Nobody Else

Sept : Crystal

Alors que je cherchais à mieux cerner Sam, cette garce a osé partir. Comme ça, comme si de rien était, exactement comme Ethan la veille. Je serais presque à deux doigts de dire qu'ils se ressemblent mais non. Non, ce n'est absolument pas le cas, puisque comme dit le proverbe "qui se ressemble s'assemble", or, Ethan est avec moi, et ce pour longtemps. Très longtemps.

- Crystal, qu'est-ce que tu fous ?

La porte s'ouvre en grand, Margot me dévisage de la tête aux pieds, les sourcils froncés.

- J'arrive.

Sans un mot de plus, je lui emboite le pas et nous partons à notre prochain cours.

En math, étrangement, mon premier réflexe est de parcourir la salle du regard à la recherche d'une certaine personne. Quand je songe au visage que je cherche parmi ceux qui sont présents, j'ai un mouvement de  recul. Pourquoi voudrais-je que Sam soit ici ? Enfin, rectification, je ne le veux pas, je ne faisais que vérifier. Une fois de plus, je me rends compte que je suis en train de me justifier avec moi-même ce qui est complètement absurde. D'autant plus que je reste dans l'encadrement de la porte, les bras ballants, tandis que Margot gagne sa place au fond de la salle. Je m'empresse de la rejoindre, sors une feuille et un stylo pour prendre en note ce que le prof commence à déballer.

***

Quand la sonnerie retentit, je suis la première à sortir de la salle, cette fois, je n'ai vraiment pas la foi d'attendre Margot qui fait ses yeux de biche à M. Miller. En sortant du cours, j'envoie un texto à Emy de façon à se qu'on se retrouve dehors, puis voyant Ethan juste devant moi, j'accélère. Cet idiot n'est toujours pas venu me faire des excuses et ça commence à sérieusement m'agacer. Mais bon, je ne tiens pas non plus à ce qu'il se jette dans les bras de Sam si je le laisse tomber, alors, je mets un peu mon ego de côté et me jette à son cou. Ce geste me fait grincer des dents, j'ai vraiment horreur de devoir jouer la comédie comme ça par peur d'une fausse menace.

- Salut mon amour.

Ethan paraît d'abord surpris, puis un large sourire éclaire son visage. Connard. Je lui souris à mon tour, glissant ma main dans la sienne et marche avec lui jusque dehors. Une fois devant le lycée, je balaie le parking du regard, cherchant Emy, mais il semblerait qu'elle ne soit toujours pas arrivée.

- Au fait Crystal, pour hier...

- Non, c'est bon, je comprends. Tu avais ton entraînement.

J'appuie bien sur le dernier mot, espérant lui faire comprendre que ce n'est pas bon du tout et que c'est sa seule chance de me dire enfin la vérité. Mais Ethan sourit un peu plus, visiblement ravi que je lui pardonne aussi vite. Connard. C'est sûrement la première fois depuis notre relation que ce mot revient sans cesse quand je croise son regard tendre. Exaspérée, je profite qu'il ait le dos tourné pour rouler des yeux, mais quand je me rends compte de ce qu'il regarde, je me crispe. Non mais c'est pas possible !

Au loin, Sam est assise sur un banc avec une autre fille. Elle n'a pas remarqué que nous la fixions, je la vois rire, et de la fumée s'échappe de sa bouche. Je ne savais pas qu'elle fumait...En même temps, je ne la connais pas et fort heureusement ! Cessant de regarder dans sa direction, je rappelle Ethan à la réalité un passant mes bras autour de sa nuque. A ce contact, il se retourne brusquement, son sourire disparaît avant de réapparaître par la suite.

- Qu'est-ce qu'il y a ? Quand on est ensemble, j'ai l'impression que tu n'es jamais vraiment là...

Je fais une moue de petite fille pour l'attendrir, je sais que ce tour marche à tous les coups.

- Rien bébé, c'est juste qu'il y a bientôt le match et ça me préoccupe pas mal.

Mais quel menteur ! Mon visage se décompose. J'ai envie de coller une gifle phénoménale sur sa joue et de le traiter de tous les noms. Pour cacher au mieux la grimace que je tire, je me presse contre lui et cale ma tête sur son épaule. Nous restons enlacés un instant, mon regard se pose sur Sam, et je constate qu'elle nous fixe. Un frisson me parcourt quand nos regards se croisent, et au fond de moi, je sais que ce n'est pas dû aux bras d'Ethan enroulés autour de ma taille. Je détourne aussitôt le regard, chassant ce sentiment inconnu qui grandit en moi, et pour être sûre qu'il ne s'agit que d'un coup de froid, je presse mes lèvres contre celle d'Ethan pour y trouver sa chaleur.

***

L'après-midi s'est passée sans embûche, mais je suis exténuée. Quand j'arrive sur le parking, je vois tout de suite Ethan appuyé contre sa voiture. Un sourire me gagne tandis que j'accélère le pas pour aller à sa rencontre.

- Tu me ramènes ?

Je m'arrête à quelques centimètres de son torse, et pose une main sur son bras. Ethan fait glisser la sienne sur ma joue et m'embrasse tendrement comme il en a l'habitude. J'ai décidé de tirer une croix sur son mensonge de la veille. Après tout, je suis avec lui, et puis, entre moi et Sam, le choix est vite fait alors je n'ai pas de soucis à me faire de ce côté.

- Pas possible ce soir, mais je viens te chercher demain.

- Pourquoi ?

Je me décolle de lui, prenant un air renfrogné. Ethan tente de m'attirer à nouveau au creux de ses bras, je ne cède qu'à moitié comme pour lui montrer que je ne lui en veux pas.

- Je vais directement chez Mason, désolé Crys, mais...

Sans lui laisser le temps de finir sa phrase, je plaque mes lèvres contre les siennes. S'il ment pour rejoindre Sam, je ne tiens vraiment pas à entendre ce qu'il a à me dire, et si c'est la vérité, dans ce cas, je m'en fous. Bien que l'idée de prendre le bus me dégoûte avant même d'avoir mis un pied dedans.

Ethan et moi échangeons deux trois baisers ainsi que quelques mots futiles, puis voyant le bus arriver, je m'éclipse aussitôt. Je ne tiens pas des plus à ce que quelqu'un me voit monter dedans, voilà pourquoi je suis la première à me précipiter à l'arrêt. L'endroit est encore désert, le bus se gare et ouvre ses portes. Je tire une grimace en mettant un pied sur la première marche et fais de même à la seconde. J'espère juste que je ne connaîtrais personne et surtout que personne ne s'assiéra à côté de moi.

Prenant place sur un siège au fond du véhicule, je fixe mes écouteurs dans mes oreilles et lance ma playlist préférée. Quand la musique couvre tout le vacarme extérieur, je me détends aussitôt. Je regarde d'un œil distrait les gens qui entrent les uns à la suite des autres, surprise de voir tout le monde qu'il y a. Je suis d'autant plus surprise quand je vois de l'autre côté de la vitre Sam en train de jeter un mégot de cigarette et de rentrer dans le bus en dernière. Par pitié qu'il y ai assez de places pour qu'elle pose son cul partout sauf à côté de moi...