//CHAPITRE 2- LA GUERRE DES BOUTONS//

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ENSUITE, LES BOUTONS SON ARRIVÉS, à peu près en même temps que les règles... À mon entrée en cinquième, j'étais encore une petite fille gracieuse et souriante. Six mois plus tard, j'étais métamorphosée en zombie. Un monstre boutonneux aux cheveux gras qui s'est mis à saigner une fois par mois en criant "MAAAAMANNNNN!!!! J'ai mal au ventre!"
Le pire à sonné quand on commencé les cours de natation. Je longeais les murs. Surtout les jours de filles... Avec mon mini-tampon "spécial jeune fille". J'avais peur qu'il glisse,qu'il flotte à la surface sous les yeux de tous mes camarades. J'imaginais une piscine de sang et le rire des élèves me mitrailler dans mon maillot de bain trop serré. HORRIBLE ! On s'invente les pires cauchemars quand on est ignorante, et ça, je l'étais vraiment à douze ans: IGNORANTE.
Certainrs filles en maillot ressemblent à des gravures de mode non photoshopés. Elles sont belles,elles le savent, alors elle mettent à peu près trois fois plus de temps que moi à parcourir la distance du vestiaire des filles au grand bassin. Et les garçons les regardent mine de rien. Ils font semblant de ne pas les voir et elles font semblant de ne pas voir qu'ils font semblant de ne pas les regarder. Vous me suivez? Il va falloir vous accrocher parce que la puberté,c'est complexe. Cette histoire n'est pas pour les mioches,je vous préviens. Su vous croyez encore aux princes qui arrivent sur un cheval blanc un matin et vous envoient un texto avec les disquettes qu'ils savent dire. Mon aventure n'est pas pour vous.
Je ne voudrais surtout pas tuer des rêves enfantins.
Pour les autres,je vais poursuivre.
Donc,quand les boutons,les règles et tout le tralala sont arrivés,mes chances de décrocher un sourire masculin se sont amenuisée. Abracadabra et la chevillette cherra. La chevillette à chu, mais quand la porte s'est ouverte, il n'y avait personne derrière. Pas un rat ! Contrairement au copines,qui elles ont eu le privilège suprême d'être choisies et embrassées. Le matin, cela provoquait des envolées lyriques, du genre:
-Il ma regardéeeee! Il m'a envoyé un textoooo! Il m'a invitée à aller au cinééé ! Il m'a fait boire dans sa cannette de cocaaaa !
Oui,je sais,c'est navrant, mais quand un garçon vous choisit, ça procure toujours un immense plaisir. Enfin, c'est ce que je pensais en les observant, si radieuses les unes après les autres. Au mois de mai de mon année de cinquième, cent pour cent de mes meilleures amies étaient sorties avec un mec. Le stress a commencé à ne plus me lâcher. Et moi? Et moi? Hein? Moi? Oui moi? Rien. Pas de un regard de garçon, aucun coup d'œil en biais. Pas un texto. Pas même de sourire. Rien. Juste des claques dans le dos.
-Salut Fred! Ça gaze?
-Salut Fred, tu me passeras ton interrogations de maths?
-Salut Fred! Ta pas deux euros? Tu me prêtes ton skate?
Telles étaient à peu près les seules paroles masculines qui m'étaient destinés. Soirée après soirée,jour après jour, ma vie creusait son sillon dans le grand désert des filles invisibles.

Maintenant que j'ai deux ans de plus, et une certaine maturité,je sais que nous sommes nombreuses à ne pas faire partie des ces "personnes de qualité" qu'inventent les princes des contes de fées. Trop grosse, trop maigre, trop garçon, trop moche, trop cloche, trop handicapée, trop barrée, trop intello ou pas assez riche... Nous sommes nombreuses à être des "trop" ou "pas assez" pour leur plaire. On devrait entre délaissées! Se réunis, en discuter, se récolter, au lieu de cela on s'enterre. On se met en mode "autruche", la tête dans le trou.. Il faut bien avouer que personne ne se vente de ne pas plaire. Personne n'ose en parler. C'est la honte, un point c'est tout. Pourtant, il y a quand même un sacré problème. Que font les psys? Parce s'il existe de "trop" et de "pas assez" du côté des filles, il en va de même chez les garçons. Certains d'entre eux n'ont aucuns succès auprès des filles avec leur embonpoint, leur velours trop courts, leurs cheveux trop gras ou leur timidité maladive. À tel point que, parfois, ils ne tentent même pas l'approche féminine,découragés d'entrée de jeu par leur reflet dans le miroir du matin qui leur hurle : "Laisse tomber, vieux, t'es hors circuit!"
Résultat?
Les filles "trop" ou "pas assez" attendent de devenir "un peu moins" ou "un peu plus" et les garçons sans succès se mettent à jouer aux jeux vidéos tous les week-ends et jours fériés. Chacun ferme ses volets et s'enferme dans la solitude du désespoir. Les laissé-pour-compte n'ont pas du tout l'idée de se mélanger. Ils errent comme des moutons en attendant de devenir quelqu'un ou quelque chose aux yeux des super gagnants à la loterie du jeu de séduction. Le monde est mal fait, quand même. Les filles comme moi attendent un garçon MAGNIFIQUE. Et les mecs considèrent les filles de mon genre comme des "thons" et préfèrent continuer à s'user les yeux sur des créatures sublimes qui affichent outrageusement leur beauté sur le web. À douze ans, je n'avais pas encore réfléchi à tout cela, mais j'ai eu le temps par la suite à gamberger. À cette période,je pensais être là seule délaissées par les garçons. Je poursuivis mon attente, le nez collé contre le cadran de ma montre.
C'EST QUAND QUE COMMENCE MA ROMANCE?
Je m'accrochais à la moindre pépite d'espoir,comme par exemple un été en bord de mer. Ça allait m'arriver,ça ne pouvait pas être autrement. Mes parents avaient réservé quinze jours dans un camping en Corse. L'environnement "plage soleil" semblait propice à mon entrée dans une vie de fille normal de douze ans. C'est ainsi que je pris le bateau pour Ajaccio en croisant les doigts, un caillou porte-bonheur en poche.

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CHAPITRE 2 TERMINÉ,LA SUITE DEMAINNNNN

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⏰ Dernière mise à jour : Feb 09, 2016 ⏰

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UN JOUR,J'IRAI CHERCHER MON PRINCE EN SKATEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant