8. Trait

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Il y eut d'autres baisers. Dans son lit, dans sa cuisine, dans son atelier, dans son salon. Certains duraient quelques secondes, et me laissaient toujours sur ma faim, et d'autres duraient plus longtemps. À chaque fois, la sensation variait ou m'en rappelait d'autres. Le confort, la passion, l'adoration, l'amour, le désir, l'affection. Et à chaque fois, je pouvais explorer sa magnifique bouche davantage. Lauren embrassait très bien. Très, très, très bien et je pense que je n'étais pas mal non plus.

J'allais me rendre chez Mme Price le dimanche soir. On était restées en contact et j'étais ravie de pouvoir m'occuper de sa fille bientôt. Lauren allait me manquer, pour sûr, mais on pourrait toujours se voir, tous les jours si elle le souhaitait. Nous n'avions pas encore officialisé les choses, et je pense que c'était la meilleure solution.
Nous étions dans le square immense près de Buckingham Palace. Nous étions samedi et le soir même avait lieu l'anniversaire de Frantz. Nous allions le fêter dans une boîte branchée dans le centre de Londres, avec tous les amis de Lauren. Mais pour l'instant, je profitais du calme et de la sérénité de la douce après-midi que nous passions. J'étais allongée sur l'herbe, la tête sur les cuisses de Lauren et elle était adossée à un arbre. Elle dessinait et je lisais. Mon téléphone vibra. Je le sortis de ma poche et vis que c'était Alex qui m'appelait.
-"Oui?" répondis-je
-"Hey Mila. Ça va?"
Lauren vit que j'étais au téléphone et elle me demanda qui c'était. Je lui montrais mon écran et elle sourit.
-"Ouais...Et toi?"
-"Oui. Tu me manques. Je peux venir te voir lundi? J'ai fini mes examens, j'ai une pause de 4 jours."
Je regardai Lauren et hésitai.
-"Euh écoute Alex...C'est pas trop le moment là...J'suis pas mal occu..."
-"Me dis pas que t'as déjà trouvé quelqu'un?" me coupa-t-il.
Je paniquais un peu. Je n'avais pas envie de le blesser, surtout que je l'aimais encore beaucoup.
-"Je...Je ne peux pas, je suis occupée à partir de demain soir et ça m'étonnerait que tu puisses faire quelque chose avant cela."
Je me rattrapais mais j'avais l'air d'une adolescente.
-"Dis-moi la vérité, Camila."
Je regardai encore Lauren et lui secouai main, en quête d'aide. Elle était concentrée et ne me porta presque pas attention. Elle haussa les épaules et je compris qu'il fallait que je règle ça seule.
-"Ma vie sentimentale ne te regarde plus, Alex. Et même si c'était le cas, qu'est-ce que ça te ferait? On est plus ensemble, ta crise de jalousie n'a pas lieu d'être."
-"Et la bague?"
-"Je ne la porte plus. Ça me paraissait malhonnête de toujours penser que tu m'attendais alors que je -"
-"TU ES PRISE!"
-"Alex! Je raccroche, ne m'appelles plus si tu comptes faire ton gamin égocentrique qui court après son ex. On en a parlé plein de fois, et la dernière fois qu'on s'est vus tu étais d'accord. Pourquoi tu réagis comme ça? OUI JE SUIS DÉJÀ passée à autre chose et alors?! On a rien concrétisé et ça ne te regarde même pas! Maintenant si tu prétends tenir à moi, sois content à propos du fait que je sois heureuse!"
Je raccrochai. Lauren, qui avait remarqué mon agacement, m'observait. J'étais vraiment en colère contre Alex mais j'essayais de le comprendre d'un côté. On en avait déjà parlé avant mon départ et je ne lui avais rien promis.
-"Tu veux en parler?" me demanda Lauren, soucieuse.
Je réfléchis et ne voulant pas la mettre inconfortable ou gâcher notre après-midi, je refusai poliment.
-"Non mon cœur, ça va aller, merci."
Elle caressa mes cheveux et retourna à son dessin.

La soirée arriva et nous étions en route pour le club. Je m'étais remise de mes émotions concernant ma conversation téléphonique avec Alex et comptais profiter de cet anniversaire. Nous arrivâmes et l'ambiance était déjà électrique. Nous avions du mal à trouver le groupe de Lauren car ils étaient dispersés. Une fois cela fait, Lauren donna le cadeau à Frantz, il la remercia chaleureusement et l'emmena aux vestiaires. La fête battait de son plein et moi qui n'avais jamais vu Lauren danser, je ne fus pas étonnée de sa sensualité. Elle était à tomber par terre ce soir-là et je n'étais pas la seule à le remarquer. Je n'étais pas jalouse car elle aussi, n'avait d'yeux que pour moi, et j'en étais ravie. À un moment dans la soirée, Lauren s'absenta pour aller aux toilettes et j'étais restée au bar, avec Paula, une amie de Frantz. Au fil de la discussion, je remarquai que cela faisait pas mal de temps que Lauren était partie. Je m'excusai donc auprès de Paula et partis en direction des W-C. En ouvrant la porte, je vis Lauren, penchée vers le plan de travail du lavabo, les deux bras dessus. Elle entendit que quelqu'un était rentré et elle se retourna, effrayée. Je vis d'abord la peur dans ses yeux, puis ses pupilles dilatées et derrière elle, sur la surface vers laquelle elle s'était penchée, j'aperçus  deux traits blanc, et un billet de 10£ roulé sur lui-même. Je me posais beaucoup de questions au début, puis tout s'éclaircit mais cette clarté noircit. Mon interrogation et ma stupéfaction se transformèrent en furie profonde et sombre, en dégoût immense et une immense vague de tristesse. Je pense avoir gardé la bouche longtemps ouverte et m'être reculée au fur et à mesure de ma chute vers la haine que je portais pour ce que je venais de voir. J'avais bu assez de verres cette nuit-là pour laisser l'alcool amplifier mes émotions. Je sortis des toilettes et trouvai mon chemin jusqu'à la sortie. Dehors, les larmes aux yeux, j'essayai d'appeler un taxi afin de rentrer. Le chauffeur allait arriver dans quelques minutes et je l'attendais, dans l'ambiance glaciale de la rue. La porte d'entrée derrière moi d'ouvrit dans un grand bruit. Je me retournai et j'y trouvai Lauren, en pleurs. Elle s'approcha de moi mais je reculai. Elle me suppliait de l'écouter et elle n'arrêtait pas de dire 's'il te plaît'. Je finis par essayer de parler, dans mes sanglots.
-"De la coke, Lauren?! Sur toutes les merdes que tu pouvais m'apporter tu as choisi ÇA?!" criai-je.
-"Camila, écoute-moi..."
-"NON, Lauren. Pas maintenant."
Elle essaya de m'atteindre, mais avec le peu de force qui me restait, je la repoussai.
-"C'était bien trop beau hein? Lauren, l'artiste peintre parfaite qui vous vend du rêve? C'était bien trop facile d'aimer quelqu'un comme toi."
Je vociférais, des larmes de colère et de déception coulaient sur ma peau mais Lauren pleurait encore plus.
-"Je suis désolée, je-"
-"Non tu ne l'es pas. Je déteste ça, Lauren. Et pas parce que je joue aux fédéraux,  c'est parce que je t'aime! Je tiens à toi! Pour ce que je connais de toi, ça ne te ressemble pas! Pourquoi as-tu besoin de ça, hein pourquoi?!" J'explosai en sanglots et aperçus mon taxi arriver. Lauren comprit et s'approcha de moi pour m'empêcher de monter dans la voiture, en pleurant toujours. Je me retirais de son étreinte et fis mine de ne pas haïr sa tristesse, parce que ça me déchirait de l'intérieur. Peu importait la violence à laquelle je pouvais la détester elle sur le moment, si c'était possible de la détester, je haïssais encore plus ses larmes. Son expression. Son désespoir. Sa beauté si surprenante qui n'était plus qu'une inerte pièce de marbre brisé. Une partie de moi voulait lui pardonner, tout effacer et la consoler, mais si je tenais à elle je devais lui faire comprendre que c'était mal.
-"À demain, Lauren."
J'ouvris la portière et la quittai.

// note de l'auteur: voilà le chapitre 8!! il est un peu court pour un chapitre aussi dense 😕😕 j'espère que ça vous plaira quand même :)
bonne nuit à tous!!
-@laurensdeluxe (twi) \\

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