Épilogue.

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Le soleil brillait, les oiseaux chantaient... Et les mariés, heureux, resplendissaient de bonheur. Presque 20 ans après leur rencontre ils se mariaient enfin, avec ceux qui les avaient accompagné durant une année entière, voire plus. Leur classe de seconde du lycée, au complet, était là pour ce moment magique. Définitivement, Hugues et Guillhem pouvaient savourer cette journée qui était la leur.

- Félicitations ! leur dit en s'approchant un homme dont la carrure imposante contrastait avec celle de sa femme, légère.

- Merci Clémentin ! C'est génial que vous ayez tous pu venir, répondit Hugo la larme à l'œil.

Il y avait là Hortense qui, mariée à Clémentin à vingt ans et quelques, était venue avec ses cinq enfants, âgés de 7 à 16 ans : Christine, Cyril, Claudette, Corinne et Célimène. Près de Clémentin se tenait d'ailleurs Cyril, le seul garçon de la famille, qui faisait la fierté de son père en suivant le même chemin. Sous son costume élégant et ses airs de pré-adolescent timide, on pouvait nettement voir des muscles saillants et un cerveau moins évolué que celui d'un pigeon.
Mais cela ne semblait pas déranger sa petite amie, au contraire. La fille de Marie et de son mari Alexandre, qui s'appelait Lucette, sortait en effet avec Cyril depuis quelques mois. Lucette était une jeune fille intelligente et douce, dont la vivacité d'esprit palliait le retard mental de son petit-ami et lui permettait de supporter les enfants de sa belle-famille, réputés pour être insupportables. Aînée de trois enfants, elle ressemblait beaucoup à sa mère et était aussi jolie qu'elle à son âge.

À 35 ans plus ou moins, tout ce beau monde avait largement évolué dans la vie, et les choix de certains en étonnèrent plus d'un.

Valentine par exemple, était resté célibataire et n'avait aucun enfant. En revanche, sa carrière avait grandement évoluée, et elle était maintenant Présidente des États-Unis et possédait la plus grande fortune au monde. C'est d'ailleurs elle qui avait organisé le mariage sur son île privée, "Valentinia", autrefois connue sous le nom de Bali.
Pierre, lui, après sa défaite amère -il était arrivé dernier- aux élections de Mister Univers, avait sombré dans l'alcool et la drogue. Ses amis, tels que Simon ou Albin, lui avaient tourné le dos, et il avait fini par être interné. Cependant, ses ennuis financiers et psychologiques ne l'avaient pas empêché de venir au mariage, où il en profita pour manger gratuitement.

- Maman ! Maman ! brailla soudainement Célimène, la dernière des enfants d'Hortense.

- Oui ma chérie ?

- Y'a tonton Albin qui m'a dit que j'étais moche !

- Alors déjà ce n'est pas ton oncle, et ensuite c'est vrai que tu ressembles plus à ton père qu'à moi, mais tu n'es pas si moche que ça enfin ! Tu as une belle personnalité en plus, expliqua tendrement sa mère sous le regard contrit de Clémentin.

- Ta mère a encore raison. Et si tu veux mon avis, leurs enfants sont mille fois plus moches que toute ta mocheté réunie, continua son père.

La petite, heureuse, s'en alla en courant répéter à tout le monde à quel point elle était magnifique, et à quel point sa personnalité était belle.

- Ne le prenez pas mal vous deux, mais franchement cette gosse est insupportable, soupira Valentine qui se tenait juste à côté.

Très énervé par son commentaire, Clémentin leva la main pour la gifler. Hortense le retint et répondit, conciliante :

- Tu comprendras quand tu en auras.

- Dieu, j'espère que ça n'arrivera jamais.

- Tu ne sais pas ce que tu rates alors, lança Astrid qui arrivait. Au fait Hortense, c'est toi qui a dit à Célimène que nos enfants étaient moches ?

- Non, c'est Clémentin, répondit la jeune femme en pointant du doigt son compagnon qui rougit, gêné. Ceci étant, il n'a pas tort. Avec un père comme Albin aussi...

- Ça parle de moi ? fit justement le principal intéressé, qui venait d'arriver et resta derrière sa femme en apercevant Clémentin.

- Certainement pas, casse-toi, gronda celui-ci en roulant des mécaniques.

Son fils fit de même. Le spectacle était assez impressionnant, et Albin s'en alla à reculons, entraînant Astrid qui soupira devant tant de lâcheté.

- Albin ! tonna la jeune femme d'une voix grave après quelques pas.

L'autre se retourna vivement et scruta son visage, l'air inquiet. Astrid avait parlé tellement fort que tout le monde s'était tu.

- Ça suffit, j'en ai marre de toi ! Tu es faible et stupide, pire encore que Pierre !

La jeune femme fut interrompue par Pierre qui éclata en sanglot et se moucha bruyamment, avant de s'enfuir quelque part. Astrid n'y prêta pas attention et continua, sous les yeux ébahis des autres invités :

- Je demande le divorce, espèce de mari de mes deux ! Et cette fois, saches que je ne me raviserais pas.

- Mais... commença Albin avant qu'Astrid ne l'interrompe pour porter le coup de grâce :

- En plus, c'est de ta faute si nos enfants sont moches, et ça je ne te le pardonnerais jamais !

S'en suivit une scène de ménage pas possible, où Albin supplia Astrid de ne pas le quitter. Mais celle-ci refusa de céder, et l'homme s'enfuit en pleurant sous les sifflements de la foule en délire. Astrid était enfin libre.

- Pour fêter ça, on ouvre le champagne ! s'écrièrent en coeur Clémentin et Hugues.

Ils rirent de la coïncidence et le reste de la fête se déroula sans encombres. Il était près de cinq heures du matin quand vint le moment des adieux.

Hugues et Guillhem, respectivement pompier et mangaka, avaient prévu de faire le tour du monde en voyage de noce, puis de se poser au Japon pour y vivre leur idylle.
Hortense et Clémentin quant à eux souhaitaient rester en France, pour y éduquer leurs cinq enfants et achever de parfaire la carrière politique d'Hortense.
Marie, Alexandre et leurs quatre enfants dont les prénoms commençaient tous par L, resteraient également en France pendant un certain temps, bien que la jeune femme ait l'intention de déménager au Canada dès que possible.
Valentine continuerait ses activités à Washington puis, après la fin de son mandat présidentiel, utiliserait son immense fortune pour voyager et faire des actions humanitaires.
Astrid irait vivre en colocation dans l'immense et génial appartement de Valentine à New-York, sans celle-ci mais avec une autre dénommée Marie et une autre amie nommée Louise, pour recommencer une nouvelle vie.
Alix et son mari Maxime, tous les deux professeurs des écoles, avaient récemment migré en Afrique du Sud, où ils coulaient des jours heureux avec leurs cinquante quatre enfants adoptés.
Enfin, le couple formé par Mathilde et Simon repartait vers leur Allemagne chérie, où Mathilde avait lancé sa carrière de chirurgienne cardiaque.

Les adieux furent émouvants, probablement parce que la moitié des personnes présentes ne se reverraient plus jamais après cette soirée. Les amitiés passées avaient ressurgi le temps d'une journée, mais la vie reprenait ses droits et séparait de nouveau les chemins de ces personnes, désormais adultes.
Ainsi s'achève cette histoire, pure fiction et fiction stupide.

Chronique D'une OrticultriceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant