Chapitre 10. Révélation

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Mais Clémentin n'avait pas l'intention de le laisser s'enfuir comme ça. Il se précipita à sa poursuite dans le couloir et ne tarda pas à apercevoir la silhouette abattue de son vieil ami.

- Hugues ! le héla-t-il dans un souffle.

Hugues ne se retourna pas et continua doucement son chemin, ses pieds traînant lamentablement sur le sol. L'autre prit son courage à deux mains et se remit à courir droit sur lui. Il ne stoppa pas sa course comme il l'avait prévu, et plaqua au sol sa cible. Les quatre vingts kilos de muscles de Clémentin aurait pu tuer Hugues si celui-ci n'avait pas eu la présence d'esprit de se décaler un peu. Si sa tête et son torse furent épargnés par le choc, sa jambe droite eu moins de chance. Clémentin s'écrasa violemment sur celle-ci, et un affreux craquement retentit dans toute la pièce. Des gens accoururent au cri de douleur d'Hugues et il fut diagnostiqué que sa jambe était cassée. En même temps, vu l'angle qu'avait prit son tibia, il n'était pas dur de voir où était le problème. La victime fut emmenée sur-le-champ à l'hôpital, et n'adressa pas une seule parole à son ex-ami qui le regarda s'en aller, très triste et surtout terriblement coupable.

- C'est pas grave mon Minou, fit une voix douce derrière lui. Comme on dit, "ce qui ne te tue pas te rend plus fort" ! Il va revenir en bonne santé t'inquiète.

- Ouais enfin en attendant moi, soit j'ai plus de voisin, soit je me tape Albin, ronchonna Valentine en lançant un regard meurtrier à Clémentin.

Puis, en voyant leur regard inquiet, elle ajouta avec une mimique profondément dégoûtée :

- Au sens figuré hein.

Hortense soupira et leva les yeux au ciel. Elle se tourna de nouveau vers Clémentin et le prit dans ses bras. Contre toute attente, Clémentin la repoussa et s'éloigna d'elle. La jeune fille le regarda s'en aller tristement mais heureusement elle pouvait compter sur Marie pour lui remonter le moral.

La journée aurait pu se terminer ainsi si un élément n'était pas venu perturber les pensées de notre héroïne. Pendant un intercours, le dernier avant la fin de la journée, Astrid avant lancé bien haut bien fort :

- Mais au fait pourquoi il a pété un câble Hugues ? Il est jaloux de Clémentin ou quoi ? Nan mais pour de vrai on dirait il aime Hortense quoi !

Le silence s'installa dans la classe, on entendit juste Valentine marmonner "menfousjeprefereremi" et Marie s'écria "Je le savais !". Pendant quelques minutes, plus personne ne pipa mot.

- Valentine, tu as toujours le film que tu as pris quand Hugues et Hortense se battaient ? demanda soudain Clémentin.

- J'ai filmé ça avec l'IPod de Marie pendant qu'elle était aux toilettes. Marie, tu l'as ?

- Il est dans mon sac. D'ailleurs à propos du film, j'ai failli le mettre sur YouTube.

Le couple manqua de s'étouffer en entendant ça.

- Mais bon, au moins je l'ai toujours, ajouta la jeune fille en haussant les épaules avec désinvolture.

Elle leur tendit l'appareil sur lequel défilait la courte bataille qui avait suivi la déclaration enflammée de Clémentin. Après l'avoir visionné en entier, Hortense se tourna vers son chéri et lui demanda du bout des lèvres :

- Tu vois ce que je vois ?

- J'en ai bien peur. C'est le regard d'un homme jaloux ça, fit le garçon en pointant le visage d'Hugues sur la vidéo.

"Mais jaloux de qui ? songea Hortense en fronçant les sourcils. De Clémentin ? Ou... De moi ? Maintenant que j'y pense, Hugues n'a jamais levé la main sur Clémentin, il ne l'a jamais insulté... Alors que moi..."

La jeune fille déglutit. La vérité lui apparaissait plus clairement maintenant. Cependant, le doute subsistait et elle décida d'aller voir Hugues pour lui en parler.

***

Le soir-même, elle se rendit chez Hugues. Ses parents la reçurent avec étonnement mais ne firent pas de commentaire. Elle grimpa les marchés de l'escalier quatre à quatre, et pénétra dans la chambre du garçon. Pas le moins du monde intimidée par les caleçons traînant sur le sol, ni par les magasines choquants étalés sur le bureau, elle se dirigea vers le lit et s'assit dessus. Hugues, plongé dans la contemplation de son portable, ne lui adressa pas un seul regard. Hortense n'appréciait par spécialement le jeune homme, alors plutôt que de prendre des pincettes pour ne pas le froisser, elle lui demanda de but-en-blanc :

- Ce n'est pas moi que tu aimes n'est-ce pas ?

L'autre hocha la tête.

- Ce n'est pas de Clémentin que tu es jaloux, n'est-ce pas ?

Nouvel hochement de tête. La voix de la jeune fille s'adoucit.

- Je comprends. Mais, tu sais, tu aurais dû clarifier les choses depuis le début avec lui.

- Et perdre mon meilleur pote ? lui cracha le garçon au visage. Il se ravisa en voyant le regard désemparé d'Hortense. Désolé. C'est juste que, Clémentin est hétéro... J'ai pas envie de me prendre un râteau et en plus de perdre mon amitié avec lui.

- Bon écoute mon gars. Clémentin t'aime beaucoup. Il m'aime plus de toute façon mais ça tu le sais, ajouta la fille avant de se reprendre, coupable, en voyant le regard boulversé du jeune homme. Bref. Vous êtes les meilleurs potes, et Minou est très triste sans toi. Que tu lui avoues tes sentiments ou non, vous devez redevenir amis ! Regardez à quoi ça mène vos disputes ! Vous êtes plus heureux quand vous êtes ensemble, tout le monde le voit. Et que tu sois gay ou non, crois-moi ça ne change rien à l'amitié que mon Minou te porte. Parce que Minou c'est un homme généreux, intelligent, tolérant, ...

Hortense fut interrompue dans son speech par la porte de la chambre qui s'ouvrit au ralentit. Hugues découvrit avec horreur Musclor, qui se tenait sur le pas de la pièce, le visage totalement vide d'expression.

Chronique D'une OrticultriceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant