Il était quatre heures du matin quand Lauren avait fini la toile. Elle ne voulait pas me la montrer, pas avant le lendemain. Je n'insistais pas. Elle me demanda de passer plus tôt dans la journée qui suivait pour voir ses vraies toiles (celles que j'avais vues n'allaient pas être exposées) et de l'aider un petit peu. Je fus d'accord et elle me proposa de fumer sur la terrasse, et je la suivis. J'avais l'impression que je ne pouvais rien lui refuser. Nous étions sur la terrasse, dans le noir, avec seulement le bout de nos cigarettes rouges qui faisaient de la lumière, sous la faible lueur des étoiles.
-"Sur quoi écris-tu, Camila?" demanda Lauren en me regardant.
-"J'avais commencé à écrire une histoire inspirée de ma plate romance avec Alex mais j'ai arrêté. J'écris ce qui me passe par l'esprit et une fois que j'ai de la matière, ça devient sérieux. En ce moment j'écris sur la ville, la rupture, la distance et je pense bientôt écrire sur toi."
Elle parut surprise, mais flattée. Elle sourit et embrassa ma main puis elle posa la sienne dessus.Dans mon lit, je repensais à la journée et la nuit qui venait de s'écouler. Je n'étais pas rassasiée, j'avais besoin de plus, étrangement. J'avais hâte de la revoir quelques heures plus tard et j'avais déjà le sentiment amer de la quitter après. Tout était allé super vite. Je l'avais rencontré cinq jours avant et voilà qu'elle avait déjà bouleversé le déroulement des choses. Je sentais une immense connexion entre nous deux, peut être expliquée par le fait qu'on soit parisiennes et artistes. Et elle me regardait comme je n'avais jamais regardé personne. Comme si j'étais la prunelle de ses yeux, je le voyais. Peut être que je la fascinait, mais elle l'était davantage. Elle était comme le premier film qui vous fait pleurer, comme le premier livre qu'il faut que vous relisiez, comme un nouveau fruit que l'on goûte et dont on en achète des tonnes, comme le ciel quand il s'apprête à recevoir le tonnerre accompagné de sa foudre et de ses nuages violets. Elle rayonnait, comme un astre, mais demeurait pleine de douceur.
Je m'endormis sur ces pensées et me réveillai tard, vers treize heures. En me redressant, un souvenir frais mais qui paraissait lointain m'envahit. J'avais fait un rêve, dont je n'avais que quelques pièces. Par réflexe, je saisis mon carnet et mon stylo sur la table de chevet et commençai à écrire.
Elle est là. Tout près de moi, et j'ai l'impression qu'elle est à des millions de kilomètres, mais pourtant, je la respire. Elle ne porte rien et elle est délicate, veloutée. Elle me regarde. La teinte de ses yeux me rappelle l'océan, la baie. La forêt, le ciel et une prairie. Ses joues roses sont tièdes, et son buste est chaud. Elle m'embrasse tendrement, et je sens la lumière entrer en moi, tout comme ses lèvres se font un chemin à travers les miennes.
On toqua à la porte.
-"Entrez!"
La porte s'ouvrit et je vis Lauren. Elle s'approcha du lit.
-"Bonjour, Picasso. Qu'est-ce que tu fais ici?"
-"Coucou, Dickens. Je pourrais te poser la même question, je suis venue te chercher."
J'étais encore en sous vêtements et mon carnet était encore ouvert. Je le refermai brutalement, par peur qu'elle lise ce que je venais d'écrire. Pourquoi avais-je peur?
-"Qu'est-ce que tu écrivais?" demanda-t-elle, en ayant vu ma précipitation.
-"Je...j'ai fait un drôle de rêve et j'ai voulu le mettre à l'écrit avant de l'oublier." balbutiai-je.
-"Oh? Quel genre de rêve?"
Elle s'était assise sur le lit.
-"Je ne préfère pas que tu saches, no offense."
-"Allez, Camila, fais moi lire, je ne te jugerai jamais."
Lui accordant encore ce qu'elle désirait, je lui tendis le carnet, en ouvrant la page en question. Elle le prit et commença à lire. Elle paraissait confuse.
-"Qui-est-ce qui a des yeux comme ça, Camila?" demanda-t-elle en me rendant le carnet.
-"J'imagine que c'est toi."
Je l'avais pas vu venir. Je ne pensais pas pouvoir dire ça, surtout dans un moment comme celui-là. Elle rougît.
-"Oh."
-"Ouais on me dit souvent ça."
-"C'est pas ce que je veux dire mais...Ça veut dire que tu as rêvé de moi?"
-"Je pense."
-"De cette manière là?"
Elle me posait ces questions sans paraître offensée, elle paraissait plutôt ravie.
-"Ouais...C'est mal? Enfin je sais pas ce qui se trame dans ma tête des fois."
-"Non c'est bien, ça montre que je suis pas la seule."
-"Tu rêves de moi? De cette manière là?"
Elle me fixa puis regarda ses pieds.
-"Prépare-toi, j'ai besoin de ton aide à la maison." répondit-t-elle en évitant mon regard. Je me levai et me dirigeai vers la salle de bain. Je regardais toujours Lauren, qui était sur son téléphone. Je ne comprenais pas pourquoi Lauren avait évité ma question alors que j'avais répondu aux siennes, honnêtement en plus. Je pris une douche rapide et me brossais les dents, puis passais au maquillage.
Je sortis de la salle de bain avec mon peignoir sur le dos et Lauren était toujours sur le lit.
-"Tenue correcte exigée ce soir?" demandais-je en fouillant dans ma valise.
-"Ouais je pense. Pas trop non plus."
Je hochai ma tête et cherchais ma tenue d'aujourd'hui ainsi que celle de ce soir. Prête, Lauren me conduit à sa voiture. Lauren me parlait de certaines choses qu'elle voulait régler une fois chez elle. Elle avait remonté les toiles qu'elle avait conservées au sous sol et un ami était en train de les installer à la place des autres. Elle me parlait des petites étiquettes à placer en dessous des tableaux et du traiteur qui allait arriver à seize heures. Elle me parla du champagne à acheter, du balai à passer, du salon à ranger, et elle me disait qu'elle n'avait pas osé me demander de rester la nuit chez elle pour l'aider le matin. Je ne savais pas quoi dire et j'essayais de la rassurer même si j'étais la pire dans ce domaine là. Elle me disait qu'elle était désolée de m'imposer ça et je lui répondis que je l'aurais fait avec plaisir de toutes manières.
Les toiles de Lauren étaient formidables. Elle s'était approprié un genre qui, dans l'art moderne, méritait d'être encore plus valorisé. Les peintures qui étaient exposées étaient un peu éloignées du style des tableaux qui étaient à l'origine dans son duplex mais on voyait très bien la patte de Lauren à travers chaque nuance.
Lauren n'était pas stressée, du moins, elle ne me le montrait pas. Elle était partie acheter les bouteilles de champagne en bas et m'avait laissée avec Frantz, son vieux pote des Beaux Arts. On avait collé les petites étiquettes en dessous des tableaux, parce qu'il avait déjà tout mis aux murs. Il était très gentil mais très discret, silencieux, timide mais je pouvais en placer une sans pour autant me sentir inconfortable. Quand Lauren revint, elle était avec son traiteur, qui était suivit d'autres membres du personnel, ceux qui, d'après moi , portaient les plateaux argentées avec les amuse-gueules. Ils portaient tous des énormes cartons. Qui contenaient sûrement de la bouffe. Lauren ne me portait pas trop attention, elle était occupée à dire aux autres ce qu'ils devaient faire et je vis la vraie business woman qu'elle était. Quand tout fut installé dans le duplex, elle s'accorda une pause et m'emmena dans sa chambre où personne ne se trouvait. Elle alluma une cigarette et se jeta sur son lit. Elle soupira très longtemps, s'accouda en me regardant.
-"Pour répondre à ta question de ce matin, je rêve de toi depuis qu'on s'est rencontrées."
Mon cœur poussa un cri, j'avais l'impression de crever. Mais pourquoi? Lauren était juste mon amie et ça faisait à peine une semaine que je la connaissais, mais pourtant je sentais que quelque chose de particulier se passait quand j'étais avec elle. Je ne dis rien et attendais qu'elle le fasse.
-"Tu penses que c'est bizarre?" demanda-t-elle.
-"J'en sais rien, ça veut peut être rien dire dans le fond."
Elle reprit une latte de sa cigarette et regarda le plafond.
-"T'as sûrement raison mais je rêve pas de tout le monde, Camila."
Je montai sur le lit et l'approchai. Je m'allongeai auprès d'elle et mis une de ses mèches derrière son oreille.
-"Quoi que cela puisse dire, oublie pas que je suis la première à avoir fait un texte débile qui racontait un rêve ou tu m'embrassais."
Elle explosa de rire.
-"Mais pourtant, je la respire" cita-t-elle en se moquant.
-"TAIS TOI!! Tu m'as forcée à te le montrer." la grondais-je, sans garder mon sérieux.
-"Je plaisante, c'était très mignon. Et je sais que tu peux rien me refuser, alors à quoi bon regretter?" dit-t-elle, narquoise.
-"Je rêve, Lauren. Je peux te refuser plein de trucs!"
-"Ah ouais?"
Elle me narguait et j'y prenais du plaisir.
-"Carrément."
-"Alors embrasse-moi."
-"LAUREN ON A BESOIN DE TOI!" interrompit Frantz, qui entra dans la chambre.
Lauren grogna et porta attention au jeune homme.
-"Pouce!! Tu vois pas que je prends une pause?"
-"Le traiteur a plus de crevettes, Lauren."
-"Ai-je l'air de m'en soucier?"
-"Pas de crevettes-mayonnaise sans crevettes, imbécile."
-"Mais on mangera autre chose, Frantz! Tu veux que je fasse quoi?"
-"Vas en chercher."
Elle poussa un cri d'exaspération.
-"OK."
Elle me serra la main et s'en alla avec Frantz. Je profitais de ce moment seule pour me changer et me maquiller.// note de l'auteur: je reprends les cours cette semaine donc j'essaierai au mieux de poster deux ou trois chapitres :) -@laurensdeluxe (twi) \\
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Évidence
Fanfiction"Tu es la clarté qui attire mes démons Tu es l'objet inoxydable de mes contemplations Tu es un trésor banni, sombre et impossible à trouver Tu es l'œuvre de mes désespoirs et désirs cachés Tu es un siècle de chance mais une éternité de déchéance T...