Chapitre 10

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Une fois devant la maison de Lou, je comprends mieux pourquoi ses fêtes ont unetelle réputation. Ce n'est pas une habitation ordinaire, loin de là. Un panneau à l'entrée, indiquant que c'est bien ici qu'a lieu la soirée, nous renseigne sur les pièces intéressantes que contient l'immense demeure. Je cite« Piscine intérieure, piscine extérieure, jacuzzi, salle de cinéma, salle de jeux vidéo et bar », rien que ça.


Je me sens ridiculement petite du haut de mon petit mètre soixante-six. Je suis complètement paralysée à l'idée d'entrer dans cette villa plus que moderne. Et puis tout ce monde, toutes ces voix, cette musique infernale, tout ça me fait peur. Pourtant, je n'ai pas  le choix , je dois me montrer à cette fichue fête. Après les menaces que j'ai proférées tout à l'heure je ne vois pas comment je pourrais faire autrement.Mes jambes tremblent et je commence réellement à douter de ma capacité à surmonter cette épreuve.

Le temps d'hésitation que je marque à l'entrée de la pièce principale permet aux personnes attentives de remarquer ma présence. Je pose à peine un pied dans la salle que tout le monde se tait et me regarde. Les chuchotements et les regards dans ma direction ne se font pas attendre. Ceux qui me connaissent ont peur à cause des événements de la journée, ce que je comprends tout à fait. Bien évidemment, ils en informent les autres qui ne savent pas trop s'ils doivent me craindre ou m'admirer. Il faut avouer que ma robe me va merveilleusement bien et que j'ai travaillé ma coiffure. Mon allure, quant à elle a été répétée pendant plusieurs heures devant un miroir. Oui, je tenais à en imposer, à montrer que je ne suis pas n'importe qui.

À vrai dire, je ne me reconnais pas. Et je n'aime pas cette nouvelle moi, elle est trop... puissante. Je suis comme tout le monde, je ne vais pas le cacher, j'aime être regardée et appréciée. Mais être le centre d'attention principal me déplaît fortement. J'ai l'impression, qui est sans doute réelle, que n'importe lequel de mes mouvements – du battement de cils le plus imperceptible au moonwalk le moins discret – est aussitôt analysé. 

 Mais aujourd'hui, j'ai besoin qu'on me regarde, qu'on sache que j'existe, qu'on me respecte. J'ai envie de les apeurer, qu'ils se taisent en ma présence. Vous savez, quand vous êtes remplis de haine, de colère, de peur, de honte, de tristesse, et des tous les sentiments néfastes qui existent seulement pour nous faire du mal ? Vous en voulez au monde entier. Vous avez besoin d'exprimer, de libérer le trop plein d'émotions qu'il y a en vous. Vous avez envie de hurler à pleins poumons,de tout détruire. Vous voulez que tout le monde sache, que tout le monde souffre comme vous souffrez. C'est exactement ce que je ressens. Un besoin de destruction. Mais en même temps, je ne le veux pas, c'est compliqué et complètement insensé.

Une fois l'effet de surprise passé, ils se remettent à boire, fumer, danser...

Personnellement ma préoccupation c'est de trouver Esteban au plus vite. Non pas que je sois pressée de le revoir, bien que j'avoue l'apprécier, mais j'ai déjà un léger problème. Il y a deux gars complètement défoncés qui lorgnent sur moi, ou, plutôt, sur mes formes. Finalement je ne suis plus aussi sûre qu'une robe me mettant en valeur était la meilleure idée que j'ai eue.

Il devrait déjà être là pourtant ! Mais qu'est-ce qu'il fait bon sang ?!

Je me réfugie dans un coin, à l'écart de la foule. J'ai chaud, je suis toute rouge et je transpire alors que ça ne fait que cinq minutes que je suis arrivée. Soif. Je vais au bar. Je veux de l'eau, j'ai besoin d'eau. Le barman ne comprend pas. Il n'a que de l'alcool, on est à une soirée pour se défoncer et moi je veux de l'eau. Je lui hurle à la gueule :

— I NEED SOME WATER NOW !

Cette fois il a compris et va me remplir un verre d'eau au robinet.

Je sais, c'est tout.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant