Je peux faire et dire n'importe quoi, mais j'aime ma mère. J'aime ma mère quand elle se soucie de moi, quand elle m'appelle mon chéri. Quand elle me fait sentir unique tout simplement. Malheureusement c'est rare. Elle est souvent, pour ne pas dire toujours occupée par Salma, ma petite sœur. Et les seules fois où elle se soucie de moi, elle m'appelle chéri, me fait sentir unique c'est uniquement pour faire réagir ma petite sœur.
Ma petite sœur est têtue, très têtue. Parfois, même la menace de la ceinture ne lui fait pas peur; elle devient alors incontrôlable. Elle crie, elle hurle, elle tape et casse. Pourtant elle n'a que huit ans. Un vrai petit diable.
Quand elle est dans cet état-là, je l'observe et sans empathie je me dis qu'elle est folle et sûrement possédée. Je pense alors à l'exorcisme et me demande si ma mère serait d'accord pour le faire. Mais parfois encore, je ressens une peine immense en la voyant pleurer parce que ma mère l'insulte. Parce que je sais ce que ça fait, les insultes. C'est horrible. Il n'y a rien de plus horrible.Je me cache alors dans ma chambre et regarde un point vide devant moi et je me mets à chanter ou à écouter de la musique. Mais les cris de ma sœur sont plus puissants alors ils traversent la barrière musicale et m'éclate littéralement les tympans. Attention, ma mère ne la bat pas dans le sens où elle aura des séquelles toute sa vie, non, juste les petites tapes, qui font extrêmement mal par contre. La personne à blâmer, ça n'est pas ma mère, c'est Salma. Ma mère essaye avant tout la méthode douce mais elle la pousse à chaque fois à bout, ce qui fait que les cris s'élèvent dans la maison. Pas plus tard que ce matin d'ailleurs, elle avait énervé ma mère puis s'est énervée à son tour. Alors elle s'est levée, s'est mise à marcher bruyamment et fait tout tomber sur son passage. C'est là que mon père a intervenu. Le visage déformé par la colère, il se lève d'un bond avant de se mettre à la poursuite de Salma, le pas rapide et décidé -à lui donner la raclée de sa vie.
Mais ma mère se met entre eux deux alors, entre mon père rouge de colère et ma sœur qui crie maintenant de peur et d'une parole réussit à calmer mon père.J'étais juste à côté, moi aussi j'avais peur. J'ai horreur de quand mon père est ainsi. Il me fait vraiment peur.
Ma petite sœur dort dans la même chambre que moi. C'est chiant à force. Dans son sommeil, elle parle parfois. Ou elle pète; mais on n'est pas censé en parler dans un récit alors je me tais. Quand elle dort, elle a toujours cette odeur de bébé, et c'est affreusement craquant.
Parfois aussi je me blottis à côté d'elle, un peu comme ce que je faisais avant avec Ann'. Peut-être que je le fais parce qu'il me manque ? C'est indéniable qu'il me manque; Shams aussi me manque. Ils me manquent tous affreusement. C'est peut-être à lui de s'excuser le premier mais je sais qu'il ne le fera jamais, ou sinon très tard. Et comme on dit, mieux vaut tard que jamais. Mais avec lui c'est différent. Ann' merde et a toujours merdé, comme moi et culpabilise depuis toujours. De quoi? Je ne peux pas le dire, je lui ai promis de ne le répéter à personne. Enfin pour le moment. Tout ce que je peux dire c'est que Ann' lui aussi peut être très con des fois; comme faire des actes qu'il regrettera plus tard. Mais ça va mieux depuis quelque temps, il me l'avait dit par hkype. Je sais que c'est très difficile à croire mais Ann' manque cruellement confiance en soi. C'est pour ça qu'il paraît souvent narcissique; en fait c'est juste un moyen de se rassurer lui-même. C'est pour ça que je ne me vexe presque jamais quand il le fait. Mais parfois, il dépasse les limites et ça je tolère pas. Il est vrai que c'est surtout moi qui merde, vu mon expérience dans la vie des adultes à problèmes (en gros tous les adultes quoi). Mais je pense que pour le moment, je suis bien parti pour en être vacciné, avant même mes quinze ans.
Demain, promis -ou pas-, je parle à Ann'. Il nous le faut, à nous deux. Pour nous deux.
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ce que le soleil doit à la nuit
Teen Fiction« C'est pas que je suis gros, c'est juste qu'il y a plus de moi à aimer. » Layl était encore tout petit quand tout a commencé : il mangeait beaucoup, compensant ainsi le peu d'amis qu'il avait. Mais plus il mangeait et moins les autres enfants voula...