Chapitre 2

102 11 13
                                    

A écouter avec : Silhouettes d'Of Monsters and Mean


 La pluie n'a cessé de tomber dans la journée. Je regarde à travers la fenêtre de ma chambre la rue déserte. Il n'y a plus personne qui traverse Sloane Avenue.

 J'habite à Londres, dans la quatrième maison à gauche de Sloane Avenue. Ici, il ne fait que de pleuvoir et c'est déprimant. Moi, même je suis en pleine déprime. Je ne le souhaite à personne. On ne fait que de manger des chips sur un fauteuil dans le salon ou dans sa chambre et à regarder des films d'amour ou Winnie l'ourson.

 Mais moi, c'est différent, ce n'est pas à cause d'une rupture ou d'un râteau amoureux, mais, parce que je suis ..., je n'arrive pas à prononcer ce mot, c'est si irréel. Je suis orpheline.

 J'habite maintenant seule ici à regarder les vieilles cassettes filmées par Papa. Je les aies retrouvées sous un tas de poussière dans le grenier. Le magnétoscope était posé à côté. Il m'a fallu plus d'une heure à le brancher sur la télévision. Au début, il y avait un grand écran noir puis l'image de Maman est apparue. Elle était jolie, un peu plus grande que Papa, avec des cheveux chatains qui lui tombaient au niveau des épaules. Elle était maîtresse dans une école primaire. Maman portait Harry dans ses bras. Il devait avoir deux ans. Il était adorable avec sa mèche blonde collé à son front. Puis, il y a Melinda. J'inspire un grand coup. Elle pose comme une mannequin. Elle avait onze ans. Puis, me voilà. Thea. J'avais six ans. Je portais une petite salopette rose bonbon. Ensuite, il y a un gros plan sur la porte d'entrée.

  Le film est fini. Il n'y a plus de chips au bacon dans le paquet posé sur mes genoux. Je me lève difficilement. J'ai besoin de prendre l'air.

  C'est à ce moment précis que je m'aperçois que j'ai pleuré. Je me regarde dans le miroir de l'entrée. J'ai les yeux rouges comme un lapin albinos, mes cheveux sont gras et je suis blanche comme un vampire.

  En gros, j'ai une tête à jouer dans des films d'horreur. C'est Harry qui voulait en voir mais il était trop jeune pour Papa et Maman.

 Je traîne les pieds jusqu'à la salle de bains. L'eau devient tour à tour gelée/brulante, brulante/gelée pendant plus de trente minutes. Quand je sors de la douche, tout me revient à la surface et je me sens plus mal qu'avant. J'aimerais tellement revenir à ce moment parfait. Trente minutes de rien, de vide mais surtout de bonheur.

  Ce n'est pas le seul petit film que j'ai vu mais une quinzaine. Ils m'ont tous faits pleuré.

  Avant, je n'étais pas comme cela. Je détestais les gens sensibles, je les trouvais faibles. J'avais même un peu honte si c'était une de mes amies qui pleurait. Souvent, c'était pour des raisons qui n'en valaient pas la peine selon moi.

  Mais je suis loin d'être la Thea d'avant, sûre d'elle, qui avait plusieurs fous rires dans la même journée, qui ne se laissait pas marcher sur les pieds...

 Où est passée cette fille-là ?

 J'ai besoin de prendre l'air.

 Dehors, le vent souffle fort et il continue de pleuvoir. Maman m'aurait dit de mettre ma veste sur mon débardeur. Elle n'aurait pas voulu que je sorte comme cela. J'aurais pu attraper un bon rhume ou une grippe... J'aurais poussé un gros soupir et j'aurais mis ma veste en jean trouée à contre-cœur.

 Cette bonne vieille veste usée...

 Maman voulait m'en acheter une neuve mais c'était celle là et pas une autre que je voulais.

 Je plonge mes deux mains dans les poches et j'y trouve le petit papier. Le dernier. Le dernier que ma mère m'a écrit avant... C'est écrit :

 "On n'y est pas longtemps. Y'a du poulet dans le frigo."

 Si seulement, je n'étais pas aller faire ma crise de jalousie dans ma chambre, de m'être comporté comme une gamine, si j'étais restée... J'aurais pu leur dire qu'un camion arrivait alors que papa doublait une voiture ou alors, je serais morte avec eux... On serait tous ensemble pour toujours alors que moi je dois rester toute seule avec mes regrets terribles... Je serais pas là avec un papier ridicule et à pleurer dessus comme une fille larguée par son petit ami.

 Je marche jusqu'à la rue voisine, jusqu'à "notre" banc. C'est un banc moisi devenu noir. Avant, il était blanc. Melinda y écrivait tous les prénoms de ses "girl friend" puis les barrait au fur et à mesure. Harry gravait avec un compas plein de petits animaux bizarres. Moi, j'y écoutais de la musique avec mon MP3. Après, personne n'est revenu ici : Melinda avait un journal intime, Harry a grandi et moi, j'ai commencé mes cours de natation.

  Maintenant, c'est un vieux banc pourri où personne n'y vient.

 Une larme vient de tomber par terre.

 Je ne serai qu'une faible qui ne sera plus qu'une faible.


§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§

MERCI d'avoir lu le deuxième chapitre de Bleu Sanguin <3<3<3<3<3<3<3<3

Dites moi ce que vous en pensez, commentez, votez ?!  ;)

Je serai un peu longue à mettre les chapitres suivants, donc désolé d'avance...

Bleu SanguinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant