Coeur En Éclats

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Le lendemain, je me réveillai en fin de journée avec la gueule explosée et un mal de tête phénoménal. Pour compléter le tout, j'avais mal partout et le moindre de mes mouvements était douloureux. Ma bonne trentaine se rappelait à moi de la plus impitoyable des façons. Je ne pouvais plus m'amuser, toute la nuit, sans en payer les conséquences.

J'étais seul dans le lit. Lentement, je me levai et parcourus l'appartement à sa recherche sans grande conviction. Je sus, avant même de le constater, qu'elle s'était déjà éclipsée. Je retournai m'allonger dans mon lit et restai immobile, les yeux dans le vague. Brusquement, je me rappelai d'Alex. Pris dans les filets de Charlie, j'avais oublié jusqu'à son existence, mais je ne m'inquiétai pas pour lui. Alex était un électron libre qui retombait toujours sur ses pattes. Je me promis de l'appeler dans la semaine pour prendre de ses nouvelles et lui raconter mes déboires.

Au bout d'une heure à fixer mon plafond, sans force ni motivation, je finis par me lever. J'entrai dans la salle de bain pour me brosser les dents et me laver le visage. Je me contemplai longuement dans le miroir en luttant pour ne pas penser à elle, sans y parvenir. J'étais profondément blessé, qu'elle se soit éclipsée comme une voleuse. Me prenait-elle pour un tyran, capable de la retenir contre son gré ? Nous avions partagé une nuit mémorable. Malheureusement, pour elle, la magie n'opéra pas et la balance ne pencha pas de mon côté.

Elle valait tellement mieux que ce rôle de garce qu'elle jouait. Nous nous connaissions à peine. Pourtant, je sentais au fond de moi, je sentais dans mes tripes, qu'elle valait bien plus que ce qu'elle laissait percevoir. Je le lisais dans ses yeux. Eux ne mentaient pas, ne prétendaient pas. Au travers d'eux, je voyais son âme et elle était belle. Elle était immense.

Je me rendis à la cuisine et me préparai un café bien corsé pour finir de me réveiller. La tasse à la main, je m'installai dans le séjour où je luttai contre l'envie de lui écrire. Ma résistance dura une heure, puis, de guerre lasse, je lui adressai un SMS, pour m'assurer qu'elle était bien rentrée.

Je passai le reste de la journée assis sur le canapé à consommer de mauvais reportages et émissions diffusés à la télé. Je ne savais quoi faire pour me sortir de ma misère. Je sursautais à chaque fois que mon téléphone sonnait, je retenais mon souffle en lisant le nom de l'expéditeur, mais ce n'était pas elle, ce n'était jamais elle. J'étais dans un infernal ascenseur émotionnel possédant seulement deux arrêts : "Espoir" et "Déception" et je passai de l'un à l'autre pendant la soirée.

Le dimanche, au réveil, mon SMS était resté sans réponse. Résigné, je compris que notre histoire n'irait pas au-delà de la nuit précédente. Tout se passait comme je le souhaitais. Je n'espérais d'elle, qu'une nuit de passion, puis nous nous faisions nos adieux. Dans mon scénario égocentrique, elle m'aurait ensuite harcelé pour obtenir un autre rendez-vous. En réponse, je l'aurais envoyé sur les roses avec indifférence. Une partie de mon scénario se réalisa, pourtant j'étais loin d'être satisfait.

Mon cœur en éclats me poussa à avouer que je désirais plus, qu'avec elle, je voulais vivre l'amour jusqu'à la dernière goutte. Cet amour qui commence par un regard, une nuit, quelques caresses, se poursuit aux pieds de l'hôtel et s'amplifie dans les couloirs d'une maternité.

Mon amour pour elle, était prédestiné. C'est la seule raison qui justifie mon attachement rapide et obsessionnel. Je suis accro à elle. Charlie est ma drogue. Quand elle est avec moi, j'en veux plus, toujours plus et quand elle m'abandonne, je suis en manque, physiquement, sentimentalement, atrocement. À l'opposé des objectifs de ce stupide défi, elle était la seule à décider dans cette relation. Je n'étais qu'un pauvre pantin qui agissait à sa guise.

Dimanche soir, je m'avouai vaincu.

Lundi, je me réveillai en colère contre elle. Je pensai à Joanna et je fus heureux de son retour imminent. Elle rentrait dans la soirée. Je comptais sur elle pour me remettre d'aplomb et me faire oublier cette obsession qui me ravageait. Pourtant, lorsque je la tins dans mes bras, je ne pensai qu'à Charlie. Sans cesse, je les comparais, toujours au détriment de Joanna, alors qu'elle me donnait tout et plus encore.

Aucune de ses attentions ne trouva grâce à mes yeux. Elle n'était pas Charlie, ne lui arrivait pas à la cheville. Notre relation m'ennuyait et bientôt j'allai à nos rendez-vous en traînant des pieds. Je lui fis l'amour mollement, sans conviction.

Au bout de deux mois, nous décidâmes, elle, plus que moi, de mettre un terme à notre relation. Lorsqu'elle me fit part de sa décision, je ne luttai pas pour la retenir. J'éprouvai, au contraire, un réel soulagement à la regarder prendre ses maigres possessions et quitter mon appartement. Plus tard, j'eus honte de mon comportement. Je n'avais clairement pas été à la hauteur. J'hésitai longtemps à la recontacter, mais je savais au fond de moi, que mes excuses arriveraient trop tard. Au final, que rachètent les excuses, lorsque le mal est déjà fait ?

Un soir, six mois tard, alors que je ne m'y attendais plus, je reçus un message, en provenance de Charlie. Un seul message, et déjà, mon cœur chavirait. Par ego, je lui répondis trois heures plus tard. Pendant ces trois heures, pour ne pas flancher, j'éteignis mon téléphone, le cachai sous l'oreiller dans ma chambre, sous le canapé du séjour. J'en étais réduit à de telles stupidités, pour elle, à cause d'elle.

Je l'aime trop, je l'ai trop aimé, trop vite, trop intensément mais une fois encore, je ne suis qu'un homme. Comment aurais-je pu lutter contre ma destinée ?

Parce Que Je L'aimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant