Les enfants de Toulghar, tome 1

Chapitre 9

05 mai 2015, Malaisie, Kuala Lumpur

L'I.M.U vient de transférer son quartier général dans cette zone. Elle fait partie de celles qui sont le plus visées par ces attaques contre les enfants. Des campements de fortunes ont été installés avec l'aide des habitants. Désormais, la base est opérationnelle et hautement gardée. La presse a eu écho de la tragédie à Copenhague, le monde est scandalisé par de tels agissements. Des caricatures d'enfants embrochés comme appâts au bout d'un hameçon géant, ont fait la première page des journaux et de nouveaux dirigeants ont été nommés à la tête de l'I.M.U. Pourtant, il semble que l'histoire se répète inlassablement. Cette base reculée du monde occidental et de ses médias trop curieux, leur permet une fois de plus, de s'essayer à des agissements peu scrupuleux. Dans la salle de commandement, quelques gradés mettent en place un nouveau plan ayant pour but d'infiltrer ce nouveau monde. Un moniteur géant affiche une vidéo en 3D d'une chambre d'enfant. On peut y voir un robot tracté par des chenilles traversant le passage de lumière. Celui-ci, au moyen d'une caméra embarquée filme son excursion. Les lumières de la salle se rallument, un officier prend la parole, le général O'Brian.

— Messieurs, les gouvernements nous recommandent la plus grande discrétion sur cette opération. N'oublions pas le fiasco médiatique de la dernière. Il nous est impossible d'infiltrer notre ennemi et de nous renseigner sur ses agissements sans l'aide d'enfants. Je sais que cela peut paraître inhumain, mais nous sommes là avant tout pour répondre aux ordres. C'est pourquoi, nous agirons dans notre propre camp. Le mal se rapproche de la base, nous l'attendons dans trois jours au plus tard. Un piège sera tendu par un groupe d'élite qui en profitera pour infiltrer une sonde-espionne. Je laisse le soin de cette opération au colonel Savage.

Le colonel se lève de sa chaise fièrement, il salue le général avec droiture et s'adresse au reste de la salle. C'est un homme d'origine française d'une quarantaine d'années, décoré de nombreuses fois pour ses actes de bravoure sur le terrain. Sa réputation n'est plus à faire, pourtant son humilité met un doute quant à l'obtention de son poste. D'autres sont sûrement plus affirmés que lui pour ce genre de travail. Il n'est pas du genre à mettre en avant ses qualités, pourtant derrière son uniforme strict se cache un humanisme exemplaire. Il est d'ailleurs effrayé par une telle mission et cherche un moyen de la rendre la plus sécurisante possible pour les enfants. Ce qu'il ne sait pas, c'est leur provenance. Il a bien fallu en trouver sans se soucier de l'aval des parents ou des proches. Il suit scrupuleusement l'ordre de mission en le rendant le plus sûr possible. Pointant une carte de la base, il décrit la manœuvre aux autres officiers. Parmi eux, des responsables de logistique ou de transmission, d'autres en armement, mais tous ont une expérience significative sur le terrain. Des dizaines de caméras sont installées dans un dortoir aménagé à l'intérieur d'un hangar. Il est composé de trente lits pour enfants, alignés de façon parfaitement rectiligne. Derrière de larges portes situées de part et d'autre de la salle, se positionneront les soldats d'élite, prêts à intervenir dans la seconde. Un filet est fixé au plafond, il servira à emprisonner la bête. Les soldats équipés de vision nocturne, agiront dans l'obscurité totale. Une fois cette première étape passée, une sonde prêtée par la NASA sera envoyée dans le passage encore ouvert, elle pourra ainsi transmettre un maximum de données sur l'environnement inconnu.

7 mai 2015, base de l'I.M.U

Le colonel Savage fait les cent pas. Il remonte sans cesse un long corridor menant au dortoir. Des gouttes de sueur coulent le long de sa joue, ce qui ne lui ressemble pas. Il est plutôt du genre à se maîtriser, mais il y a quelques exceptions. Il vient de recevoir un mandat de réception donnant autorisation aux trente enfants, d'entrer dans la base. Ce n'est pas la peur qui domine cet homme, mais la colère. Aucune précision n'est apportée sur la provenance des enfants, ni des parents. Profitant de l'arrivée sur les lieux du général O'Brian, le colonel Savage l'intercepte afin de tirer cela au clair.