Flash back - Kendra

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Je pris une grande inspiration pour me donner du courage. J'allais lui raconter l'événement qui avait bouleversé ma vie. Personne ne savait ce que j'avais subi. Je pensais que c'était le moment de le révéler.

Et même si Éden n'était pour moi qu'un inconnu, j'avais caché ce secret bien trop longtemps et le moment était venu de me débarrasser de ce lourd fardeau qui hantait mes nuits.

J'étais totalement incapable d'en parler à quiconque et cela allait faire presque cinq ans, je n'avais même pas eu la force de l'avouer à ma propre mère qui était pourtant ma plus grande confidente. Peut-être était-ce par pudeur ou de la honte ?

Je fixais les cheveux d'Éden pour ne pas avoir à le regarder dans les yeux. Son regard me déstabilisait trop pour cela.

« - C'était il y a environ cinq ans. Je sortais avec un homme nommé Dimitri. Ce fut la seule fois où je fus réellement sortie avec quelqu'un et j'étais vraiment amoureuse. Seulement, au bout de quatre mois, il me pressait de plus en plus pour qu'on... Je m'arrêtais, cherchant les mots justes, ne sachant comment exprimer mon mal être.

- Il te pressait pour passer à l'étape supérieure, c'est cela Kendra ?

- Oui c'est bien ça.

- Continue, confie-toi à moi, promis, je ne ferais pas le con.

- Merci. On a fait l'amour un soir seulement où j'étais très réticente, mais plus que tout je voulais lui faire plaisir pour qu'il m'aime encore plus.

- Tu veux bien me raconter un petit plus que je comprenne ce qui te fait faire des cauchemars à ce point s'il te plaît ?

- Je vais essayer... bredouillais-je. »

Sans doute pour me montrer que je pouvais avoir confiance en lui et pour me protéger, Éden ouvrit ses bras. Je me blottis volontiers contre son torse parfaitement épilé. Son subtil parfum floral m'enivra et m'apaisa instantanément.

Il m'enserra alors de ses bras réconfortants ce qui me dénoua la langue :

« - Nous étions nus et pour moi c'était la première fois, lui était plus expérimenté. Il m'avait promis qu'il serait doux avec moi. J'avais une confiance aveugle en lui alors je lui laissai prendre les rênes. Lors des préliminaires tout se passa comme d'habitude. Je ressentais toujours autant d'excitation et de plaisir seulement lorsque j'étais proche de l'orgasme, il retira ses doigts de mon vagin. Et sans que je ne comprenne, il se mit au-dessus de moi, m'écarta de forces les genoux et avec l'anxiété grandissante que je ressentais, mon corps se fermait automatiquement, j'étais crispée.

Seulement cela ne lui plus pas et il prit une voix qui m'était inconnue pour me dire « Arrête de bouger salope ! ». Je fus choquée par ses propos jamais il ne m'avait insultée.

Il prit alors chacun de mes genoux entre ses mains et avec une forte pression me força à garder les jambes ouvertes.

Bien que surprise je pensais que c'était une sorte de fantasme caché, je le laissai faire et sans aucune précaution ni avertissement, il me pénétra brutalement et en un seul coup ce qui m'arracha un cri de douleur.

Je sentis un liquide s'écouler et je compris que je perdais ma virginité dans la douleur... Je m'effondrais alors sans possibilité de me contrôler.

- Oh, mon ange ! »

Sans prêter attention au surnom qu'il venait de me donner, je le serrais de toutes mes forces contre moi, je ne sais pas pourquoi, mais je voulais qu'il soit mon bouclier. Éden prit alors mon visage entre ses mains et s'approcha de plus en plus de mon visage. Il déposa un baiser sur mon front, tout ce dont j'avais besoin en ce moment.

Je voyais qu'il était anxieux et qu'il essayait d'ajouter quelque chose :

« - Dis-moi ce que tu essayes de formuler depuis tout à l'heure Éden.

- Euh... Oui... Depuis, personne ne t'a enfin tu vois ? Donné du plaisir ?

- Non, personne ne m'a touché depuis ce monstre.

- Pas même toi ? Il se rendit compte qu'il venait de commettre une maladresse, car il mit sa main sur sa bouche.

- J'ai bien essayé quelques fois, mais je n'ai jamais réussi et cela était lassant, j'ai donc arrêté, avouais-je en rougissant.

- Tu fais ce cauchemar souvent ? Me demanda-t-il troublé.

- Oui assez souvent et d'habitude, ça n'arrive que chez moi, je suis tellement désolée... »

Une larme perla sur ma joue et Éden écarta ma tête de son torse où je me cachais. Avec son pouce il essuya cette larme qui traduisait mon désespoir.

Si seulement il pouvait balayer tous mes problèmes d'un simple geste.

Je contemplais son visage, je m'arrêtais sur sa bouche, peu pulpeuse mais qui donnait envie d'y goûter tout de même. Je me demandais ce que je pourrais ressentir si je pouvais poser les miennes dessus et avoir une danse endiablée de nos deux langues entremêlées.

Je divaguais et lorsque je repris mes esprits je me rendis compte que je venais de confier le plus gros secret de ma vie à un inconnu, un gigolo, et j'étais vraiment au plus bas pour avoir fait cela.

« - Je suis vraiment désolée de t'avoir raconté ça, tu devrais oublier ! Je viens de faire une grosse connerie !

- Non ce n'était pas du tout une connerie au contraire, tu instaures une relation de confiance entre nous. Mais si ça peut te rassurer, je te promets de le garder pour moi.

- Merci. Répliquais-je soulagée.

- Mais du coup faire danseuse...

- On dit plutôt poleuse dans le milieu.

- Oui poleuse. C'est une façon pour toi de montrer toute ta sensualité, sans brutalité, comme pour effacer ce que tu as vécu ?

- Comment sais-tu... ? Je le fixais avec des yeux ronds.

- Simple déduction ! »

Je passais un bras au-dessus de la couette, car la température devenait insupportable. Ce qui eut pour effet de découvrir le torse d'Éden.

Je remarquai pour la première fois de nombreuses cicatrices mais pas toutes les mêmes, provoquées par différents objets sans doute.

Je fus prise d'effroi et sans me rendre compte de mon geste, je traçais chacune d'elles du bout du doigt.

« - C'est quoi ça ? Demandais-je toute en continuant mon tracé.

- Peut-être que, si tu veux bien qu'on apprenne à se connaître, je te le dirais.

- Mais je viens déjà de te révéler le secret de ma vie.

- Je sais. Seulement celui-ci est encore plus lourd à porter, en attendant, ma danseuse...

- D'une je ne suis pas réservée à monsieur... ? Je m'interrompis, car je me rendis compte que je ne connaissais pas son nom de famille.

- Éden Berie. Reprit-il.

- Je ne suis pas privée à monsieur Berie et de deux, je suis une poleuse, je te l'ai déjà dis !

- Très bien, alors dors bien maintenant ma poleuse ! »

Je sortis alors de la couette pour retourner dans mon lit de fortune mais Éden m'attrapa doucement par le poignet et me fit me recoucher dans son lit à ses côtés. Il me dit tendrement :

« - Reste ici ! Avec moi, je suis le plus fort pour chasser les cauchemars ! »

À cet instant, je fus intimement convaincue qu'à l'avenir Éden serait pour moi, mon attrapeur de mauvais rêves.

ConvoitiseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant