Chapitre 16

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Un groupe d'explorateurs est parti au petit matin, dans les montagnes, laissant derrière lui une armée de toulghariens épuisés. Les Yatos les aident à se réchauffer et reprendre des forces. Ils disposent de quelques provisions et herbes médicinales pour se rétablir. Malna, aidée d'autres femmes Alfats soignent les blessures et apportent un peu de réconfort auprès des guerriers. Les Grils aidés de Hanna et Linn se mobilisent pour établir un feu grâce à des morceaux de bois ramassés sur la route. Pour cela, les Yatos ont un bien meilleur moyen. L'un d'eux se rapproche de Falghot, le chef des Grils et lui tend une poche pleine de liquide.

— Qu'est-ce que c'est ?

— C'est une vessie d'Ocril remplie de sa graisse. Ça brûle très bien, mieux que vos petites brindilles. Nous en avons des quantités suffisantes pour tous vous réchauffer ici.

— Comment vous l'êtes-vous procuré ?

— Vous n'imaginez pas les créatures qui vivent au fond de ce lac géant. Mais n'ayez crainte, ils ne peuvent pas casser la couche de glace qui nous sépare. Quand nous les chassons, c'est à une bonne distance de notre cité, dans un puits que nous avons creusé.

Falghot, incline la tête en remerciement et jette la vessie dans les flammes. Elle brûle pendant plusieurs heures durant, laissant un parfum de poisson séché derrière elle. C'est le premier geste de bonté et de cohabitation entre deux peuples de Toulghar jusqu'ici ennemis. Au cœur de la montagne, le groupe suit la trace d'un ver géant à travers un dédale de couloirs laissé derrière lui. Les Elfus sont là pour les éclairer dans cette obscurité inquiétante. Le roi d'Agus est en tête du cortège, il connait bien ces créatures et sait comment les pister. Il est suivi de près par le colonel et son équipe, ainsi que Lisbeth toujours en selle sur son garou. Nolhan ferme le cortège, les suivant péniblement. Profitant de ce moment d'accalmie, le colonel entame une petite discussion avec Lisbeth.

— Voilà deux jours que nous sommes là, et je n'arrive toujours pas à croire à tout ça.

— Au début, on n'y croyait pas non plus. Je pensais me réveiller dans mon lit douillet en me disant que j'avais fait un mauvais rêve. On a bien pensé faire demi-tour, mais notre ticket de retour était ce satané Molvar et Nils, le frère de Hanna a été enlevé en voulant nous retrouver. Tout ça est de ma faute.

Lisbeth se met à pleurer, les larmes coulent sur ses joues puis tombent sur la crinière du garou. Ressentant toute la tristesse de sa cavalière, celui-ci baisse les oreilles. Le colonel tente de poser une main réconfortante sur son épaule, mais le garou l'arrête dans son élan.

— Enlève tes salles pattes de là !

— Laisse-le, il est de notre côté.

— Il a voulu détruire Toulghar.

— Ce n'était pas de sa faute, il suivait les ordres.

Le colonel fouille alors dans la poche de son blouson. Il sort la photo de Julie. Ému devant l'image de sa fille, il se rappelle les bons moments passés avec elle.

— Cette mission, j'ai accepté de la faire pour elle. Au début je pensais être capable de la ramené. Oui, j'ai actionné cette bombe, parce que je savais que nous étions perdus. Je savais aussi que je ne la reverrais jamais. Elle était tout pour moi. Je n'avais qu'un but, la retrouver. Maintenant je souhaite la venger plus que tout, ainsi que les autres enfants.

Le garou se redresse fièrement, les oreilles pointant en l'air.

– Vous vous trompez ! La première bataille était un échec, la seconde sera une victoire. Cette guerre va bientôt prendre fin et nous libérerons tous les enfants ainsi que votre fille, vous verrez.

Les enfants de Toulghar, tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant