Chapitre 13. Retrouvailles

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Hortense et Clémentin, chacun de leur côté, n'avaient pas décoléré. Ils ne se parlèrent pas du reste de la journée, ce qui inquiétait leurs amis.

- Tu ne crois quand même pas qu'ils vont se séparer pour cette pauvre histoire de jalousie ? demanda Marie à Valentine alors qu'elles observaient le couple qui s'ignorait ouvertement en sortant de la classe après la dernière heure de cours.

- Je n'espère pas... répondit Valentine pensivement.

- On devrait faire quelque chose, non ?

- Mouais... ce ne sont pas trop nos oignons je pense.

- Mais si ! Viens là GuiGui ! s'exclama Marie en entraînant Guillhem dans leur conversation, tu n'aimes pas vraiment Hortense, hein ? C'est juste un malentendu, pas vrai ?

Le garçon parut un instant troublé, mais déclara finalement :

- Non, pas le moins du monde.

- Très bien ! s'exclama Marie. Puis, se tournant vers Valentine :

- On a qu'à les réunir pour qu'ils puissent s'expliquer et ensuite, fini, done, machen ! Ils vivront une relation calme et tranquille comme s'ils voguaient sur l'océan par beau temps !

- Ta comparaison était très bizarre, Mme l'océanographe, objecta la brune.

- Tu préfère quoi ? lâcha l'autre, vexée, ils vivront une relation calme et tranquille comme si... comme s'ils étaient un prince et une princesse dans leur carrosse, roulant sur un chemin plat ?

- Arrête, vraiment arrête, contra Valentine.

Les deux filles convinrent qu'elles allaient donner un rendez-vous à Hortense le lendemain, au cinema, et demander à Hugues de donner rendez-vous à Clémentin au même endroit au même moment.

Ainsi dit, ainsi fait, le lendemain, Hortense se rendit au cinema, pensant qu'une sortie entre copines calmerait sa mauvaise humeur qui persistait depuis que Clémentin et elle ne se parlaient plus.  Bizarre qu'elles m'aient donné rendez-vous à l'INTERIEUR de la salle... Pensa-t-elle en achetant son billet. Alors que la jeune fille disparaissait derrière la porte de sa salle de cinema, Clémentin fit son entrée par la grande porte. Lui, acheta son billet comme automatiquement, trop détruit intérieurement par son altercation avec Hortense pour vraiment penser à ce qu'il faisait.

Dans la salle, Hugues, Valentine et Marie étaient à leurs postes. Quand Hortense poussa la porte, Hugues se plaqua dans un recoin sombre pour se faire invisible. Les deux filles entraînèrent Ortie dans la dernière rangée, puis, prétextant une envie pressante, s'enfuirent de la salle, laissant Hortense seule. Quand Clémentin arriva, Hortense qui était sur son portable ne le vit point. Hugues attrapa Clémentin par le bras pour l'amener vers le dernier rang. Le garçon avait le regard vide, et ses réflexes étaient encore plus lent que d'habitude. Il ne s'aperçut pas que la jeune fille à côté de qui il était assis n'était autre que sa copine. Celle-ci, refaisant surface, regarda le garçon avec étonnement. Hugues choisit ce moment pour s'éclipser et rejoignit Valentine et Marie dans un coin obscur de la salle, qui observaient les amoureux. Le film  avait commencé, et la pièce était plongée dans un noir complet. Seule la lumière qui émanait de l'écran permettait d'apercevoir, de temps à autre, les occupants de la pièce.

Quand la fin du film arriva et que les deux personnages principaux se furent finalement réconcilié après une histoire abracadabrante de perte de cheveux due à un shampoing trafiqué et après un épisode de jalousie chronique, Valentine, Hugues et Marie se relevèrent de leurs sièges et regardèrent anxieusement derrière eux, s'attendant au pire. Mais Hortense et Clémentin étaient toujours assis, bien trop occupé à autre chose pour avoir remarqué que le film était fini.

Ces deux-là refirent finalement surface, et remarquèrent leurs amis. Ils les rejoignirent et les remercièrent :

- Merci beaucoup de nous avoir réunis, sans vous, on serait peut-être encore fâchés, confia Hortense.

- Ça vous dirait d'aller manger un pain au chocolat tous ensemble ? proposa Clémentin en passant son bras musclé autour des épaules d'Hortense.

- Et pourquoi un pain au chocolat ? répliqua sa petite amie, pourquoi pas un croissant ou encore une brioche ?

- Ça sera comme tu voudras, mon amour ... susurra Clémentin en plongeant  son regard dans le sien.

Les trois autres levèrent les yeux au ciel et déclinèrent l'invitation, ne voulant pas déranger le couple dans ses retrouvailles. 

***

Les jours défilèrent, et plus aucun obstacle ne venait se poster devant l'amour parfait que filaient Hortense et Clémentin. Même si leurs embrassades publiques en dérangeait plus d'un, leur  couple attendrissait la plupart des gens. Hortense et Clémentin parlaient continuellement de leurs projets futurs.

- Je pense que cinq enfants, c'est le bon nombre, assura un jour Hortense à Clémentin pendant un intercours.

- Tu ne crois pas que trois c'est suffisant ? demanda timidement Clémentin.

- Non ! J'ai dit cinq, c'est cinq ! s'énerva l'adolescente.

- Oui, d'accord ! fit Clémentin, conciliant, si tu veux ça sera même six ou sept !

- Non, mais là tu me prends pour qui ? Une vulgaire mère porteuse ? Et ma carrière de Présidente de la République, tu en fais quoi ?

- Bien sûr que non je ne te traite pas en mère porteuse ! s'empressa de déclarer Clémentin, tu es ma petite Ortie à moi, future reine du monde !

Et la conversation s'étendit ainsi, sur la même voie, comme tant d'autres le firent avant et comme tant d'autres allaient le faire après.

Chronique D'une OrticultriceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant