Je sais, c'est tout.

Chapitre 2

Je cherche mes clés dans mon sac, il y a tellement d’objets inutiles à l’intérieur que je ne m’y retrouve plus. Je finis par mettre la main dessus et ouvre la porte.

Mon petit frère de quatre ans joue aux playmobils. Mais que fait-il en bas à une pareille ? Il devrait être couché depuis deux heures ! D'ordinaire il n'a même pas le droit de jouer après le repas, parce que ça l'excite et ensuite il ne dort pas.

    — Papa ? Maman ? appelé-je.

Pas de réponse. Ça ne sent pas bon tout ça, pas bon du tout. Ils n’ont pas laissé de mot, rien. Rien du tout. Ils m’ont laissée seule, avec mon petit frère sur les bras. Je panique et cours partout, dans l'espoir de trouver un indice, une trace, enfin quelque chose qui pourrait m'aider à comprendre ce qui s'est passé, où ils sont et ce qu'ils font.

Bon sang ! On ne laisse pas son enfant seul à la maison lorsqu'on est responsable. Il me semblait qu'ils l'étaient, mais apparemment je me suis trompée à leur sujet.

Eliott comprend que quelque chose ne va pas. Il le lit dans mes yeux, c'est une sorte de talent qu'il a depuis toujours.
    — Mia ? Tu fais quoi ? me questionne-t-il.
En vérité, je ne sais pas ce que je fais.
    — Il est où Papa mon bébé ?
    — Je sais pas. Il a monté dans la voiture avec Maman.
    — On dit « est monté » mon chou. Et tu sais pourquoi ? 
   
J'essaie de paraître le plus calme possible. Inutile qu'il panique à son tour. Mais à l'intérieur, je bous comme de l'eau à 90°C.
    — Non. Il m'a fait bisou et il est parti... 
Bon tant pis, je verrai demain. Pour le moment on a besoin de sommeil, tous les deux.

Je le couche dans mon lit, il dormira avec moi. J'ai trop peur qu'il lui arrive quelque chose. Je le serre contre moi, bien décidée à ne pas le lâcher.

C'est toute ma vie ce gosse, je l'aime plus que tout. Je me considère presque plus comme sa mère que comme sa grande sœur.

Il s'endort très rapidement dans mes bras, innocent.

Je sens des petits doigts sur mon visage... Ce n’est pas désagréable mais je me réveille tout de même en sursaut.
    — J’ai faim Mia.

J’ai du mal à m’éveiller correctement. Je baille, m’étire, me rallonge.
    —  Mia, je veux manger, insiste-t-il.

Cette fois c’en est trop, il me réveille et en plus il est impoli.

    —  On dit quoi ? Parce que moi je ne donne pas à manger aux insolents, lui dis-je énervée.
    —  Pardon grande-sœur. Est-ce que je peux prendre mon petit-déjeuner s’il-te-plaît ? s’excuse-t-il.
    —  Tu vois quand tu veux, lui dis-je en lui faisant un bisou, allez viens.

Je lui prépare une brioche au Nutella qu'il engloutit en trois bouchées. Et il en redemande. C'est un véritable ogre quand il s'y met.

Une fois son festin terminé, il vient se coller contre moi.
    —  Mia, je veux Maman.
   
C'est ce que je redoutais... Comment lui dire... Pas question de lui mentir. Je déteste qu'on me cache les choses alors je ne vais certainement pas le lui infliger. Je vais essayer de lui expliquer calmement et de manière à ce qu’il ne s’inquiète pas trop.

    —  Papa et Maman sont partis. Je ne sais pas où ni pourquoi... Mais ils vont rentrer, j'en suis sûre.

J'essaie de me convaincre de tout ce que je dis. Pourquoi ils ne rentreraient pas de toute façon ? Ils avaient certainement une urgence, rien de plus.

    — Quand ? demande-t-il.
    —  Ça je ne sais pas mon chou...

Il se met à pleurer. Oh non ! Je ne supporte pas de le voir dans cet état. Je le prends dans mes bras, l'appuie contre mon cœur, je lui dis que ça va aller, que tout rentrera dans l'ordre. Je le berce doucement, tentant de m'apaiser moi-même. Il se calme au bout d'une demi-heure de câlins et de tendresse.