Chapitre 18

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Contre toute attente, la photo ne tarda pas à arriver. Gray45 tirait la langue et avait posé son majeur sur son nez. Mais ce n'est pas ce qui retint mon attention. Gray45 était brun, les cheveux ébouriffés, avec de beaux yeux gris-bleus. Gray45 fit battre mon cœur au moment où je posai mon regard sur cette photo. Gray45 était Gray.
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Je restai un moment à fixer le cliché, le cerveau déconnecté, perdue dans les profondeurs de mon esprit. Dans ma tête résonnaient ces quelques mots : "Gray est Gray45. Gray45 est Gray"
Je repris mes esprits et regardai plus attentivement la photo. Je me plongeais dans ses yeux, essayant de déceler une différence, une nuance de couleur qui montrerait qu'ils étaient deux personnes différentes. Mais c'était bien les mêmes yeux, c'était le même nez, la même bouche, les mêmes cheveux, le même visage. La même personne.
Je partis me doucher, histoire de prendre du recul, de réfléchir au rythme du jet d'eau qui s'abattait sur ma peau et descendait le long de mes courbes. C'était tout bonnement impossible. Comment Gray45, avec qui je discute depuis si longtemps, depuis le début de ma passion pour les jeux, pourrait-il être Gray, ce garçon rencontré miraculeusement dans mon lycée ? Ça n'avait aucun sens. J'avais dû mal voir, mal regarder. Après tout, j'ai porté des lunettes, lorsque j'étais enfant. Je me séchai et retournai voir la photo, vérifier une fois de plus.
Mêmes yeux, même nez, même bouche, même cheveux. Gray45 était Gray.
Oui, il faut que j'arrête de nier l'évidence : j'ai devant moi une photographie de Gray Fullbuster.
Mais au fond, je l'ai su dès que je l'ai rencontré. J'ai toujours su qu'ils étaient  la même personne. Je le sentais. Mais ça me semblait si irréel, irréaliste...
Alors j'ai fais semblant de ne rien voir. Cette situation me convenait. Mais elle ne pouvait pas durer.

Je n'ai jamais répondu à Gray45. Enfin, je ne me suis plus connectée. Alors que je savais qu'il m'attendait, chaque soir à 18h. Mais il a sens doute cessé, il a dû se faire une raison. Après tout, pour lui je n'étais pas vraiment réelle.
Gray aussi a dû faire de même.
Du jour au lendemain, j'ai limité nos conversations à des "salut", "ouais", "t'as un stylo ?", "bye !". Et j'ai finis par l'éviter, lui, ce garçon qui est venu me parler alors que j'allais une fois de plus m'enfermer dans mon monde virtuel, ce garçon qui m'a permis de m'ouvrir à tous ces gens, pour que je me fasse tous ces amis que je n'aurais jamais pensé avoir. Il n'en a pas conscience. Il n'a fait que me dire "bonjour" et parler un peu avec moi. Mais à ce moment-là, un changement s'est opéré en moi, celui qui me permet d'être dans le cercle de mes amis, ces gens formidables.
Il m'a tout donné, et j'ai simplement arrêté de lui parler, ne sachant pas comment réagir dans une telle situation. Il me voyait m'éloigner, confus, en se demandant le pourquoi du comment, cherchant une réponse sans la trouver. Il devait se sentir coupable, se demander ce qu'il avait fait de travers, ce qu'il avait fait pour que je le déteste. Il devait penser que je le détestais, et se demander pourquoi, se le demander encore et encore chaque fois que j'évitais son regard ou que je faisais demi-tour en le voyant approcher. Et il devait me détester pour ça. Me détester de lui tourner le dos ainsi, sans la moindre raison, sans la moindre explication, alors que je parlais toujours aux filles et à ses amis, aussi innocents et coupables que lui. Alors je voyais dans son regard de la tristesse, de la déception, lorsqu'il se posait sur son amie perdue. Et je restais indifférente, indifférente à la déchirure que cela provoquait en moi.
Car j'avais commencé à l'aimer, petit à petit, sans m'en rendre compte, jusqu'à ce que cette amour prenne une place importante, trop importante dans ma vie. Et je me demandais pourquoi je continuais ainsi. Pourquoi je ne lui parlais plus, alors qu'il était à la fois mon ami virtuel et réel. Pourquoi me compliquais-je ainsi la vie ? Je me le demandais chaque jour, sans pour autant changer de comportement. Mon comportement d'enfant capricieuse, qui me faisait souffrir moi et lui. Bêtement.
Mais ça ne pouvait pas durer éternellement, je le savais bien. Il fallait que les choses avancent, que les choses bougent, car cette situation illogique ne pouvait plus durer.
Mais je suis toujours là, assise sur les WC, enfermée dans ma cabine, à réfléchir à tout ça. Je vais sans doute passer toute la soirée comme ça. En tout cas je suis bien partie pour.
Mais ne viens-je pas de me dire que ça ne pouvait plus durer ? Il faut que je me bouge le cul, bordel ! Qu'est-ce que je fais encore ici ? Voyons, j'ai croisé le regard de Gray et je me suis réfugiée ici. Où est la logique, dans tout ça ?? Reprend-toi, ma pauv' fille ! Tu fais vraiment n'importe quoi. Je deviens vraiment idiote. Que ferait quelqu'un de simpliste à ma place ? Que me dirait Mirajane ?
"Imbécile, qu'est-ce que tu fiches ? L'amour t'attend et toi tu attends dans les toilettes ? Tu n'as pourtant que quelques mots à dire : "je suis désolée... Bla-bla... Je suis Ju123, bla-bla-bla, je t'aime !" Et après, tu sais ce qu'il t'attend ! On va dire que c'est un peu baveux, mais je crois savoir que tu es une habituée de la bave"
Hum... Oui, je pense qu'elle dirait ça.
En plus, j'ai ma jolie robe achetée spécialement pour cette soirée ! Ça devrait le faire... Je me lève, époussette ma robe, comme si de la poussière s'était accumulée en masse sur le pauvre tissu depuis les 10 minutes que je suis assise. Je m'approche de la porte et l'ouvre délicatement...avant de la refermer violemment. La porte des toilettes vient de s'ouvrir et j'entends deux paires de talons prendre place devant le miroir, suivis par quelques goutelettes qui s'écrasent sur le sol,

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⏰ Dernière mise à jour : Jun 20, 2016 ⏰

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