Chapitre 8

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Au lycée une fille m'aborde. Je l'ai déjà vue, il me semble qu'elle parlait avec Esteban. Après je peux me tromper, il y a beaucoup d'élèves. Et ce n'est pas comme si elle était particulièrement différentiable des autres avec ses cheveux blonds et son maquillage. 

— Tu t'appelles comment ?
— Mia. Et toi ?
— Lou. Pourquoi Esteban était chez toi hier ?

Ah, c'est pour cela qu'elle me parle ! Je me disais aussi... Malheureusement, je n'ai pas la réponse à sa question.

— Ben... euh... comment tu le sais ? Tu l'espionnais ?

Je suis fière d'avoir réussi à la mettre en position de coupable. Exploit ridicule, mais exploit quand même.

— C'est moi qui pose les questions. Réponds.

Finalement, c'est elle qui mène la partie. Elle a une autorité dans la voix que je ne peux contester. Un peu comme Esteban quoi. J'ai vraiment l'impression d'être un toutou qui obéit à son maître, c'est frustrant.

— Je ne sais pas. Je ne voulais pas le voir. Mais il m'a consolée...
— T'avais quoi ?

Elle ne fait même pas semblant d'être intéressée, elle pose la question par pure politesse, rien de plus. Je crois que je préfère, je n'aurais pas supporté son hypocrisie.

— Ça ne te regarde pas.
— Et Esteban si ?

Cette fois-ci elle est réellement intéressée, cela se lit sur son visage. Dans sa tête aussi, mais ça j'aimerais mieux ne pas le savoir.

— Je ne lui ai rien dit.
— Ah...

Elle est visiblement déçue, elle s'est trompée et se sent bête. Tant pis, je ne vais pas m'apitoyer sur son sort... Elle s'en va. Puis se retourne, un sourire mauvais aux lèvres.

— Au fait, j'organise une soirée demain. Tu peux venir si tu veux.
— D'accord je vais y réfléchir, merci.

Je fais comme si je n'avais pas remarqué son expression. De toute façon, je n'ai pas d'amis, cette fête ne pourra que m'être bénéfique. Je compte bien y aller, malgré le fait qu'elle ne souhaite pas sincèrement ma présence, j'imagine. Ce sera un peu comme ma revanche.

À la sortie des cours, je me rends compte que je n'ai pas de tenue pour la soirée de demain, ce qui est assez ennuyant. A moins de vouloir y aller en tenue de sport ou en pyjama. Il ne me reste plus qu'à acheter une robe, histoire de marquer le coup. En principe je ne porte ni robe ni jupe. Heureusement que j'ai toujours un peu d'argent sur moi en prévision.

Je m'assois sur le banc de l'abribus. Quelqu'un s'assied à côté de moi mais je n'y prête pas attention car j'écoute de la musique et elle m'absorbe complètement. Ça fait du bien, la musique. C'est comme si j'étais dans un autre monde, que tous mes problèmes n'existaient pas. Je m'évade, je rêve. C'est une drogue légale.

Le bus arrive enfin. Je sors ma carte et je range mes écouteurs en prenant soin de ne pas les mettre n'importe comment. C'est peut-être du temps perdu, mais si on réfléchit deux secondes, on comprend qu'en fait c'est un gain de temps. En effet, on oublie trop souvent que les écouteurs s'emmêlent très vite et qu'ils sont longs à démêler, puis on se retrouve avec le problème.

Au moment de monter et de chercher une place libre au fond du bus, je regarde la personne qui était assise à côté de moi. Esteban. Ce n'est pas possible qu'il soit toujours là quand je ne l'attends pas. Lui aussi m'a vue et me sourit. Dieu que son sourire est beau... je le lui rends sans même le vouloir. Qu'est-ce que je peux être niaise.

Je sais, c'est tout.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant