Escape || T1

8 juillet 2015, 00h36.

6 Heures avant l'aube.

Les événements prennent un peu plus de sérieux. Certains d'entre nous sommes recouverts de sang. Nous avons la mort de quelqu'un sur la conscience. Nous arrivons chez Nova.

Il n'y a personne. Et c'est pas plus mal. Harry rentre le premier, et pendant tout le chemin du retour, il était passablement sur les nerfs ( maintenant encore ), ce qui est tout à fait compréhensible. Il ouvre violemment la porte, et monte directement dans la salle de bain. Je fronce les yeux, en le regardant s'éloigner. Le silence nous a accompagné partout, depuis quelques heures. Personne ne dit un mot. Tate, lui, s'effondre sur une chaise, et pose sa tête dans le creux de ses bras. Je m'approche de lui, et pose doucement ma main sur son épaule. Il se redresse, et me regarde. Son regard me glace le sang. Plein de tristesse. Seulement de tristesse. Il se lève et me prend dans ses bras. Je le serre un peu plus. Ces événements nous rendent faibles et vulnérables. C'est incroyable combien, dans certaines situations, les mots sont inutiles. Ici par exemple. Nous n'avons pas à parler. Nous sommes beaucoup trop bouleversé et je pense bien qu'aucun d'entre nous avons la force d'émettre quelconque son. Je me mords la lèvre en regardant les escaliers. Je me décide de rejoindre Harry.

J'entre dans la pièce. Il est assis au bord du lit, et recouvre ses yeux avec ses mains, où on voit encore les traces de sang. Il m'entend rentrer et relève son visage. Ses yeux sont sombres. Sombres de tristesse, sombres de désespoir.

-J'ai tué, on a tué bordel.

Comme s'il se doutait de pourquoi j'étais ici, il commence.

-C'était horrible, Liv. Son œil ancré dans le bout de mon arme.

Il se balance doucement sur lui-même, pour tenter de se calmer. Puis, je me rends compte que, moi-même, je suis incapable de le rassurer, puisque je ne peux le faire pour moi. Je suis dans le même état que lui. Puis, lorsque je repense à la scène où j'ai enfoncé mon marteau dans le crâne de ce garçon, je tressaille. J'ai l'impression que tout tourne autour de moi. J'ai seulement envie de me rouler en boule et de tout oublier. Oublier comment j'ai opté la vie de ce jeune garçon. Le sang qui gicle, ce liquide pourpre et chaud, qui s'écrase violemment sur mon visage. Mes lèvres, mes joues, mon front, mes paupières. Qui recouvre mes mains, mes vêtements. Les lambeaux de chair et d'os qui se propulsent et s'éparpillent un peu partout dans la pièce. Je n'arrive pas à croire ce qui s'est passé. Je n'arrive pas à l'accepter. Puis, mes yeux pleins de larmes quittent le sol pour se poser de nouveau sur Harry. Je m'avance alors d'un pas incertain et faible jusqu'à lui, et m'assois à côté.

-Tu n'as pas à t'en vouloir, Harry, je commence doucement. Tu t'es défendu, tu nous as défendu, et surement sauvés la vie.

Il relève la tête et s'arrête direct. Et je comprends que mes paroles ne lui sont d'aucune aide, et n'ont aucun sens, sortant de ma bouche. Car je suis comme lui, autant bouleversée. Et il le sait. Je soupire.

-Arrête de faire semblant.

Je le regarde, avec un air dépité, puis baisse la tête.

-Désolé, s'excuse-t-il.

Je hausse les épaules et lui offre un demi-sourire forcé pour tenter de le rassurer. Puis, je me lève et sors de la pièce. Je suis épuisée. Je m'apprête alors à sortir de la maison, pour rejoindre la mienne, et dormir. Mais Matthew m'en empêche.

-Levanah...?

Mon visage se décompose alors que je lui tourne le dos. Je fais alors volte face, changeant mon expression faciale en un sourire.