Chapitre 7

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Copenhague, 03 avril 2015

L'I.M.U vient de prendre position dans l'orphelinat. Les militaires acheminent le matériel logistique jusque dans les chambres sous les yeux amusés des enfants. Il arrive même que certains se prennent à jouer pour détendre l'atmosphère. Seule la directrice de l'établissement, Ellen Jensen, extrêmement tendue, a du mal à cacher ses émotions. C'est une femme d'une quarantaine d'années, aimée de tous, qui se dévoue corps et âme pour les enfants. Il faut dire qu'elle a perdu les siens dans un tragique accident de voiture quelques années auparavant. C'est comme un exutoire pour elle que d'aider les orphelins. Mais aujourd'hui, ni sourires, ni paroles douces de sa part ne viendront égayer les murs de l'établissement. Elle s'est enfermée dans son bureau depuis l'arrivée des militaires. La journée passe, la tension augmente autant pour elle que pour les membres de l'I.M.U.

La nuit venue, les enfants se rassemblent dans la grande salle de jeux. La directrice veut leur dire un mot et surtout les rassurer.

— Mes chers enfants! Comme vous l'avez constaté, des militaires sont venus pour effectuer quelques contrôles dans notre établissement. Je suis particulièrement fière de vous et de l'accueil que vous leur avez fait. Je sais très bien que certains d'entre vous sont au courant de ce qui se passe en ce moment dans le monde, c'est pour cela qu'ils sont ici ce soir. Ils vont veiller sur vous, alors je vous demande de faire comme s'il s'agissait d'un soir identique aux autres. Vos surveillants vont vous accompagner dans vos chambres, puis les militaires vous rejoindront. Ils veilleront sur chacun de vous, vous pouvez donc dormir en toute confiance. Je vous aime mes petits...

Ellen tente de ne pas laisser ses émotions l'emporter et doit rester la plus neutre possible face aux enfants pour ne pas les inquiéter. Une boule monte dans sa gorge, elle sent les larmes envahirent ses paupières. D'une main discrète, elle cache une partie de son visage simulant une action de se gratter le front. Elle quitte la salle aussitôt, les laissant avec les surveillants. Puis le groupe part rejoindre les chambres dans le plus grand silence. Les enfants ne sont pas dupes, ils ont bien compris que ce soir n'est pas comme les autres. La directrice Jensen s'inquiète de ne pas les revoir le lendemain matin. Les moniteurs sont allumés, caméras et micros pointés en direction des lits. D'autres montrent une vue d'ensemble des chambres. Elles sont constituées chacune de deux lits superposés de part et d'autre d'une fenêtre donnant sur la rue. Un système de sécurité empêche son ouverture de plus de dix centimètres pour des raisons de sécurité, il serait donc improbable que le mal vienne de dehors. À tout hasard, le colonel Hotkins a fait placer quelques caméras au périmètre du bâtiment ainsi qu'à chaque accès. La surveillance est aussi accrue que pour le déplacement des plus grands chefs d'État. Les hommes sont postés au pas de chaque porte, armés jusqu'aux dents, attendant l'ordre d'intervenir. Ils devront patienter longtemps, car les enfants sont trop agités avec tout ce remue-ménage, pour trouver leur sommeil. Cinq militaires ont les yeux rivés sur les écrans de contrôle depuis des heures. Le café servit par le personnel de l'orphelinat, coule à flots. Les images sont toutes enregistrées, elles permettront, si un événement tragique arrive, de les décortiquer et d'en tirer des conclusions. Mais ce soir-là, c'est le calme absolu. Rien ne se passe, les yeux des gardes perdent peu à peu de leur concentration. Il est plus de cinq heures du matin, et toujours rien.

Le jour s'est levé, à la grande joie de chacun, surtout de la directrice, tous les enfants sont là, en bonne santé. Cela n'est pas pour autant fini, le colonel Hotkins vient de recevoir une information du quartier général de l'I.M.U.

Gentofte, située à quelques kilomètres de là, vient de subir des enlèvements d'enfants. Il ne resterait que ceux de plus de quinze ans en moyenne. À la vitesse où la malédiction des enfants se propage, il sait qu'elle frappera ce soir. Les consignes sont données aux vingt soldats d'en dire le moins possible au personnel ainsi qu'aux enfants. Officieusement, ils restent une nuit de plus pour s'assurer que tout ira bien dans les prochains jours. Officiellement, les hommes se préparent au pire. Ils profitent de la journée pour récupérer leur manque de sommeil. La nuit tombe de bonne heure sur Copenhague. Un silence divin s'installe sur la ville, les membres d'élite se tiennent une fois de plus à leur poste. La tension est palpable, cette fois c'est la bonne, ils le savent.

Les enfants de Toulghar, tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant