Chapitre dix-sept

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HARRY

Je m'appuie contre le lavabo et me regarde dans le miroir. Les larmes coulent abondamment sur mes joues et je n'arrive pas à les arrêter, même si je sais qu'il n'y a aucune raison à ça. Mais moi aussi j'en avais envie, bordel. Oui, moi aussi j'avais tellement envie de le laisser faire, et c'est ce que j'ai faillit faire pendant un millième de seconde, mais la vision, le flash de Zayn et lui et qui s'embrassent, ça m'a refroidit et j'ai tourné la tête parce que je ne veux pas avoir à faire à ce genre de sentiments. Quel con, quel connard. Non pas moi, lui, après tout, mis à part un comportement quelque peu exécrable, je n'ai rien à me reprocher, hein ? « Harry ? » Je sursaute et je relève la tête quand on cogne à la porte et que j'entend la voix de ma mère. « Oui j'arrive. » Je passe en vitesse un t-shirt par dessus ma tête et j'ouvre la porte. Elle me regarde en fronçant les sourcils. « Tu as pleuré ? » « Oh, euh nan, j'ai.. j'ai eu du shampoing dans l'œil et ça m'a fait mal. Donc. Aïden va bien ? » Elle sourit et acquiesce. « Oui, il dort t'en fais pas. Non, je venais te dire que Louis est partit... enfin, il va revenir mais ton père et lui sont partis chercher des courses pour le souper. » J'acquiesce, qu'il parte ça me fera des vacances de toute façon. Et puis j'en ai rien à foutre de lui, de ce qu'il fait.

Je suis dans le salon avec Aïden, je lui donne le biberon en faisant les cent pas, j'ai appris qu'il aimait bien sentir le mouvement de marche. Le week-end on est obligés de faire un tour en voiture pour le calmer, tellement il pleure. Il s'endort doucement, je regarde ses prunelles bleus, il ressemble vachement à Louis, il a son nez, ses yeux. J'espère qu'il aura mes cheveux en tout cas. J'attend qu'il soit totalement endormi pour m'asseoir sur le sofa et reposer le biberon sur la table basse, je le berce contre moi et sourit en voyant qu'il fait de drôles de grimaces. La porte d'entrée s'ouvre et je ne prend pas la peine de relever le visage pour remarquer qu'il s'agit de mon père et de Louis. « Finalement, on a commandé ! » Je lève les yeux au ciel, ils commandent tellement souvent que je suis sûr que la cuisinière n'a pas été utilisé depuis une bonne semaine. J'entend ma mère râler quelques minutes, mais ça aussi c'est habituel. Et puis je sens quelqu'un qui se met à mes côtés. C'est Louis. Il passe sa main dans le bas de mon dos et je me crispe, j'ai horreur qu'il soit aussi proche de moi. « J'ai un cadeau pour toi. » « Donne le moi dans ce cas. » Il se met à rire et se penche sur Aïden pour prendre sa main. « Nan nan, c'est pas quelque chose qu'on donne. Tu verras demain. » Je relève mon regard dans le sien et je vois qu'il a l'air satisfait. De quoi, j'en sais rien, mais il a l'air satisfait. « Ok. » Il inspire et me lance un sourire. Je tente de ne pas lui répondre et tourne les yeux sur mon fils. « Harry, je t'en prie... » Je secoue la tête et il vient m'embrasser la joue. « Je t'aime. » Mon cœur bat difficilement et je me relève en faisant attention de ne pas réveiller le petit. « Je vais le mettre dans le berceau avant que- » Il se lève et me le prend doucement des bras. « Laisse moi faire, s'il te plaît. » J'embrasse Aïden plusieurs fois sur son front, ses joues, et je laisse Louis monter dans la chambre avant d'aller dans la cuisine. « Ça va mon ange ? Tu as l'air crevé... » « Oh, c'est pas moi le plus à plaindre. Louis ne dort pratiquement pas. » Mon père se met à rire. « En même temps si tu arrêtais de prendre Aïden dans le lit toutes les nuits... » Je lève les yeux au ciel. « C'est mon fils papa. » « Et ton petit ami, aussi. » Je m'apprêtais à dire non, mais j'ai bien fait de me taire. « Voilà, il dort profondément là je pense. On peut passer à table. » Louis vient ébouriffer mes cheveux avant de m'embrasser la joue mais une fois que je croise son regard, il comprend que je déteste ça. Il ne dit rien et aide ma mère à mettre le couvert. Louis est courageux. Je sais qu'il m'aime et qu'il regrette, mais il a fait le geste qu'il n'aurait jamais dû faire. Mais évidemment, je sais qu'il m'aime, parce qu'il pourrait partir et me demander de lui donner son fils les week-end ou quoi, mais non, il reste, et quitte à être mort de fatigue, quitte à supporter les crises du petit en pleine nuit, quitte à s'endormir sur les bancs de l'école, il reste. Il reste et il arrive encore à sourire et à faire tout ce dont j'ai besoin. Louis est un bon père, il se lève la nuit alors qu'il a déjà un nombre d'heure de sommeil limité. Il n'hésite pas à sortir la voiture à 3h du matin pour aller faire un tour avec Aïden parce qu'il pleure trop. Il peut passer des heures à marcher dans le salon pour le calmer ou l'endormir. Et après, il s'endort. Louis est courageux et je ne pensais pas qu'il serait comme ça, alors parfois je me dis que je suis un peu dur et j'ai envie d'aller vers lui, vraiment ! Mais il suffit que je regarde ses lèvres pour me dire que l'autre connard les a touché, et là c'est un ascenseur émotif, parce que je le déteste à nouveau. Et je sais que je l'aime moi aussi, je sais que je tiens à lui et que j'ai besoin de lui, mais c'est plus fort que moi... Je ressens le besoin d'être indifférent avec lui. Et si je joue la carte de l'indifférence, c'est parce que c'est encore pire que la méchanceté.


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