7. Premier

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La chose que je chérissais le plus étaient les réveils auprès de Lauren. J'étais toujours la première à me lever, et je la contemplais jusqu'à qu'elle ouvre les yeux. Elle avait l'air tellement plus jeune, et sa peau était tellement pâle, même si les rideaux étaient fermés, la faible lueur du jour éclairait la moindre parcelle immaculée de sa peau. Et quand elle se réveillait, elle souriait car elle voyait que je la regardais. Même si ça la gênait, elle aimait visiblement l'affection que je lui portais. Puis elle me disait bonjour en cherchant ma main sous les draps. Ses cheveux étaient en désordre et mais elle n'avait pas besoin d'un brushing pour être somptueuse à mes yeux. Puis on se racontait nos rêves et ce qu'on comptait faire le jour-même. Elle était restée plusieurs jours avec moi à l'hôtel, mais des fois nous repassions chez elle pour qu'elle prenne des affaires et règle des choses. La mère du bébé (Mrs Price) m'avait dit qu'elle n'aurait pas besoin de moi avant la fin de la semaine qui commençait. J'allais donc 'vivre' chez Lauren jusqu'à mon départ. Les trois jours qui venaient de passer étaient les meilleurs moments de mon expérience à Londres. Même si on ne passait pas beaucoup de temps dehors à cause du climat, je ne m'ennuyais pas avec Lauren. Elle était pleine de surprises et on partageait les mêmes intérêts. Elle me montrait les toiles qu'elle avait peintes durant son séminaire et je lui lisais encore ce que j'avais écrit sur elle pendant son absence. Quand on ne parlait pas, on s'allongeait juste sur le lit. Des fois on s'endormait mais la plupart du temps, on se regardait. Ça pouvait durer longtemps mais elle avait l'air d'y prendre goût, autant que moi. Elle m'avait dit à quel point j'étais belle ou à quel point elle avait envie de me dessiner, ce qu'elle faisait. Mais des fois, on continuait de se regarder et je lui retournais le compliment. Et on se regardait comme si on était sur le point de s'embrasser. J'avais réussi à retenir mes pulsions, difficilement. J'avais vraiment envie, au fond de moi, de l'embrasser. Et le fait de savoir qu'elle aussi voulait cela, m'en donnait encore plus envie. Mais il nous fallait plus de temps.
Le dernier jour à l'hôtel arriva et j'étais très excitée à l'idée de rester chez Lauren une semaine. Dans sa voiture, elle m'annonça le programme.
-"Bon alors. J'avais un planning de dingue cette semaine mais vu que tu restes à la maison, j'ai tout déplacé pour rester avec toi."
-"Lauren...Fallait pas. Franchement, je m'accommode à tout."
-"Sh-sh, je tiens à profiter du temps qu'on a ensemble, et tout ce que j'avais à faire peut attendre."
-"Ça me fait plaisir mais quand même."
-"Tais toi. Il y aura juste ma mère qui arrivera mardi avec mon chat, pour me le confier, parce qu'ils partent à Cuba avec mon père et ni mon frère ni ma sœur ne peuvent s'en occuper. Elle repartira directement en revanche."
-"J'adore les mères. Et les chats."
-"Surtout la mienne. Ma mère."
-"Lourd, Lauren."
Elle rit et se concentra sur la route. Elle chantonnait 'Asleep' des Smith et fumait une cigarette. Ses cheveux étaient glissés derrière ses lunettes de soleil et elle portait une marinière noire avec une salopette. J'étais tellement heureuse de pouvoir passer encore du temps avec elle, mais d'une part, j'appréhendais l'arrivée de sa mère. Qu'est-ce qu'elle allait penser de moi? Elle tourna son visage vers moi.
-"Quel temps superbe! Ça change de la pluie merdique qu'on a eu ce week-end. On ira bronzer sur ma terrasse."
Cette vision d'elle qui était resplendissante en conduisant me déclenchait un feu d'artifice dans le ventre.

On avait passé une soirée fabuleuse et le lundi fut très calme. On partît juste prendre un café près de The London Eye. Lauren avait essayé de me prendre la main dans la rue, mais je voyais qu'elle avait peur et ce serait mentir de dire que ce n'était pas mon cas. Mais derrière cette peur se cachait le désir incommensurable de la clamer mienne. Comme si rien d'autre n'importait, et c'était le cas. Je l'aimais mais je ne me le disais pas. J'attendais, peut être aurais-je trop attendu si je ne m'étais pas remise en question. Parfois, on doute. On se demande si la personne qui nous rend heureuse nous rendra heureuse pour toujours. On perd des amis, des amours, on se fâche avec sa famille et ça nous paraît normal. Parce qu'on se dit que ça finira par être oublié. Et parfois, on rencontre des personnes comme Lauren. Des personnes qu'on oublie pas, parce qu'elles ne vous quittent jamais. Une personne qui vous rendra toujours heureux, même si rien n'est parfait. Et c'est ça qui vous rend si accros. C'est une pure addiction parce que rien n'est parfait, superficiel, sur-joué ou normal. On se réveille chaque jour avec l'impression que cette personne va vous décrocher les étoiles, et des fois on a la surprise qu'elle fait tomber un orage. Mais c'est comme ça, et plus ça arrive, plus vous aimez cette personne.
Le mardi arriva vite, et nous partîmes chercher Clara à St Pancras. Dans la voiture, je stressais un peu à l'idée de rencontrer la mère de la personne qui comptait le plus à ce moment là pour moi. Lauren l'avait remarqué et m'avait rassurée.
-"Pourquoi tu stresses? Maman t'aimera, j'en suis sûre. Elle aime toutes les personnes que j'aime et Dieu sait à quel point je t'aime."
-"Je sais Lauren mais...et si j'étais l'exception qui confirme la règle?! T'es la meilleure placée pour dire que je suis..."
-"Camila. Oui tu l'es et alors? Tu es ce que tu es et ma mère t'adorera."
Elle avait eu raison. Clara m'avait adorée, elle m'avait posé plein de questions et m'avait sorti la phrase stéréotype "elle m'a énormément parlé de toi". Et elle aussi, était adorable. Elle ne resta pas longtemps mais elle m'avait fait promettre de prendre soin de sa fille, et Lauren grogna. Je lui promis quand même, et on repartit avec le chat.
Quand on arriva chez Lauren, elle me proposa de louer un film. Même si on avait regardé tous mes films de fille assoiffée de romance, elle adorait en regarder avec moi. Elle proposa de regarder La Couleur des Sentiments avec Viola Davis.
Ce film avait été une vraie épreuve sentimentale pour moi. J'avais ri et pleuré tout le long. Mais j'avais fondu en larmes à la dernière scène, quand Mae Mobley pleurait pour qu'Aibileen revienne. Ça m'avait mise dans un état ridicule, et Lauren aussi pleurait fort. On s'était regardées et on avait rit au point de ne plus vouloir se regarder, pour ne plus rire ou pleurer. Je me tordais, littéralement, et j'étais en larmes en même temps. Elle aussi, et on se moquait de nous-même. Et ce fut mon moment préféré de la journée, parce qu'il n'y avait aucune gêne à ce moment là.
On finit par aller se coucher. Je lisais quand Lauren me posa une question.
-"Tu penses que c'est quoi le sentiment le plus satisfaisant, dans la vie?" elle s'était retournée vers moi et jouait avec la pliure de la couette.
-"Hm..."
Je réfléchis et me demandais pourquoi elle avait posé cette question.
-"Je pense que c'est quand tu trouves quelque chose que tu cherches. Une paire de clé égarée, le mot parfait pour une rédaction, la citation qu'il faut sortir à chaque noël. La chose que tu cherches depuis très longtemps aussi, comme l'âme sœur."
-"T'as raison, c'est ce que je me dis aussi. Et aussi quand tu arrives à surmonter tes peurs."
-"Aussi."
Aucune d'entre nous ne parla pendant une bonne dizaine de minutes, j'avais assumé qu'elle s'était endormie, vu qu'elle s'était retournée.
-"Avec toi, j'ai toujours l'impression de ressentir ça."dit Lauren.
Je fermais mon livre et me redressais sur mes coudes.
-"De quoi?"
Elle se retourna mais ne me regarda pas dans les yeux.
-"J'ai l'impression d'être toujours satisfaite. Comme si j'avais trouvé ce que je cherchais depuis longtemps.
"Comme si, par miracle, quelqu'un pouvait exaucer tous mes vœux, et m'apporter tout l'amour du monde, sans pour autant faire un trop plein. J'ai l'impression que ça fait des siècles qu'on se connaît, mais j'ai toujours envie d'en savoir plus sur toi. J'ai envie de te découvrir entière et de tout te donner de moi.
"Mais j'ai peur que cette irréversible attraction se résume à moi-seule. J'ai peur d'avoir trouvé mon âme-sœur, mais de ne pas être la tienne."
Ses mots résumaient parfaitement ce que je ressentais. La peur constante d'être la seule à éprouver ces choses là mais l'impression qu'elle était ma personne. Et j'étais la sienne. Elle me regarda enfin dans les yeux et je n'osais rien dire. Je ne savais pas quoi dire. Elle glissa ses yeux vers mes lèvres et je me rapprochai d'elle. Son regard faisait des allers-retours de mes yeux jusqu'à mes lèvres et je fis pareil, comme on avait l'habitude de faire.
-"Je t'ai trouvée Lauren."
Je me penchai vers elle et l'embrassai. Ce fut l'apothéose, un dénouement auquel je n'osais pas me confronter mais ce fut un soulagement. Tout en moi exacerbait chaque sensation et je me sentais partir, comme une pétale qui se détache. Elle me rendit le baiser et pris mon visage entre ses mains, et ça m'avait tout l'air d'une chose qu'on attendait toutes les deux, depuis longtemps.

// note de l'auteur: voilà le chapitre 7!! bonne semaine et j'espère que vous avez passé une joyeuse Saint Valentin 🤗🤗🤗
-@laurensdeluxe (twi) \\

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