Le réveil sonne et affiche 6:00. Ce n'est pas raisonnable de se lever aussi tôt après avoir passé l'été à faire des grasses matinées pouvant durer jusqu'à 15:00.
L'étape difficile de la sortie de lit terminée, le stress reprend le dessus, c'est le grand jour, je suis lycéenne. Nouvel établissement, nouveaux professeurs, nouveaux amis, nouveau bus, etc.
L'ayant oublié la veille, je n'ai absolument rien préparé. Mais je verrai après, pour l'instant je vais prendre mon petit-déjeuner. Une tartine de beurre que je trempe dans un bol de thé, simple mais délicieux. Je monte me laver et me brosser les dents en vitesse puis m'habille avec un jean bleu marine basique et un top blanc. J'attrape ensuite mon sac à main que j'ai acheté spécialement pour le lycée et y jette ma trousse, mon agenda et mon trieur avec quelques feuilles.
Une fois que je suis sûre de n'avoir rien oublié, je réveille Eliott. Il ronchonne un peu mais descend manger ses céréales puis va s'habiller. Inutile de lui demander de se brosser les dents, il ne le fera pas.
Je l'emmène à l'école, elle est à deux pas de la maison. Les surveillants sont surpris de me voir moi, qui plus est si tôt. Mais heureusement, ils ne posent pas de questions. Vous vous imaginez dire « Mes parents sont en taule, ils ont tué un innocent. Je m'occupe de mon frère à leur place. » Non.
Il est aux environs de 7:20 lorsque j'arrive à l'arrêt de bus qui pour une fois est à l'heure.Le lycée dans lequel j'arrive est déjà bondé, il y a beaucoup trop de voix. Et comme ce sont de nouvelles personnes, je n'arrive pas encore à ne pas les écouter.
J'ai mal à la tête, c'est presque insoutenable mais je marche malgré tout jusqu'aux fiches où sont inscrits les noms des élèves ainsi que leur classe.
Mia Lewis... Mia Lewis... Mia Lewis... Mia...
Ah ! 2nd D. J'aurais préféré A ou E, je ne sais pas pourquoi d'ailleurs. Parfois je suis... bizarre. Mais bon, je vais faire avec, une classe c'est une classe.
Je cherche quelqu'un de connu dans cette fichue liste... Théo Criste, mon meilleur ami. Ouf ! Au moins quelque chose de positif dans cette rentrée.
Théo je le connais depuis la maternelle, et d'aussi loin que je me souvienne on a toujours été meilleurs amis, inséparables. Je sais tout de lui et il sait tout de moi. Même ça... là... J'ai une totale confiance en lui, et lui en moi. J'arrive à bloquer mon pouvoir sur lui, je ne veux pas pénétrer sa pensée. Peut-être parce que je préfère avoir une confiance aveugle en lui.
D'ailleurs je le vois, il vient sans doute d'arriver. Tel que je le connais il a dû oublier de se réveiller. Il ne veut pas mettre de réveil, soi-disant qu'il a une horloge interne.
Il m'a vu et vient vers moi, avec un grand sourire bien évidemment.
— Ça ne va pas ?! s'exclame-t-il en s'arrêtant net.
— Bah si, pourquoi tu dis ça ? le questionné-je.
— D'habitude tu te jettes dans mes bras et tu me fais un gros câlin. Et là, rien. Explications ?
— Je suis fatiguée, voilà tout.
— Mia... ? me demande-t-il avec un ton lourd de sous-entendus.
— Oui ? dis-je d'un ton ironique.
— Je ne te crois pas.
— Bon ok, t'es trop fort pour moi !
— Je te connais par cœur tu sais.
Je lui fais un bisou, heureusement qu'il est là, lui.
— Bon alors, tu me racontes ?
Je lui parle d'abord de mes parents, d'Eliott et de ma situation précaire.
— Wow ! Chaud... Désolé, Mia.
Puis j'enchaîne avec ce que j'ai vu et entendu, de cette femme au comportement plus qu'étrange, cette femme qui me fait peur.
— T'es sûre de ce que tu dis là ?!
— Mmmhh... Théo ?
— D'accord c'est bon.
Et enfin de ma réflexion de la nuit, sur mes parents et les meurtres.
— Tu penses vraiment que c'est lié ? Avec tes parents je veux dire ? me demande-t-il, surpris.
— Certaine.
— Et tu comptes faire quoi ?
— Là tout de suite, aller en classe.
— T'es drôle toi... ironise-t-il.
— Bon allez viens, on en parle à la récré.Je suis dans une petite classe, trente-sept élèves, juste ça. La prof principale est plutôt jeune et a l'air sympa, c'est déjà bien. Elle fait l'appel et je comprends qu'il y a un absent, Jordan je crois. Ça veut dire qu'on est 38... Pourquoi pas 80 tant qu'on y est ?! J'en ai marre de marre de chez marre. Au collège on était vingt-cinq par classe et je trouvais déjà que c'était trop. Alors là, mais là... En plus j'ai chaud. Je suis vraiment à deux doigts de faire une crise de nerf. Calme Mia, calme, respire un bon coup.
La prof nous explique le règlement. Je n'écoute rien, de toute manière c'est toujours la même chose, quel que soit l'établissement.
Je m'endors à moitié, je pense à tous mes problèmes. Pourquoi ce serait à moi de réparer les erreurs de mes parents ? Je n'ai que quinze ans après tout, il ne faudrait pas l'oublier ! Oui mais il y a cette femme Mia. Et il n'y a que toi qui sache, tu dois faire quelque chose.
C'est enfin la récréation, je n'en pouvais plus de rester assise à écouter quelque chose qui ne me sera jamais d'aucune utilité. Je vais m'éloigner de tout ce monde, parler seule à seul avec Théo. Lui expliquer. Il va m'aider, j'en suis sûre. Il me comprend toujours et fait tout pour que je m'en sorte. Il est comme un grand frère pour moi, même si j'ai deux mois de plus que lui.Tout le monde se précipite dehors, y compris Théo. Il... il devait m'attendre, enfin comme d'habitude. Je ne comprends pas. Peut-être qu'il m'attend en bas, ça m'étonnerait mais on ne sait jamais avec lui. Ça me fait mal, rien que le fait de l'imaginer, les larmes commencent à couler. Oui vous pouvez me qualifier de fragile, mais avec tout ce que je vis actuellement, la moindre petite chose me fait cet effet. C'est totalement stupide et j'en ai conscience mais je ne peux pas m'en empêcher. Je descends les escaliers en titubant, espérant toujours qu'il m'attende au bout. Je m'accroche de toutes mes forces à la rampe, pour ne pas tomber. Et puis finalement il n'est pas là. Quand j'arrive en bas je n'ai plus la force de résister aux voix, il y en a tellement. Tant pis. Je vacille, tout devient trouble autour de moi. J'ai juste le temps de voir un garçon qui me fixait se précipiter vers moi et je m'écroule.
VOUS LISEZ
Je sais, c'est tout.
Genç KurguL'histoire de Mia, télépathe. Tout savoir de tout le monde peut être dangereux. Surtout quand on apprend un secret qui aurait dû le rester.