8 juillet 2015, 22h34.

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Le silence est le seul bruit qu'on perçoit. Nous avançons sans envie, plein de rage et de peine.

Chaque pas que j'effectue me brise un peu plus. Huit morts en l'espace de deux jours. Je n'arrive pas à y croire.

Ariana, Kyle.

Rien que leur prénom se promenant dans mes pensées m'arrache des larmes. Comment on a pu chier à ce point ? On aurait pu les sauver !

Kit, Tyler, Cece, Annesley, Ronnie et Tony.

Des corps à bout de force qui s'effondrent au sol. Des hurlements qui résonnent.

La panique, le sang, l'horreur, la peur.

Nous marchons dans la forêt sombre. Je suis plutôt soulagée qu'il fasse nuit noire, car ça peut cacher mon visage recouvert de larmes.

Nous marchons, mais malgré le silence, je peux entendre la plupart d'entre nous pleurer.

Un gouffre s'est formé. Le silence l'alimente. Il faut qu'on sorte de ce silence éternel, ça ne peut sérieusement plus durer. D'un revers de main, j'essuie mes larmes, et relève la tête en m'arrêtant. Tous s'arrête et je me plante devant eux.

-On va s'en sortir, pour eux. Okay ?

Legacy pleure, mais ne dit rien.

-T'es consciente de ce que tu dis ? T'es consciente qu'il n'y a plus aucun espoir.

Jimmy articule la moindre syllabe qu'il prononce.

-Ecoute, si t'as envie de rien faire pour reconstruire les choses, pour essayer d'aller mieux, c'est ton problème ! Mais bordel, on va pas rester le peu de temps qu'il nous reste à vivre dans ce silence pesant !

Il lève ses yeux vers moi, d'un air grave. D'un air que je lui ai rarement connu.

-On ne pourra jamais rien reconstruire, on ne pourra plus jamais rire pour de vrai, après tout ça. Plus rien ne sera comme avant. Tout ne sera plus qu'un tissu de mensonge. Nos sourires, nos paroles. Qu'un semblant. Comme une vitre qu'on ne pourra jamais reconstruire.

Je baisse la tête, blessée par ses paroles qui, je le sais, sont absolument vraies.

Il s'approche et me prend dans ses bras. Ce simple geste, qui me surprend plus qu'autre chose, m'apaise. Car je me dis que malgré nos différents, nous sommes tous dans la même merde. Puis, je sais pas. Je le serre aussi fort que je le peux. Une fois que nous avons fini notre étreinte, je regarde autour de moi. Tous nous ont attendu, sauf Harry et River qui sont déjà partis.

On reprend notre chemin, et, à notre plus grande surprise, une conversation reprend doucement.

On parle de nos plus grosses conneries ! Des petits rires timides raisonnent même entre les longs arbres sombres.

-Je me rappelle du jour où j'avais volé la voiture de mes parents pour aller à une fête, avoue Legacy.

Mes yeux s'écarquillent.

-Mais t'as l'air d'un ange !

Elle me sourit.

Nous marchons encore. Matthew s'approche de moi.

-Et toi, t'as plus grosse connerie ?

Je souris, n'ayant pas vraiment d'idée.

-J'suis réellement un ange, moi, je déclare en riant doucement. Je marque un temps de pause, pour réfléchir. Puis ça y est, ça me revient ! Ah, oui ! J'ai souvent fait le mur, pour aller à des fêtes, après, j'ai écrasé le chat de ma voisine en voulant utiliser la voiture de mes parents, j'ai brisé la vitre de ma meilleure amie en voulant faire comme dans les films, je me tourne vers lui, pour voir s'il voit de quoi je parle. J'étais en bas, dans son jardin, et je balançais des petits graviers pour l'appeler afin que justement on aille à une soirée !

Je me souviens parfaitement de ce soir-là. Elle avait recouvert la vitre avec une serviette de bain, puis on est partie à la fête. Ce sentiment, que personne ignore, m'envahit. Un sentiment de nostalgie. Une nostalgie profonde, qui, dans ce cas-là, te bouffe. Mais, je refuse de me laisser abattre. Je ré-affiche un sourire sur mon visage, me reprenant en main, et lève ma tête vers Matthew.

-Et toi ?

Il se met à rire. Un rire étonnement franc. Allez savoir pourquoi, ça me fait sourire. Plus fort encore, je commence à entrer dans son fou rire. Alors qu'au contraire, la situation est le total contraire de ce qu'il y a de marrant. Mais les nerfs se relâchent.

Je ne me préoccupe pas des autres, je suis dans ma propre bulle, où seuls le rire de Matthew et de le mien règnent. On continue de rire, en marchant, les autres se joignent à nous. On marche dans la forêt sombre, fraîche. Je jette un regard rapide à Harry, et l'aperçoit. Il est à l'écart et marche la tête baissée, sans rien dire. Chose qui ne lui ressemble pas. Je le rejoins alors, quittant l'euphorie des autres. On ralentit un peu, pour être à l'écart. Mon cœur bat la chamade, et j'ignore totalement pourquoi.

  -Ça va Harry...?

  Je demande doucement.

  -Non ! Kyle est mort bordel, Ariana avec ! La plupart d'entre nous est partie. Comment vous pouvez rire ! Vous vous en foutez ?

  Bah si mon cœur battait la chamade, actuellement, c'est le sang dans mes veines qui s'emporte.

  -T'es sérieux ? T'oses dire qu'on s'en fout ? Mais t'es pathétique.

  Je veux même pas entendre sa réplique. Les larmes me montent. À cause de ses paroles et du fait que je repense à Ariana, Kyle...
  Je n'ai pas envie qu'il voit mes larmes, en fait, je n'ai pas envie de le voir tout court.

  -Bah vas avec Matthew, puisqu'il n'est pas pathétique, lance-t-il furieusement, en voyant que je pars.

   Je serre ma mâchoire et mes poings, prenant énormément sur moi afin de ne pas me retourner et lui balancer des tas de choses à la gueule. J'avance rapidement et me faufile à travers le groupe, pour arriver près de Matthew, qui est tout devant avec Jimmy.

  -Ma petite Livy !

Il passe son bras autour de mon épaule, me balançant doucement. Jimmy rigole, et nous bouscule doucement pour nous taquiner.

-J'espère au moins que tu sais où on va, plaisante le brun.

  Je m'arrête, incitant les deux autres à faire de même, et attend Tate. Il lève ses yeux bruns vers nous et nous sourit, comme pour nous demander ce qu'il se passe.

-Alors, c'est par où ?

Il regarde le paysage autour, analysant.

-Eh bien, ce rocher, nous y sommes passé à plusieurs reprises me semblent-il. Nous sommes sur la bonne voie. Normalement, il faut qu'on continue encore pendant une ou deux heures.

Il mime la direction avec ses mains et on le remercie.

Nos rires s'envolent doucement comme des oiseaux qui veulent toucher les nuages. Ils s'élèvent doucement dans le ciel, vers cette vaste infinité.

Je suis toujours collée contre Matthew, et sa présence me rassure, mais je ne vais pas mentir, j'aurai préféré que ce soit Harry qui me prenne dans ses bras.

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Tenez, la suite eheh

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All the love, as always. C.

Escape || T1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant