Je me rappelle du jour de l'accident comme si c'était hier tellement j'étais bouleversée. Et aussi parce que j'y étais.
C'était un mardi. Il était venu me chercher à l'école et il voulait m'emmener à la patinoire. J'avais 12 ans.
J'étais toute excitée car à l'époque je ne savais pas faire. Il m'avait même acheté tout un sachet de friandises. Je pensais que ça allait être la plus belle soirée de ma vie.
Pourtant ce fut la pire.
Mon père et moi, c'était depuis toujours une très belle histoire. Même si j'adore ma mère, mon père a toujours été mon favori.
Quand Jake n'était pas encore né nous passions nos journées à aller jouer au parc, à construire des cabanes ou à faire des dessins sur des feuilles immenses.Il ne travaillait pas à l'époque, contrairement à ma mère. Et comme elle n'était jamais à la maison, c'est lui qui m'a tout appris. Marcher, parler, nager, faire du vélo. Tout.
L'aller jusqu'à la patinoire s'était bien déroulé. Il avait mis la playlist de toutes notes chansons et nous chantions en criant dans la voiture.
Il m'avait dit :- Tu verras ma grande Ally, tu pourras rajouter le patinage à l'immense liste des choses incroyables que tu sais faire.
Il s'était arrêté pour me dire ça et s'était retourné. C'est à ce moment là qu'il avait constaté avec surprise que j'avais déjà terminé le sachet de bonbons. Puis il avait explosé de rire en me menaçant de ne plus jamais m'en racheter si je les mangeais aussi vite. Mais je savais qu'il le referai. Enfin je pensais qu'il aurait eu l'occasion de le refaire.
C'est aussi à ce moment là qu'un énorme camion est arrivé et s'est abattu sur la voiture, projettent mon père par le pare-brise. Ses derniers mots furent mon nom. Qu'il avait crié de toutes ses forces. Sa voix résonne encore dans ma tête.J'étais tellement heureuse le jour où ma mère m'a dit qu'il n'était pas mort.
"Génial, on pourra apprendre le patin à glace."
Je suis allée le voir le lendemain, toute excitée. Je lui avais acheté des friandises pour me racheter de ma bêtise. Quand je l'ai vu j'ai couru sur le lit, il était là, il ne bougeait pas mais je n'avais pas compris.
Je lui ai dis :
- Papa je t'ai acheté des bonbons.
Il n'a pas répondu.
J'ai alors fait face à l'horrible spectacle que j'avais sous les yeux. Un corps vide. Immobile. Sans émotion. Sans preuve de vie à part la machine qui prenait les pulsions de son coeur.
J'ai su alors à cet instant que tout allait changer. Que personne ne serait là pour m'apprendre à faire des choses et que j'allais devoir le faire toute seule.
Une semaine plus tard je me rendais à la patinoire. J'avais décidé d'apprendre pour lui. Tous les soirs, j'y suis allée. Pendant tout un mois. Et j'ai finalement su faire.
Je suis alors allée de voir, pour tout lui raconter. Il était seul dans sa chambre toute la journée. Maman n'était jamais là. Jake était encore petit. Je crois qu'il m'en veux d'avoir laissé tomber papa.
Je lui ai alors dit, qu'au départ je tombais tout le temps mais qu'au bout d'un certain nombre d'essais, je commençais à comprendre. Je lui ai aussi dit qu'il me manquait.
Et j'ai continué à faire ça tous les soirs. Je lui racontais tout, mes problèmes, mes amies, Josh mon ancien copain, le déménagement... Je lui ai même parlé de Matty.Le premier jour du déménagement, je l'avais emmené en dessous de l'arbre. Lorsqu'on s'assoit sur l'immense branche qui est en bas du tronc, on peut voir tout Miami au loin. Je lui avais dis que je l'emmènerai ici tous les soirs pour qu'il admire la vue.
C'est fou parce que j'aurais aimé qu'il me réponde quand je lui parlais. Qu'il me dise ce qu'il pense. Ce que ça lui fait de ne plus pouvoir bouger. Qu'il me dise qu'il m'aime et qu'on chante nos chansons ensemble, qu'on dessine, qu'il m'apprenne encore des tas de choses. Qu'il soit avec moi quand maintenant je me rend en dessous de l'arbre pour réfléchir.
J'aurais voulu ça oui.
VOUS LISEZ
90 jours
RomanceIl ne m'était jamais rien arrivé de pareil. Au moment où elle rentra dans la salle, je sû immédiatement qu'elle était spéciale. J'avais envie de la connaître, de lui parler de moi. Mais non je ne pouvais pas. Les médecins l'avaient bien dit claireme...