16. Imagination

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-POV Lauren-
Journal,
Je pensais que j'allais perdre Camila. Camila et ses cheveux bruns. Camila et ses yeux chocolat. Camila et ses livres, et ses courbes, et ses films, et ses siestes. J'avais causé le mal, ce qu'elle ne m'avait jamais causé. Comment allais-je faire pour réparer le cœur que j'aimais? Je me posais tant de questions, sur la suite qu'allaient prendre les évènements. J'étais perdue, et je me sentais infâme, dégueulasse. Oui, dégueulasse, parce que je venais de coucher avec une ex. C'était en dehors de mes principes, de tromper, mais je l'avais fait ! Un point connasse pour Lauren (un point de plus, parmi tant d'autres). Nous étions chez Gabriel, à la pendaison de crémaillère, mais nous en avions profité pour célébrer l'offre de mon nouveau poste à New-York. Lauren Jauregui allait aux États-Unis, pour continuer sa brillante carrière d'artiste, en compagnie de sa brillante petite amie qui venait d'accepter. On m'avait congratulée, couverte de compliments, tu t'en sortiras parfaitement là-bas ! Ça m'avait touchée, bien sûr. Et puis, Lou s'était montrée, je n'avais pas porté attention à elle, on se croisait souvent, aux soirées de Frantz. On était sorties ensemble juste avant que je rencontre Caedmon. Ça n'avait pas duré, c'était une peste. Absolument détestable, j'avais fait l'erreur de passer outre deux fois. En fait, la deuxième fois qu'une erreur se produit, c'est un choix. Il n'y a que les choix qui puissent vous conduire à un chamboulement, une merde. J'avais choisi (l'alcool m'avait beaucoup aidée en chemin, allez vas-y Laur', fais la conne, fais la souffrir) de coucher avec Lou, parce que je ne valais pas plus que la Lauren qui trompait sa copine, qui l'aimait. Lou m'avait fait du charme toute la soirée (n'avait-elle pas honte?) et je l'avais entrainée dans une chambre aux murs de peinture fraîche (ça ne sentait rien d'autre) au hasard en fin de soirée (n'avais-je pas honte?). Personne n'avait vu. Ça a été aussi loin que possible, c'était bizarre, maladroit, trop plein de fougue et d'alcool, je me sentais comme quelqu'un d'autre. En sortant de la chambre, en la laissant ivre morte sur le lit à peine défait, je pris la route du retour à pied. Je devais m'infliger 30 minutes de marche pour réfléchir à la connerie que je venais de faire, j'avais bafoué tout le respect que je portais pour ma relation avec Camila entre les cuisses d'une blonde un peu dérangée. Je n'avais même pas apprécié, j'avais fait ça ivre, pour les circonstances. Lauren, félicitée, à une fête (qui n'était même pas la sienne de base), sans sa copine, devait absolument s'envoyer en l'air, pour pomper encore plus sa fierté.  Parce que c'est ce que tout le monde fait, aller au max de sa fierté quand on peut en avoir. J'étais comme ça, je me sentais comme ça, en titubant sur le trottoir sec et carrelé. Et surtout, j'avais peur. J'avais peur de perdre la femme que j'aimais vraiment, celle dont je pouvais tout faire pour. Me lever à 6h pour aller chercher du lait parce qu'il en manquait pour faire des gaufres (que j'allais rater), annuler en rendez-vous en fin de journée pour la boucler avec elle et aller faire un tour près de la Tamise, lui offrir des pivoines (et pas autre chose) avec des brins de lavande (et pas autre chose), regarder un film Cucul jusqu'à la fin, parce qu'elle l'aimerait, elle. Puis j'étais arrivée à la maison et le plus dur restait à venir. Les aveux. La vérité. Je n'allais pas le cacher, j'étais une connasse mais pas à ce point, si? C'était affreux, j'avais l'impression de mourir, et Camila avait l'air de mourir aussi. Mourir de douleur, devant moi, son magnifique visage bouffi et plein de larmes et ses cris. Elle avait changé ses plans pour moi, et elle était prête à renoncer à tout pour moi. J'avais prouvé que je n'en n'étais pas digne. On s'était engueulées sans répit pendant des heures, je n'avais presque jamais ressenti autant de tristesse, de douleur, de culpabilité et de déception. J'étais triste d'avoir rendue Camila aussi basse, triste d'avoir brisé quelque chose. J'avais mal au cœur, parce que je voyais ma copine se décomposer jusqu'à n'être rien, elle ne comprenait pas, elle ne comprendrait jamais, et moi non plus. J'avais tout gâché. Tout nous était promis, mais je pensais que tout m'était dû, j'avais merdé. Elle avait décidé d'aller dormir dans une autre chambre. Ça avait sûrement apaisé son dégoût pour moi (pas la même pour moi). Elle devait voir sa mère le lendemain, et je ne savais pas comment Camila allait agir, vu que clairement, je venais de lui briser le cœur. Camila allait sûrement se refermer, parce que c'est tellement embarrassant (beaucoup plus que ça, en fait) de se faire tromper par sa première (sûrement la dernière) copine. On avait pas encore dit ce qu'on comptait faire de tout ce bordel, mais j'allais lui laisser tout le temps qu'elle voudrait. Je la voyais déjà réfléchir à ce qu'elle allait me dire ou me proposer ou voire même m'imposer. Elle se serait posée sur mon balcon, en mon absence, avec une bière allemande, une cigarette, et elle aurait regardé les toits, les immeubles, le ciel, les oiseaux et avions le tranchant. Elle se serait imaginée trois ans plus tard, à New-York avec la fille dont elle avait pardonné le péché, sans encombre (trop beau pour être vrai mais on est jamais trop vieux pour imaginer), la bague scintillante au doigt, elle m'aurait coûté une fortune, une façon à nous de nous dire "oui on a souffert, t'as tout foiré mais on reste ensemble" (par dépit ou par amour?). Dans sa rêverie, on serait à Coney Island à manger des glaces. Elle serait vêtue d'une petite robe rouge légère, assez légère pour que les hommes et les femmes la convoitent ou la jalousent. Elle porterait des escarpins à talons carrés comme dans les magazines, et elle me dirait qu'elle aurait dû mettre ses Converse. Et moi je serais en jupe courte blanche avec un t-shirt Adopt-a-Dog qu'elle m'aurait prêté, avec des baskets. Dans sa rêverie, on aurait suivi un destin que j'avais envisagé. Sinon, elle se serait imaginée trois ans plus tard, en attendant le métro à Bel-Air, dans le 12ème. Elle lirait, aurait les doigts nus et attendrait sa copine. Une rousse. Cette rousse serait juriste, ou avocate? Responsable en marketing? Étudiante en médecine? Nounou? Cette rousse l'aurait aperçue à Montmartre, dans la rue des artistes, où elle l'aurait vue regarder une toile parmi d'autres. Cette rousse l'aurait sans doute vue autre part, rue de Rennes, avec un gobelet de café dans la main. Cette rousse l'aurait trouvée délicieuse, elle se serait prise à la légère pour la draguer. Camila n'aurait pas compris tout de suite, elle n'est pas du style enjôleuse, mais elle lui aurait donné son numéro ou lui aurait accordé un deuxième tour à Starbucks. Ca aurait bien marché. Cette rousse l'aurait emmenée partout où elle avait déjà été mais c'est tellement mieux de refaire les choses à deux. Cette rousse l'aurait emmenée faire une tournée des friperies, dans le marais surtout, prendre un sorbet à la tour Montparnasse, visiter des musées. Ca lui aurait rappelé mon image, de voir ces tableaux. Mais cette rousse, Marine? Noémie? Gioia? L'aurait aimée, et Camila aussi. Comme Camila le méritait. Elle se serait dit, dans sa bulle, qu'elle aurait rencontré l'amour de sa vie. Je me serais dit que je venais de perdre le mien.

// bonjour tout le monde!! j'espère que vous avez passé un bel été. j'ai été très déçue par le premier chapitre d'Évidence 2, je ne l'ai pas écrit avec une conviction extrême et la suite était trop tordue à mon goût, c'est pour cela que j'ai décidé d'avorter le deuxième "tome" et de juste continuer à écrire ici, parce que la trame me paraît plus naturelle, maintenant. pour ceux qui ont lu le premier (et nul) chapitre d'Évidence 2, je vous "recommande" d'en oublier les idées qui ressortent, vu que je choisis une toute différente tournure des événements. je suis navrée. nous voilà en totale immersion dans le vrai monde de Lauren, à travers son journal. bonne lecture, j'essaierai de faire de mon mieux pour poster plus régulièrement (même si le bac arrive), vu que les chapitres (je le pense, à voir) seront plus plus courts.
merci de votre fidélité tout cet été et de vos commentaires, ça me fait chaud au cœur. Bonne fin de vacances 💜 -@laurensdeluxe \\

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