Les enfants de Toulghar, tome 1

Chapitre 13

La végétation au sol se raréfie de plus en plus et Lisbeth a le sentiment qu'ils approchent de leur but. Tout comme ses deux amis, elle se réjouit de retrouver Peter et Linn. Le sol caillouteux s'assombrit laissant présager qu'ils seront bientôt au pied de la montagne noire. De cette longue marche, les trois garous sont épuisés, ils ne livreront pas bataille aujourd'hui. La lumière du soleil devient de plus en plus aveuglante, les arbres se dissipent laissant entrevoir des silhouettes à contre-jour. Il semble y avoir de l'agitation. Sven pointe du doigt dans leur direction.

— C'est eux ! On est arrivé, enfin !

Les trois voyageurs et leur monture exultent de joie, cela fait bien longtemps qu'ils attendaient ce moment. Sortant de l'obscurité, les voici qui pénètrent dans une région immense constituée de plaines vallonnées sur lesquels s'amassent quelques roches noires. La végétation qui les recouvre est de toute beauté. Le garou progresse pas à pas sur un épais tapis de mousse scintillant aux reflets du soleil. De magnifiques fleurs se dressent ici et là, elles rentrent aussitôt dans la mousse pour se cacher dès que les pas des garous se font trop proches. Ce qui n'est pas sans amuser les trois adolescents. Hanna tente de cueillir l'une d'elles en se laissant glisser sur le dos de sa monture, mais en vain. Insistant malgré tout, elle parvient à toucher du bout des doigts l'une des pétales, mais très vite perd son équilibre et chute face contre terre. Heureusement les garous marchaient d'un pas plutôt lent, Hanna reste au sol le nez enfoui dans la mousse. Aussitôt Sven alertée par le bruit se retourne et cri.

— Hanna !

Sans perdre une seconde il se jette à terre et court la rejoindre. Arrivé à un mètre d'elle, il observe attentivement inclinant sa tête, cherchant un signe vital distinct. Hanna lève les yeux vers lui, le visage couvert de mousse. Sven l'aide alors à se relever, il la regarde. La surface de sa peau souillée se met à scintiller de mille feux. Elle laisse échapper un léger rictus se sentant quelque peu honteuse. Tout ce vacarme a alerté les autres toulghariens qui accourent pour leur prêter main forte. Rassuré, Sven sourit et très vite les jeunes amoureux se mettent à rires aux éclats. Le reste du groupe comprend alors qu'il s'agit là d'une situation bien cocasse et rit à son tour. Lisbeth descend et rejoint ses amis. Les retrouvailles se passent dans la joie et la bonne humeur. Parmi les milliers de toulghariens, un groupe les accueille avec le plus grand soin, puis les escorte près d'un campement de fortune qu'ils ont installé pour passer la nuit. Ainsi ils pourront se ressourcer et récupérer les forces qui leurs seront nécessaires le lendemain. Quelques Grils et Alfats sortent eux aussi de la forêt, accompagnés de Peter et Linn. Ils étaient partis chercher des provisions ainsi que du bois pour se réchauffer. Interloqués par tout ce remue-ménage ils s'avancent dans la foule et comprennent très vite d'où vient toute cette agitation. Tous deux lâchent leurs encombrantes provisions et se jettent dans les bras de leurs amis. Le reste de la journée se déroule dans la joie au sein d'un peuple soudé, uni pour la même cause.

Pendant ce temps, dans la salle secrète de l'IMU, les soldats s'occupent comme ils peuvent. Apprenant à se connaître, certains échangent des photos de leur famille. D'autres s'adonnent à quelques parties de poker. Tous essayent de masquer l'ambiance plombante qui règne dans la base, parfois même en se lançant quelques taquineries. Le colonel Savage profite de cet instant pour faire plus ample connaissance avec son équipe. Il prend place aux côtés d'un groupe de huit soldats. Aussitôt, les hommes se lèvent et se mettent au garde-à-vous.

— Repos, les gars. C'est peut-être les derniers moments que l'on a à passer ensemble, alors détendez-vous et oublions un peu le protocole.

Il se sert une tasse de café et s'assoie à leurs côtés. Les discussions reprennent, parlant de tout et de rien, cherchant à faire connaissance et à se changer les idées. L'un d'eux, le sergent Martinez se tourne vers le colonel et lui tend une photo.