Jouer avec le feu

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Jeudi 28 janvier - Paris 

PDV Rayane

Épuisé de voir Denitsa se morfondre entre les 4 murs de l'appart', j'ai décidé d'employer les grands moyens pour la faire réagir. Je l'ai sorti presque de force de l'appart pour la mettre dans la voiture. Gims est avec nous puisque je ne sais pas combien de temps il va me falloir pour parvenir à mes fins. Nous arrivons vers 11h à l'académie internationale de danse située dans le XVIe arrondissement de la capitale. Je connais cet endroit puisque les danseurs de la troupe travaillent ici lorsque les studios de l'Olivier ne sont pas disponibles. Nous descendons de la voiture et nous entrons dans le hall fréquenté par une poignée d'élèves:

Denitsa: Pourquoi tu m'as emmenée ici?

Moi:Réfléchis deux secondes à ce qu'on pourrait faire dans une académie de danse...

Denitsa: Le médecin a dit que je n'étais pas encore prête.

Sa visite chez le kiné avant-hier l'a complètement achevé. Lundi encore j'avais réussi à lui redonner le sourire et lui en un rendez-vous de 15 min il a réussi à la faire pleurer. Quand elle est rentrée à l'appart je l'ai retrouvée dans un état désespéré:

Moi:Tu m'as toujours dit que tout était possible dans la vie, qu'il suffit d'être motivé pour y arriver. Avant de me dire que tu ne veux pas d'être ici, viens avec moi s'il te plaît.

Elle me suit à contre-cœur jusqu'à une salle tout au fond du couloir. Miracle ici il n'y a pas de marches. Ce n'est pas décoré comme pour la télé,pas d'ampoules pendantes, pas de gros canapés, la salle est simple,un miroir, une chaise pour le prof et un poste pour la musique. Rien d'exceptionnel, ça suffira pourtant, j'en suis certain:

Moi:Ce week-end on sera à Poitiers et Tours. Alors je sais très bien que pour notre contempo et notre charleston c'est mort mais le public doit nous voir danser, on dansera toi et moi.

Pas de réponse de sa part:

Moi:On a gagné les premières dates, tu sais tout comme moi que les gens sont heureux de nous revoir tous les deux publiquement ensemble.

Son visage se ferme, elle fait semblant de ne pas m'entendre:

Moi:Ne fais pas cette tête, écoute mes arguments au moins.

Denitsa: Je ne peux pas même pas marcher sans béquilles. Le kiné a dit de ne rien tenter avant le 2 février. Pourquoi tu m'emmènes ici alors que tu sais que ça me fait de la peine?

Moi:Tu peux garder les béquilles pour t'appuyer dessus le temps de quelques mouvements, ensuite, je te prendrai dans mes bras.

Denitsa: Le public ne va pas aimer...ça ne sera pas moi.

Moi:Tu es la même personne assise ou debout, c'est toujours toi Deni,réfléchis.

Denitsa:Les gens m'aiment bien parce que je danse.

Bon, ce n'est pas le moment de m'énerver. J'inspire profondément, je retire ma veste pour être plus à l'aise. Denitsa ne bouge pas, elle reste debout dans cette salle vide, elle attend que quelque chose se passe, comme si elle attendait qu'un miracle lui donne la possibilité de remonter le temps et de reprendre sa vie comme avant sa chute:

Moi:Allez vas-y mon cœur, éblouie-moi.

Pas de réaction de sa part, je la vois rester sur place, je perds peu à peu patience:

Moi:Vas-y danse.

Denitsa: Quoi?

Moi:On ne bougera  pas d'ici tant que tu n'auras pas décider de danser avec tes fichues béquilles. Je veux que tu danses!

Même si au fond de moi j'ai très peur qu'elle glisse, je veux la pousser au-delà de ses peurs. Pendant des jours elle a été privé de son art, maintenant qu'elle arrive à peu près à se déplacer sans l'aide de quelqu'un,il faut qu'elle se bouge, j'en peux plus de la voir triste!

Moi:Danse!

Denitsa:Non!

Aussi têtu l'un quel'autre, on n'est pas sorti de l'auberge. J'inspire à fond dans l'espoir de garder mon calme pour ne pas la brusquer d'avantage:

Moi:Dans quelques jours tu seras sur scène avec Loïc, je veux te voir danser à Bruxelles, cette date est importante pour lui et sera aussi forte pour toi, ça signera ton retour sur scène. Ton vrai retour je veux dire. Je veux que tout le monde n'est d'yeux que pour toi.

Denitsa: L'autre jour tu m'as demandé de ne pas danser, tu ne voulais pas que je force.

Quel con moi aussi,qu'est-ce qui m'a pris de dire tout haut mes inquiétudes:

Moi:J'ai changé d'avis et tu sais pourquoi? Tu es une fille extra Deni,je veux que tout le monde puisse s'en rendre compte.

Soudain son regard change. Je ne lis plus dans ses yeux de la frustration mais de la douceur. Elle a enfin compris que je n'étais pas là pour insister lourdement, je suis venu ici aujourd'hui avec elle pour qu'elle puisse retrouver une partie de sa vie d'avant sa chute:

Denitsa: J'ai l'impression que mon corps ne se souvient plus de rien...

Attristée elle baisse la tête. Je m'avance jusqu'à elle pour lui caresser la joue:

Moi:Tu es d'accord pour essayer au moins?

Elle hoche la tête pour me donner son feu vert:

Moi:Alors c'est parti mon cœur, amuse-toi.

Je recule pour qu'elle est de la place. J'appuie sur la chaîne hifi qui se met tout de suite en route, on tombe sur la radio, une chanson des Jackson 5, I want you back. Je tape des mains, je m'ambiance tout seul en sautant partout presque trop en voyant la tête de Gims quand soudain, ça y est, Denitsa lâche ses béquilles pour sautiller sur un pied en tapant des mains. Son visage redevient expressif, ses doigts,ses mains,ses bras bougent en rythme. Voilà, je la retrouve, je vois celle que j'aime, je vois ma fiancée qui aime danser, qui aime vivre tout simplement. Envoûtée par ce qu'elle fait et ce qu'elle entend,elle se lâche, un peu trop, elle finit par terre, je me précipite jusqu'à elle:

Moi:Ça va? Tu as tapé ton pied contre le parquet?

Mes mains tiennent ses bras, je regarde ses jambes:

Moi:Pourquoi tu ne dis rien?

Ma panique disparaît lorsqu'elle relève la tête, un joli sourire est dessiné sur son visage:

Denitsa: Merci de m'avoir amené ici.

Moi:Petite peste tu m'as fait peur!

Toutes mes craintes s'envolent, la pression redescend. Je la chatouille. Elle finit pars'allonger au sol, m'entraînant avec elle dans sa chute. Allongés l'un à côté de l'autre, on est bien... la vie est belle à partir du moment où nous sommes tous les deux.

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Voilà pour ce nouveau chapitre.

Merci beaucoup pour les retours que j'ai pu avoir ces derniers jours :)

Bon week-end.


Pas à pas (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant