À ma montre, il est déjà quatorze heures six. Après plus d'une heure de marche à errer dans ce « No man's land », je suis perdue et je ne sais pas où aller...
Sur le chemin, je rencontre par chance une cabine téléphonique. Je n'ai plus de téléphone portable, je me le suis fait voler dans le métro plus tôt dans la matinée. Je ne vais sûrement pas passer à côté d'une telle occasion !
Je cours jusqu'à cette cabine dans l'espoir de pouvoir contacter les secours.
Je décroche le combiné, mais là...rien ! J'ai la terrible surprise de constater qu'il n'y a aucune tonalité au bout du fil.
J'appuie machinalement sur toutes les touches avant de raccrocher et de verser encore une fois quelques larmes de désespoir.
Soudain, j'entends au loin le passage d'un, puis plusieurs avions en vol et en tournant la tête, je peux les apercevoir à l'horizon.
Je me rends compte que ce sont des avions de l'armée qui défilent dans le ciel, ceux qu'on peut voir parader lors des grandes fêtes nationales et il y a aussi des hélicoptères parmi eux.
Tous convergent vers la même direction. Que peut-il bien y avoir là-bas ? Je ne le sais pas, mais une chose est sûre, je veux fuir à tout prix l'endroit où je suis.
Je reprends ma route. Je finis par arriver dans une petite ville pas loin où il y a eu exactement le même scénario, voire pire...
J'ai l'impression d'être le personnage d'un film de guerre. Tout est si chaotique autour de moi.
Les bâtiments sont à moitié détruits, les voitures sont également arrêtées en pleine voie, tous les feux de signalisation de la ville sont éteints, les énormes panneaux publicitaires sont couchés sur le sol et il n'y a pas un pèlerin à l'horizon, à part cet homme terrifié dans sa voiture qui tente désespérément de la redémarrer... en vain.
Tous les moyens de communication ont été coupés : pas de télévision, de radio, de téléphone. Plus rien ne fonctionne ! Je suis bel et bien coupée du monde.
Mais où sont les forces de l'ordre ? Où sont les secours ?
Plus loin, j'aperçois cette école. Je me dis que je pourrais sûrement trouver un moyen de contacter les secours, alors je la rejoins discrètement, mais en arrivant là-bas tout semble abandonné.
L'école a été détruite à certains endroits, comme si elle avait été touchée par un obus.
Je pénètre dans le hall sans m'engouffrer trop loin. Je suis peut-être courageuse, mais sûrement pas téméraire ! Et puis, je ne sais pas sur quoi je peux tomber à l'intérieur !
Il n'y a pas un bruit, plus d'élèves, plus de professeurs. L'école a été évacuée.
Je m'apprête à faire demi-tour quand tout à coup, j'entends un petit bruit dans la première salle de classe sur ma droite. Cela provient de l'immense placard en bois situé au fond de la salle.
Je me prépare à courir quand j'entends une petite voix d'enfant qui chuchote : « Chut ! Timy, tais-toi ! »
C'est un enfant qui parle ! Je n'y crois pas, l'école a été évacuée, mais comment ont-ils pu oublier un enfant ?
Je décide de rentrer en restant sur mes gardes. Je prends le temps d'inspecter tous les recoins de la pièce, puis je me dirige vers la grande armoire en bois.
Tout en me faufilant à travers les décombres, j'aperçois quelques dessins d'enfants accrochés aux murs, mais je dois faire vite, car le plafond ne va pas tenir bien longtemps.
J'ouvre l'armoire et là, je reste estomaquée par ma trouvaille...
Dans ce placard, il n'y a pas un enfant, mais quatre ! Tous blottis les uns contre les autres et tous effrayés.
J'ai quand même une conscience et je ne vais sûrement pas laisser ces enfants tous seuls, livrés à eux-mêmes ! Je décide de les amener avec moi.
Tout d'abord, il faut les faire sortir de ce placard, ce qui n'est pas une mince affaire. Ils ont décidément vu quelque chose qui les a traumatisés.
J'essaye de les rassurer malgré moi. Je me présente à ces enfants et je leur fais comprendre tout de suite que je ne leur veux aucun mal.
Le plus petit d'entre eux parait plus dégourdi que les autres et me répond directement d'une adorable petite voix.
— Anna, rentre dans le placard avec nous, il faut te cacher, ils vont revenir !
Je ne sais pas à qui le gosse fait allusion. Je tente d'en savoir plus.
— Mais de qui parles-tu ? Qui va revenir ?
Là, le plus grand prend la parole.
— Ils ont emmené tout le monde, ils ont tué notre maitresse parce qu'elle ne voulait pas leur obéir... Zac, Jérémy, Timy et moi nous avons réussi à courir et nous échapper puis nous nous sommes cachés dans cette armoire. Il faut rester caché, ils vont revenir, c'est sûr !
Il y a Adam, le plus grand qui ne doit pas avoir plus de dix ou onze ans. Un petit garçon mince aux cheveux châtains et aux yeux d'un vert magnifique. Il est très méfiant avec ce qui vient de se passer et ne me fait pas du tout confiance. C'est bien normal... pauvre gamin !
Il y a également Zac, un petit garçon à la peau très claire et aux cheveux blonds qui lui arrivent au niveau de la nuque. Il ne dit pas un mot et a le regard si vide.
Jérémy, lui, doit être un peu plus âgé que Zac. Il est brun, des yeux noirs profonds, un regard intense et les pommettes de ses petites joues rebondies sont très rouges. Il n'arrête pas de m'observer sans dire un mot.
Et, enfin, il y a Timy, le plus jeune d'entre eux. Un petit bout de chou blondinet qui doit avoir entre six ou sept ans et qui parait très dégourdi pour son âge. Il tient très fortement dans sa main, une petite peluche, un petit ourson marron avec un ruban jaune accroché autour du cou. Ce petit garçon m'adopte tout de suite.
En quelques secondes, j'essaye d'élaborer un plan pour nous sortir de là. J'ai décidé de venir en aide à ces enfants. Nous devons quitter l'école au plus vite.
Après quelques minutes de discussion, je suis désormais responsable de quatre petits garçons aussi effrayés que moi, mais j'ai un plan !
« Écoutez-moi, maintenant nous sommes cinq ! Je ne sais pas ce qui se passe, mais nous allons nous en sortir, je ne vais pas vous abandonner. Les enfants, soyez forts, je vous en supplie ! Nous allons sortir tous ensemble de l'école et aller dans un endroit plus sûr. »
Zac tremble de peur et se met à pleurer.
Je le prends dans mes bras et je poursuis : « Zac, tu dois être fort pour moi... j'ai peur moi aussi, nous avons tous peur, mais nous allons nous en sortir ! Fais-moi confiance ! »
J'ai l'intention d'aller dans le poste de police le plus proche. Selon moi, ça parait tellement logique, là-bas, nous serons forcément en sécurité !
Nous nous tenons tous les cinq par la main, nous sortons de l'école et essayons de nous faire le plus discret possible.
En me fiant à un plan de la ville en piteux état que je rencontre sur mon chemin à terre, nous avons pu rejoindre le commissariat et nous sommes là, debout, à quelques mètres, devant l'édifice qui a subi quelques dégâts mineurs.
Avant de pénétrer dansle bâtiment, je jette un dernier coup d'œil autour de moi au cas où et nousnous engouffrons dès lors, à l'intérieur du poste de police. Je n'ai malheureusementpas encore réalisé que je venais dès cet instant de causer notre perte...
© Tous droits réservés
VOUS LISEZ
Nosfuria Cataclysme
Teen Fiction« Par-delà les nuages, à travers la galaxie et aux confins de l'Univers, ils étaient là... Ils étaient là bien avant nous et ils nous observaient. Nous n'étions pas seuls et ce n'était qu'une question de temps avant que notre tour n'arrive...