9 | ténèbres dans l'horizon.

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Pitié, sauvez-moi

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Pitié, sauvez-moi.

Une main contre le mur, l'autre contre mon flanc, j'avance.

— Tiens, tiens, on dirait que le Maigre a retrouvé la joie de vivre.


Ferme, ferme les yeux.


— Qu'est-ce que vous me voulez !

— Oh rien, juste savoir ce qui te rend aussi heureux.

Respire, expire.

— J'ai pas le droit d'être heureux, moi ?! je crie.

La personne en face de moi fait mine de réfléchir.

— Euh... non. Je ne pense pas, non.

Les autres rient ; je suis encerclé.

— Allez, dis-nous ce qui te rend aussi heureux, dit-il, puis avec une voix menaçante, il ajoute : Qu'on aille lui péter la gueule.


Ne crie pas, ne crie pas. Contente-toi d'avancer jusqu'au parking. 


— Lâchez-moi ! Espèces de gros cons !

— Tiens tiens, tu te rebelles, maintenant ?

— Ah mais j'oubliais, ce n'est pas nous les gros. Le seul gros que je vois ici, c'est toi. Ajoute-t-il avec un sourire rayonnant.

— Et si tu nous disais maintenant ce qu'on veut ?

— Jamais de la vie !


Grince des dents, mords-toi, fais ce que tu veux mais ne crie surtout pas.


— Tu veux un coup de main ?

Je secoue la tête violemment.

— Non. J'ai pas besoin de vous si je veux parler.

— Alors, qu'est-ce que tu attends ? Parle.

Je secoue une deuxième fois la tête en signe de négation.

— Plutôt mourir.

Des ricanements s'élèvent autour de moi. Pour une fois je suis heureux d'être aussi petit.

— Tu vas parler, oui, ou non ? Répondit une voix menaçante.

— Non.

Des murmures.

Parlez entre vous, bande de connards.

Le premier coup me prend par surprise ; j'en ai le souffle coupé.


Pleure pas, pleure pas, ça va aller.


Putain...

— Et maintenant ? Tu parles oui ou merde ?

Tandis que je me tiens le ventre, accroupi, je réponds négativement.

J'entends vaguement quelqu'un souffler "je crois qu'il veut encore qu'on le frappe, cet éléphant."

Je les vois tous acquiescer.


Allez, ce n'est qu'un coup, je vais survivre, c'est pas la fin du monde, quand même.



Je suis allongé sur le sol, mon t-shirt déchiré, mes lèvres en sang et les yeux au beurre noir. Les coups de pieds fusent.

Bordel ... Je vais enfin mourir.



Je crois qu'après, j'ai souri, parce que j'ai cru qu'ils allaient me tuer, alors ça les a mis en rogne. Et ils ont redoublé d'effort.


— Ça te plait, ça ? Je savais que t'étais qu'un putain.

— Eh, les gars, il bouge plus. Je crois qu'il est temps d'y aller, mecs.

— Attendez, un dernier coup et ça y est.



Je crache du sang ; ils m'ont bien eu.

Ma vision se trouble et je pense bien que je n'en ai plus pour longtemps. Heureusement qu'ils m'ont pris juste après la fin des cours, comme ça j'aurai pas à attendre le retour de Ann'.

Un pied, devant l'autre. Merde, c'est tellement difficile.

Allez, plus que cinq mètres.

Une Jeep rouge apparaît dans mon champs de vision. Tiens, on dirait celle de Ann'.

Je lâche ma main du mur car il n'allait pas jusque dans le parking et suis contraint de marcher par mes propres moyens.

Mes muscles me tirent, j'ai tellement mal, bordel. Mes jambes semblent enflammées et mes poumons, on dirait qu'ils sont remplis d'eau.

Je vois Ann' qui sort de sa voiture pour s'adosser contre elle. Il sort une cigarette et l'allume. Et c'est là qu'il me voit.


Il semble d'abord surpris, étonné, puis paniqué.

Il crie quelque chose mais j'entends rien, mes oreilles bourdonnent. Je lui souris et lève ma main inoccupée pour le saluer.

Il regarde à droite et à gauche, avant de courir vers moi.  

J'entends Layl, j'entends qu'est-ce qui t'est arrivé et j'entends une deuxième fois Layl!. Puis je m'entends lui dire :

— Laisse-moi dormir, Ann', juste quelques minutes, je n'en ai pas pour très longtemps.

— Non ! Putain, Layl, reste éveillé !

Et comme pour m'inciter à dormir, les lumières s'éteignent, et je sombre avec elles.



ce que le soleil doit à la nuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant